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Retour en force du pouvoir patriarcal dans sa version la plus violente
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Essai. Août 2017 . AM Chartier)
Nous vivons un profond recul culturel et politique à travers les attaques qui sont portées actuellement contre les droits des femmes dans le monde, et en Occident, par des groupes ou organisations qui agissent à visage découvert.
La mise en cause permanente des droits des femmes n’a rien de nouveau. L’extrême droite, les groupes néo-nazis, les Etats et organisations porteurs de l’intégrisme islamique sous toutes ses formes (même si les Etats qui le portent s’opposent entre eux), des pans entiers des diverses églises, les mouvements qui mettent en cause le droit à l’avortement et l’homosexualité, « La manif pour tous »…etc
Mais elle a pris un virage terrifiant avec l’arrivée de « L’Etat islamique », (EI) version édulcorée d’un califat au service exclusif du pouvoir violent des hommes, au nom de dieu. Cet aspect des choses est édulcoré. Nous ne cherchons pas ici les actes politiques irresponsables qui ont conduit à cette création de l’EI. Nous constatons.
Nous remarquons que l’EI est combattu hypocritement, au nom de la lutte contre le terrorisme, par des Etats qui préconisent les mêmes idées que lui (Arabien Saoudite, Iran), à des nuances près, y compris par le nouveau Président des USA (proche du Ku klux kan), qui n’est rien d’autre que l’expression déguisée de l’extrême droite, dans sa plus grande vulgarité vis-à-vis des femmes, sous couvert de confusions, de sottises, de contradictions…
On nous trompe en agitant un terrorisme qui serait d’obédience religieuse, comme sont trompés une partie de ceux qui le pratiquent.
C’est le désir de dictature qui sommeille au coeur de la brutale société marchande, qui s’exprime ainsi de façon brouillée, soit parce « qu’en bas » de la société on ne parvient plus à vivre normalement, soit parce « qu’en haut » une partie de l’oligarchie veut éliminer toute contestation. Rien à voir, dira-t-on. Faux. La dictature et l’autodestruction sont les deux versants d’une même réalité.
Les jeunes et moins jeunes délinquants, en révolte contre tout et contre eux-mêmes (leur échec dans tous les domaines), sont travaillés au corps par des organisations secrètes pour partir au jihad au Moyen Orient, ou simplement tuer, en vue de se faire tuer pour être enfin valorisés. Ils constituent le bras armé de ceux qui veulent ouvertement la dictature en commençant par l’état de siège permanent ou son équivalent….
Ils colportent une vision du monde dite anti-occidentale, où la femme est une servante, ou une putain, ou pire une esclave sexuelle, et où les homosexuels doivent être châtrés.. C’est l’aboutissement extrême des mouvements évoqués en tête de cette réflexion.
Nous n’y avons pas pris garde. La reproduction de l’espèce humaine et la procréation, sont d’une part encore très largement gouvernées en Occident par la morale sociale et religieuse, et d’autre part par des impératifs économiques :
a)La liberté est presque totale pour les mouvements anti-IVG, bien que l’on fasse semblant de célébrer Simone Veil en France (paix sociale oblige pour l’instant…) ; les entraves sont constantes au droit à l’avortement par des médecins dans les hôpitaux. Hors de l’Occident l’interdiction du droit à l’avortement prévaut dans de très nombreux pays, les droits à la contraception sont plus que réduits ou interdits dans le monde, les homosexuels sont pourchassés, comme les chanteurs célébrant la liberté de l’amour. Les pays dits démocratiques en Occident flirtent à qui mieux mieux avec les Etats où les femmes libres et les homosexuels sont poursuivis ou simplement assassinés (Russie, Arabie….).
b)Les impératifs économiques interviennent dans la procréation.En effet la fécondité ne doit pas s’abaisser dans les nations dominantes ; il faut des bras pour faire la guerre et pour alimenter des réserves de main d’œuvre. Les femmes doivent faire des enfants. L’amour ne doit pas être détourné de son objectif principal « faire des enfants ».
Toutes les sociétés reposent sur ces impératifs, de façon différente, sous des formes variées, et cachées. Il s’agit dans tous les cas de contraindre la femme à être ce qu’elle ne veut pas être, et de contraindre l’amour à n’entrer que dans perspective de la procréation.
REPRENONS QUELQUES POINTS :
L’affirmation ci-dessus a toujours existé, avec plus ou moins de force, elle est en train de se renforcer. Elle est le symptôme de la force que possède toujours le pouvoir patriarcal, lequel est inscrit de façon rampante dans les rapports humains des sociétés traditionnelles, de la société capitaliste occidentale, et des sociétés dominées par des rapports capitalistes dans toute leur violence. En fait dans toutes les sociétés ou presque.
L’inégalité en général, et entre les hommes et les femmes, avec en plus une exploitation différenciée selon les sexes, sont utiles au système. Et ceci même si l’on peut souligner les progrès importants obtenus temporairement sur la question de l’égalité en Occident.
Le patriarcat traverse l’histoire humaine, il n’est autre que le pouvoir masculin sur les femmes. Les sociétés dites modernes l’ont préservé à des degrés très divers et sous des formes camouflées
La pire représentation du patriarcat se trouve être aujourd’hui dans les Républiques islamiques qui se sont fabriqué une religion d’Etat machiste en caricaturant l’islam. Egalement dans les sociétés dominées par l’hindouisme (Inde par ex…).
L’idéologie patriarcale peut être partagée aussi bien par les hommes que par les femmes. Elle consiste à honorer et justifier le pouvoir des hommes sur les femmes, pour des raisons dites biologiques. C’est-à-dire le machisme, comme système de pensée et de pouvoir. A l’inverse, une partie des hommes honnissent ce système et épousent la cause des femmes.
Une curiosité de notre drôle d’époque veut qu’en France la « féministe » Houria Bouteldja qui prétend défendre la cause des opprimés, en appelle à l’allégeance de ces derniers à leur « race » contre les « blancs », c’est-à-dire à la culture machiste anti-occidentale des républiques islamiques. C’est un signe des temps.
LES DROITS DES FEMMES EN OCCIDENT, DROITS FRAGILES
Si dans les sociétés occidentales, les femmes semblent avoir acquis bien des droits, entre autres le droit d’échapper à la tutelle des hommes (père ou mari) depuis 50 ans environ, il n’en demeure pas moins que ces droits sont extrêmement fragiles, et peuvent être mis en question d’un jour à l’autre, avec la croissance de la violence, de l’oppression, des signes de dictature évidents dans la mise en cause journalière de la démocratie. Les groupes intégristes religieux dans la société occidentale, le sexisme, le rejet de la femme dans son rôle traditionnel, qui semblaient pourtant avoir peu de visibilité de la fin des années 60 jusqu’à la fin du 20ème siècle, sont en train de renaître avec une force imprévue, même si les femmes jeunes ne vont pas s’en laisser compter. Les violences réelles ou voilées faites aux femmes, leur maintien dans un statut et un salaire inférieur (sous couvert des lois sur la parité), croissent dans les mêmes proportions que croissent le racisme et les discriminations. La société occidentale est aujourd’hui dans une phase de régression sur ces questions, qui se traduit par la montée du populisme d’extrême droite en Europe et aux USA avec l’élection de Trump !
Le Monde du 28 juillet rappelle dans « l’été des livres », le roman d’anticipation « La Servante écarlate » de Margaret Atwood écrit en 1985. Celle-ci y décrit une théocratie totalitaire où les femmes ont été interdites de lire, de travailler, d’aimer qui bon leur semble… Les seules femmes jugées fécondes appartiennent aux dirigeants et sont violées une fois par mois… etc
L’auteur nous dit aujourd’hui, dans une postface à une réédition, que des signes indiquent que l’évolution politique pourrait reprendre le contrôle des femmes, dont celui de leur corps et de leurs fonctions reproductrices. Et elle envoie un message : «Ne prenez pour acquis aucune des avancées réalisées »
DROIT A L’AVORTEMENT, HOMOPHOBIE, VIOL….
Le signe le plus évident de ceci se focalise aujourd’hui essentiellement sur les questions de l’homophobie et du « droit à l’avortement », dans le cadre d’une indignation religieuse feinte ou réelle. La « Manif pour tous » qui a mobilisé des milliers de gens, il y a plus de 3 ans, nous a parfaitement renseignés sur la première question. Ce sont les mêmes qui veulent revenir en arrière sur le droit à l’avortement. La contestation de ce droit exprime le fait que la femme est loin d’avoir conquis de façon définitive, aux yeux de tous, le droit à la libre disposition de son corps, c’est-à-dire le droit le plus élémentaire d’avoir ou de ne pas avoir d’enfant. Ce corps, sous couvert d’appartenir à Dieu ( !), doit en fait appartenir à l’homme, mais sans que cela soit dit dans ces termes. Dieu a bon dos de se substituer à l’homme. Cela va très loin puisque même la femme violée n’aurait pas le droit de demander l’avortement dans la vision patriarcale religieuse, ou même non religieuse.
Cela se vérifie dans le fait que tous les gouvernements, quels qu’ils soient, malgré les droits souvent inscrits dans les Constitutions, cachent l’utilisation du viol comme arme de guerre, dans toutes les guerres, ou y poussent, sans que cela soit écrit bien sûr… Les armées se taisent à ce sujet, et les gouvernements couvrent les armées. Il faut qu’il y ait des scandales pour que des poursuites soient envisagées.
L’importance du viol systématique dans toutes les guerres coloniales, dans les grandes guerres, dans la guerre en Yougoslavie, dans les guerres que les dictateurs de tout poil mènent contre leur peuple, dans les guerres actuelles en Syrie, au Moyen orient, en Afrique…, et au Vénézuela !. Cette importance est telle, qu’elle préfigure les dictatures à venir, dont nous n’avons même pas idée…
Ceci signifie que le passage au despotisme peut balayer d’un seul coup tout ce que les femmes croyaient avoir acquis.
Cette seule question du viol indique une continuité déguisée de l’idéologie patriarcale, sous diverses variantes, au sein des sociétés occidentales dites modernes. Ne parlons pas des autres.
C’est Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon, qui disait en juillet 2017 qu’il avait accédé à la politique en comprenant que les femmes et les homosexuels avaient un ennemi commun, le patriarcat, expression de la violence et de l’oppression sur la question essentielle du droit d’aimer qui l’on veut, sans en rendre compte à personne.
Dans ces circonstances, ne regarder le monde seulement qu’avec les lunettes de la lutte des classes, c’est s’interdire de prendre en considération cette question première, avant même celle de l’exploitation, c’est à dire celle de l’inégalité entre l’homme et la femme, depuis tous temps. Laquelle perdure et se développe avec une ténacité fantastique, y compris chez les militants politiques de gauche et d’extrême gauche, malgré les efforts certains de quelques groupes pour surmonter cette inégalité.
PENSER « UNE FEMME LIBRE »…..
Mais prôner l’égalité des sexes ne suffit pas. On ne saurait vouloir une autre société sans réfléchir jusqu’au bout à ce que signifie « penser la femme comme une personne libre », qui peut choisir d’aimer qui elle veut, vivre comme elle l’entend, choisir ou non la maternité en toute connaissance de cause. Ne pas y réfléchir, c’est refuser de ce fait, à l’humanité, l’accès à une autre conception des relations sexuelles et de l’amour, dégagée des rapports économiques et de pouvoirs. Car l’existence de femmes libres, au sens éthique le plus élevé, implique une conception nouvelle de ces relations. A toutes les époques, la littérature est remplie de tragédies sur cette question précise.
De ce point de vue, la contraception et les recherches dans ce domaine, ainsi que la liberté d’avoir recours à l’avortement ont constitué un tournant historique non seulement à mettre au compte des libertés démocratiques, mais dans le fait d’oser concevoir un monde où les humains auraient la pleine maîtrise de leur propre reproduction, et rompraient avec les diktats selon lesquels les hommes et les femmes auraient le devoir de s’accoupler pour faire des enfants , et ne pourraient contourner l’accouplement pour s’aimer.
Rompre le c’est rompre avec des règles religieuses, sociales, économiques. C’est rompre avec le formatage conforme avec la dictature du monde des hommes sur celui des femmes.
Delphine Horvilleur, rabbin dans le mouvement juif libéral, a produit un très beau texte sur Simone Weil : « C’est par elle, écrit-elle, que nous avons appris à être libres de choisir les temps de notre vie, par-delà les assignations biologiques, ou les injonctions à la maternité. Plus que le droit de concevoir ou pas, elle nous invitait à penser la possibilité de nous concevoir autrement, de nous tenir là où aucune femme ne s’était tenue avant nous……… Elle nous invitait à le faire sans renier notre féminité, « sans contrainte de s’adapter au modèle masculin », sans le singer pour s’y fondre …. »
Ce texte extrêmement beau mérite d’être médité sérieusement.
Penser que le devenir de la femme n’est pas obligatoirement lié à la maternité, c’est accéder à une autre conception de l’existence et du monde.
Les hommes et les femmes ne devraient s’accoupler que pour le plaisir de la relation sexuelle et amoureuse dans le respect mutuel. Ils ne devraient nullement être contraints par le mariage ou la relation à deux, à s’accoupler par devoir, pour faire plaisir à l’autre sans plaisir pour soi-même. Cela signifie le rejet « du devoir conjugal ». La société en général en est très loin
Cela suppose que la femme puisse acquérir le droit, dans tous les pays, de vivre seule ou en couple. D’avoir des enfants ou non. De refuser de procréer si elle le veut. De refuser de s’accoupler si tel est son vœu. Ou s’accoupler seulement pour la plaisir de la relation sexuelle. Ou par amour. Pour cela la femme doit avoir un revenu, donc un travail, des droits sociaux, et une autonomie juridique totale. Elle ne doit pas dépendre d’un homme sur le plan économique.
La plupart des hommes, quels qu’ils soient, sont terrifiés par cette idée, qui met en cause, selon eux, leur pouvoir, leurs privilèges, leur supériorité, leur conception de la famille, leur conception de la femme à la fois comme génitrice et « repos du guerrier », très accessoirement comme amante.
Mais d’autres hommes y voient par contre l’avènement de relations auxquelles ils aspirent sans pouvoir leur donner forme, et souvent sans oser faire le pas vers les femmes qui y aspirent elles-mêmes.
Cette vision des choses, dans les quartiers dominés par le machisme islamique en Occident, et dans les quartiers populaires des Républiques islamiques, est qualifiée laconiquement par une insulte : les femmes sont des « putes ». Ce qui signifie que les hommes peuvent en user et en abuser pour satisfaire des besoins sexuels ressentis trivialement comme par exemple des besoins urgents d’uriner.
UNE TRADITION HISTORIQUE D’ ASSUJETTISSEMENT.
Cette peur des femmes, si elle semble être l’apanage aujourd’hui d’une pensée islamique majoritaire, a été partagée dans l’histoire par toutes les sociétés pendant des décennies, par toutes les religions, avant que les femmes ne se rebellent les premières dans les sociétés occidentales.
Un exemple intéressant est celui de Thomas More, auteur anglais de UTOPIA, vu comme le précurseur du communisme, qui définit un régime démocratique où les hommes continuent d’exercer leur domination sur les femmes, et où les esclaves (prisonniers de guerre, étrangers coupables de crimes…) exécutent les pires tâches (modèle dans la démocratie athénienne), moyennant quoi tout homme ne pourrait travailler que 6h par jour pour se nourrir et nourrir sa famille.
C’est l’église, toutes les églises, qui font de l’acte sexuel masculin une obligation pour les femmes, dans le mariage, pas seulement pour des motifs de reproduction mais pour éviter l’adultère de l’homme. Autrement dit les églises ont toutes préconisé le « droit de cuissage » à domicile. Mais en même temps les églises regardent de façon très suspecte le plaisir des époux s’il existe. Contrainte des femmes et des hommes mais en faveur de l’homme. Il est exclu que la femme ait elle-même des besoins sexuels, et si par hasard l’église tolère qu’elle en ait, ces besoins sont confondus avec ceux de la reproduction. . Cette idéologie est masculine, elle est conçue par la religion pour le compte des hommes et des bigotes.
Les femmes sont vues encore, dans cette idéologie d’église, avant tout comme simples « matrices », et des mères. Le complément de cette façon de voir les choses, veut que les femmes en colère ne définissent les hommes que par leurs « bites ».
Par extension de ce qui précède, l’église a fabriqué pour le compte des hommes l’idée que la libido des femmes est liée à la maternité et s’éteint dès qu’elles cessent d’être mères. La femme est condamnée à ne plus avoir de besoins sexuels à la ménopause, c’est-à-dire au moment où elle ne peut plus « reproduire »…. !!! Ce raisonnement en boucle qui sert à expliquer que l’homme doit nécessairement « aller voir ailleurs », ou qui assujettit la femme au devoir sexuel, sans en éprouver du plaisir, sert à l’inférioriser.
C’est un grand formatage silencieux dont il n’est pas de bon ton de discuter.
Ces siècles de soumission sont si prégnants qu’au moment de la révolution française, après quelques années d’hésitations, le refus de l’égalité de l’homme et de la femme est enregistré …
Un autre exemple qui a à voir avec l’église après la révolution française : l’archevêque de Paris en 1830 refuse de faire exécuter le Requiem de Cherubini dans la cathédrale car il a été composé avec des voix de femmes. L’Iran est à peu près dans cette position aujourd’hui, moins de 2 siècles après.
De même le refus des propositions de libération de la femme d’Alexandra Kolontaï (par ex l’union libre) après Octobre 1917 en URSS, a été clairement exprimé (elle est envoyée comme ambassadrice loin de son pays ..°).
Mais, parce que tout est possible, Vivaldi, au 17ème siècle, faisait chanter les femmes et composait des œuvres où le chant de la femme était prééminent.
Cet interdit des voix de femmes dans le chant avait abouti à l’existence des castrats.
Le dernier castrat Alessandro Moreschi meurt en 1922. Les castrats disparaissent au 20ème siècle ! …
Mais bien avant tout cela, la tradition de l’excision, en Afrique et dans certains pays d’Asie ; maintenue de façon perverse grâce aussi aux femmes, est bien l’expression de l’interdit du plaisir sexuel pour les femmes, et l’autorisation de la violence sexuelle pour les hommes. Le tout intériorisé par les femmes comme une nécessité. Rien ne dit mieux que cette pratique, à quel point les femmes ne sont faites, dans la tradition, que pour la procréation, laquelle doit être douloureuse ; comme le dit la bible « Tu enfanteras dans la douleur » dit Jéhovah à Eve parce qu’elle a péché. Et en quoi a-t-elle péché ? C’est intéressant de le rappeler ! Parce qu’elle avait, soudoyée par le diable, osé manger la pomme de l’arbre de la connaissance. L’ignorance est donc sa condition, pour qu’elle puisse rester au paradis, selon la genèse; tandis que le savoir lui est soufflé par le diable !
On comprend pourquoi les femmes ne peuvent être que des « putes », avec une connotation de mépris hostile, si elles veulent être instruites, et vivre comme bon leur semble.
LA DICTATURE S’ EMPARE OUVERTEMENT L’ ASSUJETTISSEMENT DE LA FEMME ET EN A BESOIN.
Dans toutes les dictatures, qu’elles soient staliniennes, kadhafistes, chilienne avec Pinochet, ou sud- américaines à l’époque des fascismes, ou islamiques, la femme y a un statut inférieur. Elle est, de droit ou de fait, sans protection. Elle n’est qu’un objet sexuel soumis à la reproduction selon le désir des hommes.
Il est à remarquer que nos dits régimes démocratiques flirtent bien sûr à qui mieux mieux avec ces pays, vendant par exemple des armes à l’Arabie, à l’Egypte, achetant du pétrole à l’Ouzbékistan, au Nigéria, des diamants à la RDC… etc etc, tandis que l’homme d’affaires français Bolloré sévit dans toute l’Afrique de l’Ouest avec les régimes les plus véreux. Et se fait sûrement offrir des femmes dans les grands hommes réservés, comme tous les hommes d’affaires. Qu’à cela ne tienne, cela rapporte…
Le lien entre l’assujettissement des femmes et la dictature est une évidence.
La dictature s’approprie le patriarcat et produit la prostitution
L’image inversée d’une conception nouvelle et libérée des rapports hommes/femmes, à peine ébauchée en Occident, est celle que nous présente les Républiques islamiques dans tous les témoignages recueillis, par exemple anonymement en 2012 en Iran auprès des femmes elles-mêmes (par ex « Les putes voilées n’iront jamais au Paradis » de Chahdortt Djavann), lesquelles n’ont d’ailleurs pas survécu. Qu’est-ce à dire ? A part dans quelques milieux évolués d’intellectuels, d’artistes, ayant des revenus, les femmes n’ont aucune indépendance économique et financière en Iran, elles dépendent, même si elles travaillent, de leur famille ou de leur mari. C’est une réalité d’aujourd’hui. Les femmes ne peuvent divorcer, elles ne peuvent vivre seules, et si elles le tentent, elles sont traitées de « putes », sous-entendue « si tu ne veux pas être une femme traditionnelle dont le rôle est de te soumettre à l’homme et de faire des enfants, tu ne peux être qu’une pute ». Aucune aide n’est prévue pour les femmes demeurées seules après un divorce ou un deuil, même si elles ont des enfants. Elles doivent se remarier, ou tenter de vivre dans la misère. Une femme qui mendie est par définition « une pute » et traitée comme telle. Une femme qui fuit, une jeune femme qui fugue, sont traitées comme des « putes » et n’ont aucune chance de pouvoir vivre nulle part dignement. Finalement elles n’ont comme choix que de devenir réellement prostituées pour être relativement protégées par leur « employeur » et disposer d’un revenu. L’Iran jette finalement les femmes dans la prostitution.
Cette situation est également décrite par Amnesty International dans son rapport de 2016-2017 en Iran. Précisons par rapport à ce qui précède que les femmes n’ont pas droit librement aux moyens contraceptifs. Elles sont par contre condamnées à des coups de fouet, ou à la lapidation, par le droit pénal si elles ont des relations illicites contraires à la chasteté. Idem pour l’homme qui justifierait de telles relations.
Le guide Khamenei a fait valoir, il y a peu, le bien fondé du mariage précoce, le respect du rôle traditionnel de la femme, les grossesses répétées, comme étant un moyen de diminuer les divorces.
On ne trouve pas dans le code pénal iranien la notion d’infraction pour violences sexuelles.
D’autres textes (romans ou articles) décrivent l’accroissement des fugues des jeunes filles ulcérées par les privilèges accordées aux hommes dans leur famille, lesquelles tombent dans la prostitution, parce que 43% des femmes de 15 à 20 ans sont au chômage. La prostitution aurait fait un bond et 250 bordels clandestins et tolérés existeraient à Téhéran.
Il est signalé également le nombre des ventes de femmes à l’Arabie et dans le Golfe. Un film israélien, pas si vieux, faisait état des prostituées vendues par des arabes aux juifs haut placés pour être mises dans des bordels…
Finalement les pays les plus rigides en matière de mœurs sont en apparence paradoxalement des fabriques de prostituées, pour le plus grand « bonheur » de la caste dirigeante, dont la demande en « femmes esclaves » est insatiable. Le comportement de cette caste dirigeante est imité par la plus grande partie des hommes du pays, et soutenu par la plupart des femmes installées dans un relatif confort, parce qu’elles ont peur. Ce comportement est un modèle « moral », religieux, dans le cadre des républiques islamiques, auquel les mollahs renvoient commodément, dans une religion qu’ils ont façonnée pour justifier leur pouvoir.
LA FEMME REBELLE
L’histoire et la situation sociale dans laquelle la femme a été maintenue en ont fait une rebelle, c’est la pire des contestatrices. Elle n’a rien à perdre et tout à gagner. La femme rebelle proclame l’amour, l’union libre et la démocratie. Cette femme sème le doute dans l’esprit de l’homme. Le doute est l’ennemi du pouvoir sans partage.
Cette qualité historique de la femme n’a rien à voir avec ses qualités morales. Celles-ci peuvent être aussi détestables que celles attribuées à des hommes qui profitent de leur pouvoir pour soumettre. Evitons cette confusion, par contre seules les femmes peuvent concevoir jusqu’au bout la rupture d’avec les postulats précédents.
La liberté pour les femmes, c’est la liberté de l’amour, c’est l’amour rendu possible.
L’amour est subversif par nature, parce qu’il passe par-dessus tous les formatages. Il casse toutes les relations sociales utiles à la famille traditionnelle et au système.
De façon cruelle le russe Zamiatine Evgueni rallié aux bolchéviques écrit une contre-utopie en 1920 : « NOUS ». Il y fustige la croyance au progrès, le scientisme dans un pamphlet où «L’Etat unitaire » dirigé par un « Bienfaiteur », mathématise l’existence et n’accorde que «quelques heures privatives » à une sexualité strictement encadrée. Celle-ci devient vite un foyer de résistance possible à la robotisation, à l’homme machine, à l’homme nouveau, à «l’avenir radieux ». Zamiatine fait de l’amour l’instrument de la subversion.
La liberté pour les homosexuels est du même ordre. C’est une célébration de l‘amour en dehors de la procréation, ce qui constitue un crime pour toutes les églises et toutes les dictatures.
Cependant la pire perfidie, du point de vue masculin, consiste à faire des femmes des adeptes du pouvoir absolu des hommes, en faisant un tout idéologique entre la sexualité, le plaisir sexuel, l’amour, la maternité.
Les femmes peuvent même se transformer en de redoutables policières au service de ce postulat : les bonnes sœurs, les grenouilles de bénitier, les femmes de pouvoir qui se prennent pour des hommes, les militantes asexuées, …
Mais les femmes peuvent aussi lutter pour leurs droits. Par exemple en Argentine un collectif de femmes « NI UNA MENOS » lutte aujourd’hui contre les violences faites aux femmes et rappelle que les femmes argentines sont les fers de lance du mouvement féministe international et de la démocratie. En 2015, des femmes ont été assassinées après avoir été sauvagement violées. 300 000 femmes descendent dans la rue le 3 juin 2015. 322 assassinats de femmes féministes avaient lieu en 2016. L’avortement est toujours pénalisé dans ce pays où l’église est toute puissante. (Le Monde du 11-3-17)
Le féminisme conçu comme la confusion des sexes… ?
La discussion mal menée sur la question de savoir si une femme naît femme ou si elle devient femme, par des féministes excédées n’a que peu d’intérêt actuellement. Elle eût un intérêt ans l’après seconde guerre mondiale. Elle entrave la compréhension. La différence entre les sexes n’est ni seulement une différence biologique, ni une différence établie socialement.
La tradition veut voir une complémentarité entre l’homme et la femme, mais malheureusement cela renvoie à des rôles traditionnels que nous récusons.
A part les cas où le genre n’est pas déterminé, une femme naît femme biologiquement et psychologiquement aussi. Mais être femme ne signifie pas être déterminée ou programmée à procréer, à être soumise à un homme, à être confinée dans les cuisines et le ménage.
Etre une femme libre ne signifie pas non plus, être un homme, se comporter comme un homme, faire la même chose qu’un homme, mais qu’est-ce que cela veut dire ?!
. Les femmes peuvent faire exactement la même chose qu’un homme à tous les niveaux. Les femmes peuvent être soutiens de famille, elles peuvent conduire des camions, monter sur des échelles, faire de travaux de force, utiliser des machines.. Si elles le veulent, tout est possible. Il y a des femmes qui le veulent.
Les rôles distincts ont été déterminés historiquement à l’aide de deux critères essentiels: faire la guerre, faire des enfants.
Les hommes ne peuvent faire des enfants, mais ils peuvent élever des enfants comme une femme.
Les femmes peuvent faire la guerre, toutes les guérillas en ont fait la démonstration. Mais les femmes ne souhaitent pas faire la guerre, et ne souhaitent pas voir les hommes partir à la guerre. Ce sont les puissants qui ont désigné les hommes pour exécuter ce genre de tâche, et les ont convaincus, à travers les millénaires, qu’on devient un homme quand on sait se battre et tuer. C’est un formatage à récuser.
La question n’est pas que la femme soit comme un homme, et inversement. Si le mot féminité a un sens, il faut le définir autrement que d’une façon traditionnelle en vue de soumettre la femme. De la même façon, un homme viril n’est pas un machiste obligé.
L’attirance des sexes repose bien sur quelque chose de plus que la différence biologique, si les humains ont acquis la parole et la culture à la différence des animaux. Alors de quoi s’agit-il ?
Ce n’est pas non plus la douceur, la tendresse qui fait la femme, pas plus que la force, le caractère protecteur ne définit l’homme. L’homme doux a autant de charme qu’une femme douce.
Finalement de quoi s’agit-il ? Ce qui caractérise les femmes libres aujourd’hui, c’est leur maturité précoce, c’est la capacité de résistance face à l’adversité, la capacité de vivre seule et d’être bien avec soi-même, la prise en charge de leur corps. C’est sans doute une vision passagère des choses.
Que deviendrait le monde où les femmes cesseraient de pondre des enfants comme des souris ?
-Le système économique n’aurait plus la possibilité de puiser une main d’œuvre abondante, servile, misérable à bon marché pour produire….. de la surproduction, en faisant croître le capital !
-L’armée industrielle de réserve tendrait à disparaître
-L’obligation de repenser tout le système de production irait de soi dans le cadre d’une raréfaction de la main d’oeuvre. Le paradoxe veut aujourd’hui que les humains exigent des emplois, pour produire n’importe quoi, et se contentent de n’importe quels emplois pour se nourrir… Les patrons et les holdings font semblant de chercher la même chose.
-La maîtrise de la production serait soulevée par les femmes obligatoirement.
-La question du salariat à la merci des patrons serait posée clairement.
-La pression sur la forêt, sur les terres, sur la mer sont d’abord et essentiellement le fait du capitalisme, c’est à dire des activités des riches et des holdings, majoritairement composés d’hommes.
-Une diminution du nombre des habitants sur terre, changerait la donne et diminuerait le pouvoir des nantis.
-Si les femmes pouvaient annoncer sans détour qu’elles « font la grève des ventres » quand elles le désirent, et qu’elles s’opposent au viol, y compris avec des milices de femmes armées selon les cas et les lieux, bien des choses changeraient. Le pouvoir sans limite des hommes serait mis en question et en voie de résolution.
-Dans ce cadre- là les femmes et les hommes pourraient se rencontrer dans un travail librement consenti, dans la création artistique, dans la recherche scientifique, la rénovation du monde… etc. Et s’aimer tout aussi librement. La question des enfants prendrait une tournure sans doute totalement inattendue. Nous ne savons rien à ce sujet.