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La CFDT Métallurgie appelle Laurent Berger à la mobilisation
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(afp) La fédération métallurgie de la CFDT (FGMM) appelle dimanche Laurent Berger, patron du syndicat, à plus de fermeté face à la réforme du Code du travail, l'exhortant à appeler à "une mobilisation nationale".
"Le choix a été fait de ne pas appeler à une mobilisation nationale", rappelle la FGMM dans un courrier adressé à M. Berger, transmis à l'AFP. "C'est ce choix qui a occasionné la colère de nombreux militants qui, appartenant à la première organisation syndicale du privé, s'attendaient à une réaction bien plus forte de la CFDT", ajoute-t-elle, en précisant que ce courrier a été décidé à l'issue d'un bureau fédéral.
"Ce qu'attendent les militants, relayés massivement par l'expression des membres du bureau fédéral, c'est un appel national à manifester de la part de la CFDT", poursuit la fédération, qui estime que les ordonnances sur la réforme du Code du travail "contiennent des mesures de recul du droit social et du droit syndical".
"Une accumulation de réformes qui devient insupportable"
Parmi ces mesures, elle cite notamment "la possibilité de remettre en cause des éléments légaux ou conventionnels dans les entreprises de moins de 50 salariés sans la présence de syndicats" et celle, "offerte aux employeurs, de décider unilatéralement des dispositions applicables dans les entreprises de moins de onze salariés ou dans les moins de 20 en l'absence d'élus".
Elle dénonce aussi la remise en cause des modalités du compte pénibilité ou la restriction du périmètre d'appréciation des difficultés économiques d'une entreprise au seul Hexagone en cas de plan social, "avec les conséquences que les salariés de la métallurgie n'ont pas de mal à imaginer".
"Les militants vivent depuis plusieurs années une accumulation de réformes qui devient insupportable et qui est un des éléments contribuant à la dégradation du dialogue social. Le patronat affiche une belle vitrine sociale mais dans les faits est très souvent rétrograde et antisyndical", poursuit le syndicat des métallos.
Il déplore aussi avoir "manqué cruellement de matériel pour expliquer le positionnement de la CFDT dans la période courant du 31 août (date du dévoilement du contenu des ordonnances, NDLR) au 12 septembre (date de la première manifestation du quinquennat contre la réforme du Code du travail à l'appel de la CGT, FSU, Unef et Solidaires, NDLR)".
La FGMM conclut son courrier en disant soutenir "l'ensemble des syndicats de la métallurgie dans leur choix d'action, exprimant (leur) mécontentement".
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liberation.fr – 16 septembre 2017
Si son leader s’est dit «déçu» par certains aspects de la nouvelle loi travail, la confédération réformiste ne manifestera pas ce mardi. Mais de nombreux militants ne comprennent pas l’attitude de leur syndicat, et ont décidé de descendre malgré tout dans la rue.
Laurent Berger (à gauche) et la délégation de la CFDT, le 25 juillet à l’hôtel de Matignon. Photo Laurent Troude
Alors que les militants de Force ouvrière sont attendus en nombre, ce mardi, malgré l’ordre contraire donné par leur responsable, Jean-Claude Mailly, la CFDT, première confédération dans le secteur privé, devrait briller par son absence dans les manifestations contre la réforme du droit du travail. A la publication des ordonnances, jeudi 31 août, son secrétaire général, Laurent Berger, avait brisé un suspense tout relatif : «La CFDT ne sera pas dans la rue le 12 septembre.»
Certes, le leader syndical s’est dit «déçu» par la copie de l’exécutif. La centrale réfor- miste regrette la possibilité pour les petites boîtes de négocier sans syndicat, les reculs sur la présence de salariés dans les conseils d’administration et le flou sur les moyens alloués à la nouvelle instance de représentation du personnel. Mais pas au point d’appeler à défiler, a fortiori avec la CGT. «Je ne vois pas comment manifester ferait reculer le gouvernement, par exemple sur le barème aux prud’hommes», tranche la numéro 2 de la CFDT.
Pour faire évoluer le texte, Véronique Descacq parie sur «un travail de proximité auprès des salariés» et les avis négatifs rendus par les syndicats dans les instances consultées sur les ordonnances. «Le Premier ministre a dit que les curseurs pouvaient encore bouger», rappelle-t-elle. Selon la direction de la CFDT, cette ligne tempérée est bien tolérée par la «base» des militants et des adhérents. «J’ai vécu des épisodes de mécontentement, notamment contre la loi El Khomri. Je peux vous dire que l’on n’est pas sur cette tonalité aujourd’hui», promet Marc Besnault, membre du bureau national et secrétaire général pour l’Aquitaine. Les tenants d’une stratégie plus offensive «ne sont pas zéro, mais ils ne sont pas nombreux», résume Descacq. A y regarder de plus près pourtant, il y a bien une colère qui couve. En ordre dispersé, certes, mais dans de multiples métiers, partout en France.
«Imperméables»
Ce mardi, des syndicalistes CFDT en chasuble orange, venus de secteurs aussi divers que l’automobile, la santé, le textile, la grande distribution ou l’enseignement supérieur et la recherche devraient rejoindre les cortèges à Paris, Lyon, Besançon, Brest ou Châteauroux. Secrétaire général de la CFDT métallurgie du Rhône, Khaled Boughanmi «assume totalement»de descendre dans la rue.
«J’ai été élu pour refuser les reculs sociaux, explique-t-il. On connaît le contenu des ordonnances et il n’y a rien de gagnant dedans. En matière de dialogue social, elles ne font qu’affaiblir les sections syndicales.» La colère d’une partie des cédétistes est dirigée contre la réforme, mais n’épargne pas la tête de la centrale. «Les militants que je croise trouvent inadmissible que la confédération n’appelle pas à manifester», assure Khaled Boughanmi.
«Les ouvriers sur le terrain ne sont plus du tout d’accord avec la ligne attentiste de la CFDT», prévient le délégué syndical d’un groupe de l’industrie chimique.
Militant «depuis vingt-sept ans», il «attendait des mots forts» de Berger qui ne sont jamais venus. Un coup de gueule publié sur Facebook lui a valu, dit-il, «des centaines de messages de soutien». «Se dire « déçu » dans un contexte aussi grave, ça semblait léger, abonde un délégué syndical du secteur informatique. Ça n’a pas été compris.» «On est assez furieux, tonne le secrétaire d’une section d’Ile-de-France. Nos adhérents ont découvert à la rentrée que ce qui devait être un texte d’équilibre est bien pire qu’annoncé. Pour beaucoup, la communication de la confédération n’a pas été à la hauteur.»
«Des félicitations»
Ces derniers jours, il relaie sur Facebook les divers appels à manifester. «On essaie de s’organiser par la base, sur les réseaux, commente-t-il. Sinon on est mort, on va perdre des salariés.»
A la CFDT Santé Sociaux du Finistère, les coups de fil affluent. «Les adhérents nous demandent d’exprimer un désaccord plus ferme envers les ordonnances», constate Denis Théréné, son secrétaire général adjoint. Comme plusieurs de ses homologues, il dit avoir écrit à Berger pour le mettre en garde : la base réclame de l’action.
Son syndicat menait «un travail de proximité pour développer le mandatement dans les petites entreprises». Efforts anéantis par la possibilité offerte aux patrons de négocier sans syndicat. «Si on ne se montre pas plus virulent maintenant, qu’est-ce qui nous attend pour les prochaines réformes, comme l’assurance chômage ?» s’inquiète Théréné. Son syndicat a déposé un préavis de grève pour le 12 septembre et appelle au rassemblement. Le mot d’ordre : «La CFDT participe aux négociations. Elle sait aussi dire non quand les salariés y perdent trop !»
Même initiative à Radio France. «Nos adhérents nous ont beaucoup sollicités. Ils atten- daient que l’on fasse quelque chose», témoigne Renaud Dalmar, délégué syndical central CFDT de la Maison ronde. Dans un communiqué, il s’inquiète de la disparition du CHSCT et de «la liberté d’abuser du recours au CDD», alors que la précarité est déjà endémique dans l’audiovisuel public.
Depuis le dépôt du préavis de grève, Renaud Dalmar dit «recevoir des félicitations». Pour autant, le syndicaliste ne veut pas avoir l’air de défier le sommet de la CFDT, Berger en tête. «On reste proches de son message, insiste Renaud Dalmar. C’est juste à nous de le pousser un peu. D’ailleurs, les instances ne sont pas imperméables à ce que l’on fait remon- ter.» Il ne veut pas non plus donner l’impression de marcher dans les pas de la CGT : la CFDT Radio France a déposé un préavis de grève distinct et n’appelle pas à manifester mardi. «Libre à chacun de faire ce qu’il veut ce jour-là, mais ce n’est pas la CGT qui fixe le calendrier», grince-t-il.
Signe de l’inimitié tenace entre les deux centrales, plusieurs syndicats bretons de la CFDT ont récemment débattu de la suite à donner au mouvement, notamment le 12 septembre.
«Mais le fait de s’associer à la CGT gênait beaucoup de monde», relève Denis Théréné. Il faut dire que la direction de la CFDT n’a eu de cesse de mettre ses syndiqués en garde : mani- fester mardi reviendrait à répondre à la «convocation» de la CGT, geste jugé «inopportun». «L’état de nos relations empêche d’aller sur une action commune», assène Marc Besnault.
Un message reçu cinq sur cinq en Meurthe-et-Moselle. Autour des hauts fourneaux de Florange, les adhérents de la CFDT métallurgie, qui partagent de «grosses inquiétudes sur les ordonnances», «ont besoin d’action», admet Vianney Louis, secrétaire général du syndicat et membre du bureau départemental. Selon lui, «il faut agir vite pour montrer aux politiques et au patronat que l’on est en mesure de mobiliser contre la réforme». En revanche, «les militants ne sont pas pour y aller le 12, car la CGT a politisé le débat et refusé de travailler en inter- syndicale». Son syndicat planche sur d’autres dispositifs à déployer dans les prochaines semaines, actions «coup-de-poing» dans les chambres patronales, blocages ou tractages. «Nous n’avons aucune contre-indication de la part de la confédération du moment que l’on n’y va pas mardi», affirme Vianney Louis.
En milieu de semaine dernière, la direction de la CFDT a diffusé un document qui liste ses propositions de «suites» à donner aux ordonnances. Signe que la colère est remon- tée jusqu’aux hautes sphères, elle y prend acte de la «nécessité d’organiser l’expression du mécontentement des militants vis-à-vis de la réforme». Une série de dates sont prévues pour «mobiliser dans les entreprises».
Rendez-vous est aussi pris pour le 3 octobre. Initialement, un raout intitulé «Le progrès en tête !» devait célébrer devant 10 000 cédétistes réunis à Paris la place de premier syndicat de France dans le privé, ravie en mars à la CGT. Et galvaniser les troupes, pour tenter de rafler la même médaille dans le public lors des élections professionnelles de décembre 2018. Mais des militants ont prévenu : ils n’auront pas le cœur à la fête et envisagent plutôt d’inter- peller leurs leaders sur le contexte actuel. Finalement, la journée sera en partie consacrée à des «mini-agoras» d’échanges sur les ordonnances. Suffisant pour apaiser les frustrations ? A voir.
Alexia Eychenne 11 septembre 2017