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Catalogne - Que faire contre la menace de coup d’Etat du "155" ?

Catalogne

Lien publiée le 16 octobre 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://npaherault.blogspot.fr/2017/10/catalunya-vers-la-reprise-des-hostilites.html

Que faire contre la menace de coup d'Etat du "155"

15 octobre

 

A la veille de l'intervention par laquelle le President de la Généralité, Carles Puigdemont, répondra ou ne répondra pas, ce lundi à 10h, à l'injonction que lui fait le gouvernement de Madrid de trancher l'épineuse question de savoir s'il a ou pas déclaré, mardi dernier, devant le Parlament, l'indépendance de la Catalogne, les divers protagonistes du conflit cherchent à avancer leurs pions.Pour le President, il s'agissait du pion de la référence symbolique à l'histoire contemporaine : accompagné de la présidente du Parlament et de la maire de Barcelone, il a rendu, ce dimanche, le traditionnel hommage officiel à la figure de Lluis Companys, emprisonné pour avoir proclamé la Generalité, à l'occasion du 77e anniversaire de son exécution par les franquistes. Cette cérémonie, de toute évidence, ne participait pas d'un exercice politiquement aseptisé de la "mémoire historique" et parlait beaucoup de la situation présente. Souvenons-nous de la déclaration récente d'un responsable du Parti Populaire prédisant au President qu'il finirait comme Lluis Companys !

Ada Coalu, la maire du "changement" de la capitale catalane, représentante emblématique de ce que le 15M a fait émerger sur le champ institutionnel, en proximité...relativement indépendante de Podemos, a joué, elle du pion du dialogue nécessaire pour résoudre la crise politique en cours et déboucher sur un référendum d'autodétermination négocié, dont elle ne clarifie pas, d'unedéclaration à l'autre, s'il aurait un effet contraignant. Dans une longue entrevue accordée au site d'information eldiario.es (lire ici), elle réitère qu'il est prioritaire que baisse la tension. De fait elle approuve la position de Puigdemont de suspendre la proclamation de l'indépendance annoncée mardi (pour elle, en réalité, il n'y a pas eu une telle proclamation). Elle conditionne le dialogueentre les deux parties, le gouvernement de Madrid et le Govern, à l'acceptation par elles du principe de bilatéralité. Or c'est ce que le premier se refuse absolument à faire. Rajoy l'a rappelé : l'uniqueoption qu'a, selon lui, Puigdemont, c'est de venir se présenter devant le Parlement espagnol pour y exposer son point de vue et ses propositions ! Ce qui est une des seules choses qu'il est impensable qu'accepte le Catalan peu disposé à rejouer à l'espagnole la scène des bourgeois de Calais ! 

Ada Colau et son parti, Catalunya en comú (lire ici), sont engagés dans la tentative de résoudre uneirréductible quadrature du cercle politique, une tentative dont on peut penser qu'elle est affectée, au vu de la radicalisation des positions de Madrid, d'un faible crédit politique en Catalogne. Le fait est que le positionnement de cette personnalité de la gauche radicale se trouve déportée à appuyer l'attitude dilatoire de Puigdemont. Les médias ne s'y sont pas trompés au soir du 10 octobre quand ils ont titré que celui-ci, lors de sa piteuse prestation au Parlament, avait choisi Ada Colau contre la CUP. Si l'on ajoute qu'en portant une charge sévère, par ailleurs justifiée, contre l'alignement du secrétaire général du PSOE sur le gouvernement central, elle prend acte de la mort du projet d'alliance qu'elle pensait, en accord avec Podemos, nouer avec lui pour constituer le gouvernement d'alternative (bien plus probablement d'alternance) à celui du PP, on comprend que la question catalane déstabilise, plus que ne le pensent certain-es de ses proches, sa stratégie politique. Y compris par les retombées immédiates du conflit sur ce qui rend possible qu'elle soit majoritaire à la mairie de Barcelone : l'appui des élu-es socialistes catalans du PSC. Lequel PSC s'essaye à jouer la double carte, d'une part, contre Ada Colau, de la répression policière et judiciaire du gouvernement central, dans une hostilité de magnitude 10 au mouvement national, et, d'autrepart, comme Ada Colau, de l'encouragement donné à Puigdemont d'entrer dans un dialogue (impossible à moins de signer une reddition) avec Rajoy.

De manière particulièrement dommageable pour la politique de gauche "différente" que dit incarner Ada Colau (comme d'ailleurs Pablo Iglesias), ces réalignements politiques suscités par les événements catalans, consacrent le syndrome éminemment institutionnaliste qui vertèbre cette orientation, qui joue clairement contre la mobilisation de terrain, contre le retour à la rue : avec la particularité que loin du bénéfice politique qu'elle a acquis jusqu'ici, par revendication de continuité avec un mouvement de masse comme le 15 M indigné, c'est aujourd'hui l'idée d'un passif de ce courant vis-à-vis du nouveau mouvement de masse, catalan, qui saute aux yeux (le tout dernier sondage dit un recul des intentions de vote pour Unidos Podemos de plus de 4 points par rapport à la dernière législative et, pour la première fois, Ciudadanos lui passerait devant, lire ici) ! Il ne faudra pas compter sur cette "nouvelle gauche" pour favoriser la jonction, pourtant capitale pour créer la dynamique de solidarité dans le reste de l'Etat espagnol, entre l'esprit anti-austéritaire(voire anticapitaliste), toujours vivace, du 15M et la mobilisation nationale de Catalogne.

En revanche, malgré les atermoiements des premiers instants suivant la déclaration d'indépendance ratée, c'est par les pions qu'elle bouge que la CUP manifeste une volonté de retrouver du rapport de force dans la rue en prévision d'une quasi inévitable suspension de l'Autonomie catalane par activation, jeudi ou vendredi, par le gouvernement, de l'article 155. Samedi dernier se sont réuni-es, dans la cinquième ville de la Catalogne, Sabadell, les représentant-es des CDR, ces Comités de Défense du Référendum, essentiellement promus par la CUP, qui ont été en première ligne pour défendre la tenue du référendum du 1er octobre par l'occupation des bureaux de vote et les manifestations de protestation contre la répression policière. Mais qui n'ont pas pu (pas été appelés à tenter le coup ?) organiser le contrefeu aux manifestations progouvernementales en faveur de "l'unité de l'Espagne".

La correspondance, depuis Sabadell, du site El Confidencial (lire ici), peu suspect de sympathies envers l'indépendantisme, indique que ces comités connaissent une croissance importante en nombre de membres mais aussi géographiquement : la région compterait au moins 100 CDR dont il a été débattu, sans conclure cependant, semble-t-il (les débats étaient à huis clos), s'ils ne devaient pas se dénommer désormais Comités de Défense de la République Catalane. 

Les deux cents présent-es (à raison de 3 délégué-es par comité) représentaient 80 comités, entre autres ceux de Girona, Manresa, Masnou, Sants, Les Franqueses, Badalona, Esplugues, Nou Barris, Tarassa, Casteldefells... On y reconnaissait des gens de diverses entités, organisations ou partis tels que l'Òmnium, évidemment la CUP mais aussi la modérée ERC. Il fut cependant rappelé par les organisateurs de la rencontre que tous/toutes étaient là, non pour avancer des propositions politiques propres à des organisations mais pour préparer les actions de rue. L'ordre du jour était en effet principalement l'organisation de la riposte au "155" et l'idée d'une nouvelle grève générale a été au menu des discussions. Il n'est pas possible d'en savoir plus. Une nouvelle assemblée générale des comités est prévue samedi prochain dans un lieu tenu secret.

Nous saurons bientôt si et comment cette structure, comme d'autres plus liées aux institutionnels, comme l'ANC et l'Òmnium, qui appellent désormais Puigdemont à procéder à la déclaration d'indépendance, sera parvenue à donner le cadre adapté à la remobilisation populaire du mouvement national. Y compris, dans l'hypothèse apparemment invraisemblable, d'une nouvelle manoeuvre dilatoire, qui, de toute façon serait sanctionnée par le "155", ou même d'un aplatissement politique, suicidaire, de Puigdemont devant les exigences de Madrid. A l'heure qu'il est, tant le PDeCat du President que l'ERC d'Oriol Junqueras, le vice-président, sont très divisés, certain-es poussant, de ce côté là aussi, à entériner qu'il ne sert plus à rien, devant l'intransigeance et les menaces de Rajoy (1), d'attendre plus pour déclarer la République catalane... et pour faire la nouvelle proposition, en direction de la monarchie espagnole, de négocier...les modalités concrètes de ce transfert de pouvoir !

Une nouvelle semaine décisive s'ouvre pour la Catalogne, notre pleine solidarité avec elle doit être plus que jamais prête à s'exprimer ! Rappelons-le avec force, c'est bien plus que l'indépendance de cette nation qui est en jeu, c'est aussi tout un rapport de force de l'ensemble des peuples contreune Europe faisant bloc derrière l'Etat espagnol qui pourrait ouvrir la brèche politique et sociale décisive de la désobéissance active et massive aux diktats capitalistes !

(1) Ce même jour, lundi 16 octobre, où le gouvernement attend de pied ferme les précisions de Puigdemont sur l'indépendance, les représentants de l'ANC et de l'Òmnium ainsi que le responsable de la police catalane, sont appelés à comparaître, pour la seconde fois, devant les juges sous la menace d'être mis en examen pour appel à la "sédition". Vous avez dit intimidation ?
 

Bonne nouvelle, mauvaise nouvelle


 Mariano Rajoy à Albert Rivera (Ciudadanos) : "La bonne nouvelle c'est  que cela nous fait tous marrer par ici que tu sois un Catalan catalanophobe. La mauvaise nouvelle c'est que tu es un catalanophobe... mais Catalan !" Cliquer ici

 Vers la reprise des hostilités ... 

14 octobre 

Communiqué de Anticapitalistas (1) devant la situation en Catalogne
 

1.- Ces derniers jours, après la suspension, par le Président de la Généralité, Carles Puigdemont, de la déclaration d'indépendance, le gouvernement espagnol, appuyé par le PSOE et Ciudadanos (et avec le soutien de tous les grands médias du régime) met le pied au plancher pour aller vers l'application de l'article 155 [article de la Constitution qui permet de suspendre le gouvernement d'une région autonome] et la mise en oeuvre d'autres mesures d'exception. 

De leur côté, de grandes entreprises et de grandes banques ayant leur siège social en Catalogne, l'ont transféré à l'extérieur dans le but de semer  de l'instabilité et d'exercer une évidente pression politique. Cette dynamique politique et économique a deux objectifs : d'une part, l'affaiblissement et la défaite du mouvement indépendantiste catalan et, de l'autre, la destruction, dans le reste de l'Etat espagnol, de la contestation des élites par ceux et celles d'en bas, et cela par la construction d'un consensus autour de l'identité espagnole avec la volonté de résoudre ainsi la crise de régime que nous connaissons ces derniers temps. C'est là une opération politique visant à refermer le cycle des revendications en faveur de la récupération des droits perdus combinées à la contestation des privilèges  des élites économiques et politiques.

De ce point de vue, la mise en application de l'article 155, prévue dans les prochains jours, signifierait que s'enclenche une escalade répressive qui, tout en approfondissant la démarche autoritaire et d'atteinte aux libertés engagée, n'apporterait aucune solution démocratique à la Catalogne. La légitimité du référendum du 1er octobre a, en effet, à nouveau, remis sur la table la seule possibilité de sortir du conflit politique existant en Catalogne, la libre décision du peuple catalan. 

Il va être incontournable, dans les prochains jours, de s'opposer activement à la mise en place de l'article 155 et à toutes les mesures répressives visant les forces favorables à la souveraineté catalane. Nous considérons, en même temps, que la défense de l'auto-gouvernement et de cette souveraineté de la Catalogne ainsi que des droits civils passe, à la fois, par le départ immédiat hors du territoire catalan de la Police Nationale et de la Garde Civile et par la dénonciation de l'utilisation arbitraire  de ces corps répressifs qu'a faite le gouvernement pour régler des problèmes politiques. Et cela alors qu'ailleurs, dans le pays, les autorités politiques permettaient que les actions de l'extrême droite aient lieu en toute impunité comme cela s'est vu à Saragosse et à Valence.

2.- L'accord entre le PP et le PSOE pour l'application de l'article 155 a été présenté comme le premier volet d'une démarche dont le volet complémentaire  serait une réforme constitutionnelle qui, en réalité, se réduit à la création d'une Commission d'Etude. Cette réforme  recouvre une tentative du régime, et des principaux partis qui lui sont associés, de résoudre par le haut la crise territoriale que traverse l'Etat espagnol. Tentative, en somme, pour faire que rien ne change sur le fond mais qui se donne un objectif clair : renforcer le régime en entraînant le PSOE vers une unité basée sur une réactualisation des consensus constitutionnels. Cette résolution de la crise par le haut qui s'opère en prenant appui sur la nouvelle vague de nationalisme espagnol, va essayer de recomposer le champ politique et de mettre fin à la crise de l'Etat en Catalogne ainsi qu'à la crise de régime qui a éclaté en mai 2011 [mouvement des Indigné-es] quand des millions de personnes sont sorties dans la rue pour crier "nous ne sommes pas des marchandises entre les mains des politiciens et des banquiers".

Le rôle du PSOE de Pedro Sánchez est, à ce titre, révélateur : alors que son élection comme Secrétaire Général avait soulevé, dans certains secteurs de la population, de l'espoir, nous faisons le constat de la véritable nature de son projet et de ses limites sur le terrain de l'alternative politique. Le PSOE de Pedro Sánchez se situe toujours à l'endroit où il a été ces dernières décennies : du côté des consensus d'Etat, du nationalisme espagnol et de son engagement au sein du Régime de 78 [1978, date du référendum constitutionnel qui, apothéose d'une Transition pilotée par des franquistes "reconvertis démocrates", instaure l'actuelle monarchie parlementaire] où le Roi est devenu le porte-parole de l'aile dure du PP.

Voilà pourquoi, devant cette opération de maquillage en cours qu'induit la "réforme constitutionnelle", nous devons toujours insister sur l'idée  que des républiques et des processus constituants sont une alternative stratégique pour les classes populaires.

3.- Nous assistons en ce moment à une claire résurgence de la violence et des apparitions de l'extrême droite. Il s'agit d'une extrême droite qui agit depuis divers espaces, partis et organisations et sur le mode open bar pour l'impunité.

La responsabilité du PP et des médias dans cette situation est évidente : ils couvrent que ces groupes puissent agir en tant que troupes de choc pour favoriser la haine, la tension et la violence avec, l'objectif clair de prendre la rue. Face à l'augmentation des actions de ces organisations, nous, forces de gauche et mouvements sociaux, avons une tâche fondamentale de dénonciation et de mobilisation à mener pour éviter cette escalade et empêcher le développement du fascisme dans nos villes.

Anticapitalistas, 14 octobre 2017, 

http://www.anticapitalistas.org

Traduction : Antoine Rabadan 

(1) Courant de Podemos   

13 octobre

Après la déconvenue du 10 ocobre, le mouvement national catalan saura-t-il reconstruire en urgence le rapport de force en sa faveur ?

Après la montée en tension et l'effervescence de mardi autour d'une séance du Parlament catalan qui s'annonçait politiquement explosive, les forces en présence en sont à gérer les retombées d'un pétard mouillé qui a affaibli la mobilisation catalaniste et confirmé l'Etat espagnol dans l'idée qu'il avait le rapport de force pour lui et une légitimité, accrue par le succès des manifestations unionistes, pour finir de canonner la rébellion. Le jeu de dupes dont nous parlions hier trouvera son épilogue la semaine prochaine en deux temps : lundi, le Govern a prévu de se plier à l'injonction de Madrid d'élucider si proclamation de l'indépendance il y a eu mardi. En cas de réponse affirmative, dans un ironique exercice de grande magnanimité, Rajoy accorde aux dirigeants catalans un délai supplémentaire de trois jours pour rectifier avant de lâcher sa bombe du 155. Ce double délai accordé, dans le surplomb hautain d'un pouvoir central jetant le masque du centralisme politique jusque là protégé par le théâtre d'ombres des Autonomies, signe une volonté d'humiliation participant en fait d'une véritable provocation.

On pourra toujours, d'un point de vue de soutien à la lutte nationale catalane, pointer, dans cette attitude de l'Etat central, ce qui surlégitime en retour ladite lutte. Pourtant il pourrait bien être préférable de porter son attention à ce qui, dans la politique indépendantiste a fini par donner à l'adversaire un avantage qui, pour être peut-être provisoire, n'en hypothèque pas moins, ici et maintenant, la relance de cette lutte pour l'autodétermination jusqu'au bout d'un peuple... Il va de soi que le yaka n'a pas sa place dans les événements d'une exceptionnelle gravité qui se produisent en Catalogne. Mais le refus de tirer, dans le feu de l'action, le bilan d'une étape essentielle pour la libération nationale gâchée n'est pas non plus de mise. 

La tactique rocambolesque dessinée au Parlament d'une indépendance qui se renie dans l'instant où elle se proclame, a posé le piège actuel où le pouvoir central mène la danse : ce piège qui se referme sur Puigdemont a nom impasse, celle qui laisse le choix entre le Charybde de l'aplatissement au pied du suzerain madrilène que signifierait le déni désastreux que l'indépendance ait jamais pu être proclamée et le Scylla d'une revendication d'indépendance consacrant l'inutilité de l'avoir suspendue pour, a-t-on entendu, imposer, par une peu crédible médiation internationale, que Madrid s'assoie à la table des négociations... Pour négocier quoi au juste, dans l'état actuel du rapport de force défavorable aux catalanistes que la manoeuvre de la suspension a, au demeurant aggravé, en démobilisant, plus encore qu'il n'était fait, sa base populaire ?

La seule (fausse) sortie de ce piège, par la seconde option, évitant le reniement de soi souhaité par l'ennemi, s'apparente dans l'immédiat à la fuite en avant que serait dans l'immédiat, attristante dénaturation de sa flamboyance d'il y a à peine quelques jours, la Déclaration Unilatérale d'Indépendance. Fuite en avant dont l'espoir qu'elle ne vire pas en débandade et défaite historique du mouvement national dépend de ce ceux et celles qui ont été exproprié-es de leur victoire du dimanche référendaire mais aussi de ceux et celles qui, empêché-es de voter par peur ou par indécision, étaient susceptibles de basculer dans une dynamique de transcroissance de la mobilisation populaire faisant de la rue et, qui sait, des lieux de travail, les nouveaux épicentres, dans la suite de la bataille des bureaux de votes, de la lutte. Etaient susceptibles de basculer... car évidemment rien n'était gagné d'avance face à l'hyperbolique violence policière et judiciaire exercée d'en face ! Encore aurait-il fallu envoyer le message déterminé que c'était la seule voie raisonnable, logique, message qui n'a jamais pris la consistance suffisante pour au moins poser un repère utile, dans le débat interne au mouvement, contre la volonté temporisatrice des forces conservatrices de l'indépendantisme, PDeCAT et ERC...

En l'état, dans ce que nous avons appelé "la construction d'un rapport de force dans le rapport de force", la CUP s'est fendue d'une lettre ouverte au President (DOCUMENTO | La carta de la CUP a Carles Puigdemont - texte en catalan -, la version française est ici) : en faisant clairement référence à la "gent" qui est au coeur du processus de l'indépendance, contre les puissances d'argent, et en rappelant la nécessité que ladite indépendance se déploie en mobilisation sociale rompant avec les rapports économiques de domination, elle demande que soit proclamée, sans attendre une illusoire médiation internationale (Juncker pour l'UE comme António Guterres pour l'ONU ont été clairs : ils n'en seront pas), l'indépendance et la république catalane. L'ANC, mais aussi les jeunesses du PDeCAT, lui emboîtent le pas. Une nouvelle "grève civique" (couplée à une grève générale ?) est dans l'air. Mais l'ancien President, Artur Mas, a cherché immédiatement à recadrer que la rue ne détermine pas la politique :  "Ce n'est pas la CUP ni l'ANC qui président le Govern" !

La vraie question est au fond là : le peuple catalan, riche de son histoire de luttes, saura-t-il surmonter les désarrois et autres scepticismes suscités par la paradoxale combinaison de la politique offensive de Madrid et de celle, offensive s'enlisant défensive et erratique, de sa direction de campagne ? Saura-t-il redéfinir les modalités de l'action à remettre sur les rails dans le sens d'une auto-organisation bridant les effets délétères que produit l'actuelle délégation de pouvoir qu'il accorde, de fait, aux Puigdemont et autres Junqueras... Il revient aux anticapitalistes d'être, dans les limites de leurs moyens, les ferments de cette nécessaire recombinaison du rapport de force interne. Les actions à venir devraient permettre de vérifier l'influence que ces anticapitalistes ont et pourraient développer, malgré les obstacles, à travers les structures de base que sont les Comités de Défense du Référendum et dans l'ANC et l'Omnium, pour peser sur les choix stratégiques et tactiques de l'indépendantisme. 

En guise de conclusion : la fierté catalane, ingrédient décisif de l'affirmation de soi, dont il a été démontré qu'elle n'était pas exclusive de l'autre que soi, relèvera-t-elle le défi de la "fierté d'être espagnol" que la parade militaire, policière et politique du 12 octobre lui a jeté à la figure ?

Billet modifié ce 14 octobre. 
 

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