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Sur l’économie du Nicaragua

Nicaragua

Lien publiée le 27 octobre 2017

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https://alencontre.org/ameriques/amelat/nicaragua/nicaragua-2018-lavenir-de-leconomie.html

Par Oscar René Vargas

Depuis 1990, l’économie nicaraguayenne croît, pourtant indépendamment des changements de gouvernement et des promesses faites lors des campagnes électorales, les conditions de la croissance dont aurait besoin le pays ne reprennent pas. Une croissance minimale de 7 à 8% en moyenne annuelle serait nécessaire pour rattraper le retard de notre économie par rapport à la région d’Amérique centrale.

Depuis 1990, l’économie nicaraguayenne s’est ouverte plus largement au commerce international, permettant la libre circulation des capitaux. Cette couverture a été accompagnée de politiques macroéconomiques dites de stabilisation qui placent en leur centre l’austérité budgétaire, l’industrie minière, la privatisation des entreprises et leur reprise par des capitaux étrangers. De telles politiques agissent en faveur du capital financier et au détriment du secteur industriel, agricole et s’opposent également à la création d’emplois formels salariés.

La participation de l’Etat dans l’économie a diminué alors que les inégalités de revenu ont crû. On assiste à: des flux croissants d’entrée de capitaux, dérivés de l’ouverture de l’économie aux capitaux étrangers, l’expansion du crédit bancaire, lequel est surtout dirigé vers les crédits à la consommation ou à la spéculation; et bien peu à l’investissement productif du fait que le marché intérieur perpétue une croissance atone, en raison des bas salaires et des inégalités de revenus.

Cela aboutit à ce que la demande se traduise en croissance d’importations et en pression sur le déficit du commerce extérieur, ce qui recycle l’entrée de capitaux et freine la croissance économique. Alors que le marché interne capte les importations, les ventes des entreprises nationales se contractent tout comme la création d’emplois ce qui, à son tour, restreint les revenus et augmente les niveaux d’endettement.

L’économie nicaraguayenne ne dispose pas des conditions internes favorables à une plus grande croissance du PIB. Elle dépend des fluctuations des prix sur le marché international des produits de base que nous importons, de l’entrée de capitaux illicites, de l’argent de la coopération vénézuélienne, des investissements étrangers, des remesas [l’argent qui est envoyé «au pays» par les migrant·e·s] et des prêts des institutions financières internationales.

Les exportations ne représentent en rien un moteur de croissance en raison du manque de valeur ajoutée, situation qui continuera. Le Nicaragua n’a pas de capacité productrice pour augmenter la valeur ajoutée nationale de ce qu’il produit et aucune politique industrielle ne se fixe cet objectif.

En conséquence, ce qui a freiné la croissance économique réside dans l’ouverture commerciale indiscriminée, la politique budgétaire, le fait que le córdoba [la monnaie nicaraguayenne] s’apprécie face au dollar et que la compétitivité nationale diminue. Il faut ajouter à cela une productivité faible, les inégalités croissantes de revenus – du fait de l’économie informelle, des bas salaires et de la réduction des prestations sociales – qui ont pour résultat une contraction du marché interne, ce qui augmente les capacités inutilisées et décourage les décisions d’investissement.

Avec une politique économique qui favorise le secteur financier et qui ralentit le secteur productif, le différentiel des niveaux de rentabilité qui leur est offert s’est accru, conduisant à ce que les flux d’investissements se canalisent vers le secteur financier et non vers la croissance productive, ce qui ralentit l’économie et approfondit la concentration du revenu. Au cours des dernières années, les importants avantages fiscaux attribués aux grandes entreprises et aux plus riches ont été maintenus.

Pour une reprise de la croissance, il faut prioriser la création d’emplois et le secteur industriel (moyen et petit) et agricole afin de favoriser la consommation interne, tout comme la redistribution des revenus. Cela implique de plus grandes dépenses du budget public pour remplir ces objectifs. De même, il faut contrôler l’action des banques et du secteur financier, lesquels doivent être fonctionnels à la création d’emplois et au secteur productif.

Année après année, le gouvernement de Daniel Ortega ratifie la volonté gouvernementale de maintenir un modèle économique qui a des effets très défavorables sur de vastes secteurs de la population, en particulier ceux à bas revenus. La poursuite d’une telle politique économique ne fera que reconduire la croissance faible, le sous-emploi, l’économie informelle, les bas salaires, la croissance inégale des revenus, le climat de violence et de délinquance qui croît dans tout le pays.

Il est plus qu’improbable que les partis subalternes ou le parti de gouvernement se fixent pour objectif de telles propositions, du fait qu’aucun ne remet en cause les politiques économiques prédominantes. (Article reçu le 22 octobre; traduction A L’Encontre)

Oscar René Vargas, qui a participé aux développements initiaux du sandinisme, est un des analystes (critiques) les plus reconnus de la réalité nicaraguayenne, aussi bien «du sandinisme gouvernemental» que des forces qui se présentent sur sa «droite».