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Catalogne : vers une déclaration d’indépendance ce vendredi !

Catalogne

Lien publiée le 27 octobre 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Il n'y a aucune illusion à se faire sur Puigdemont, mais la mobilisation populaire et l'intransigeance de Rajoy ne lui a pas laissé la possibilité de bafouer les résultats du référendum.

Jeudi soir, après une journée mouvementée où Puigdemont a failli capituler en convoquant de nouvelles élections dans le cadre de la monarchie espagnole, la balance a clairement penché en faveur d'un vote du parlement pour déclarer l'indépendance. Comment en effet accepter la mise sous tutelle de la Catalogne sans réagir ? Puigdemont, personnage dépassé par les évènements, a fait une allocation pathétique jeudi, s'en remettant au parlement. Il a ainsi clairement montré au peuple catalan sa pusillanimité. Mais l'essentiel est qu'il ne s'est mis pas à genoux devant Rajoy. 

Le principal représentant du patronat dans l'exécutif catalan, partisan d'une renonciation à déclarer l'indépendance, a démissionné hier soir. Cela semble indiquer assez clairement que sa ligne a été battue, et cela montre aussi clairement que le patronat est hostile à la rupture avec Madrid, d'autant plus que cette rupture peut ouvrir la voie à un processus de radicalisation et d'auto-organisation populaire.

La journée de vendredi n'est pas encore écrite, mais après bien des péripéties, le parlement pourrait aujourd'hui voter la déclaration d'indépendance. Il est poussé en cela par les organisations de masse (Omnium et ANC) qui exercent une pression forte en ce sens.

A suivre aujourd'hui. Nous relayons ci-dessous les infos de nos camarades de Montpellier, qui chaque jour nous font une synthèse des évènements. A lire également la très bonne analyse d'Antoine de Montpellier.

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http://npaherault.blogspot.fr/2017/10/catalunya-etat-des-lieux-avant-coup.html

21h55 : le "Conseller" (= ministre) des Entreprises Santi Vila démissionne du Govern après la décision de Carles Puigdemont d'abandonner son projet de convoquer des élections anticipées. Lire ici Décodage : c'est l'un des plus hauts représentants politiques du patronat catalan qui envoie le message (qui devrait être clair, depuis longtemps, chez nombre d'anticapitalistes français et d'ailleurs) que le capital catalan est contre l'indépendance ! Ledit capital participe d'ailleurs largement à l'opération anti-indépendantiste, avant tout politique,  de fuite des entreprises hors de Catalogne : elles sont plus de 1600 à ce jour à avoir fait ce pas... (Lire ici)
 

 Tribune libre

Modeste contribution adressée aux anticapitalistes calé-es dans l'expectative sceptique devant les événements de Catalogne


Pour répondre à l'objectif implicitement posé dans le titre de ces lignes (faire sortir des camarades de leur expectative ou attentisme sceptique), je propose de revenir sur les revirements de Carles Puigdemont. Ils doivent être la résultante, chez lui, d'une tension entre diverses données à la fois personnelles et politiques, inextricablement liées entre elles. Ne sous-estimons pas la conscience qu'il doit avoir du risque personnel qu'il prend à défendre la DUI et que le procureur lui rappelle incessamment : une procédurejudiciaire lui imputant le délit de sédition (mise en oeuvre déjà pour incarcérer les dirigeants de l'ANC et de l'Omnium) est prête à être engagée dès que la DUI sera promulguée. Elle pourrait lui valoir une condamnation à 30 ans d'emprisonnement. Les anticapitalistes sont souvent réticents (c'est peu de le dire) à intégrer les logiques personnelles dans l'analyse des enjeux politiques. C'est certainement une erreur : ellesjouent, certes à leur échelle et en interaction, avec les lourdes déterminations politiqueset sociales. 

On notera comme significatif, à ce propos, que le dernier revirement du personnage vers la DUI le dégage d'en être le décisionnaire, comme il était envisagé depuis le début que cela soit : dans son dernier discours, il s'en remet en effet au choix du Parlament. Ce qui, avec peu d'élégance, fait passer la patate chaude à la présidente dudit Parlament, Carme Forcadell, qui est déjà poursuivie pour avoir permis les procédures parlementaires permettant la réalisation du référendum et ouvrant la voie à la promulgation de l'indépendance et de la République catalanes. Si le Parlament votait en ce sens demain, les menaces judiciaires à son encontre s'en trouveraient décuplées.

Ces façons de faire à la tête des institutions catalanes, dont, au demeurant, il serait trop facile de se moquer, doivent être replacées dans leur contexte politique : il y a un côté contre-nature à voir un Puigdemont (c'est moins évident pour Carme Forcadell), dirigeant d'un parti de droite conservatrice au récent passé montrant sa participation aux orientations antilibérales de Madrid et de l'Europe contre la population, prendre la tête d'une coalition se radicalisant jusqu'au défi que nous voyons, qui plus est enalliance avec un parti anticapitaliste. Sans vouloir tout embrasser des causes de ceparadoxe politique dans le cadre limité de cette page, on peut avancer ceci : ce parti, l'ex CiU, aujourd'hui PDeCat, longtemps hégémonique dans le cadre de l'autonomisme et d'une conciliation relativement conflictuelle avec Madrid, fait face, depuis quelques années à la crise du modèle "pujoliste" (du nom de Jordi Pujol, l'artisan de cetteconciliation historique avec Madrid et qui est aujourd'hui poursuivi pour corruption), à un croissant affaiblissement  dû à l'impopularité des mesures antisociales prises, de larépression que, pour les imposer, il a été amené à utiliser...via les Mossos de Esquadra; un affaiblissement dû aussi à un durcissement de la politique budgétaire et financière du gouvernement du PP à l'encontre des Autonomies (la dette de la Catalogne atteint des records) ... Ces données et d'autres facteurs impossibles à convoquer ici ont fini de radicaliser le nationalisme, classiquement autonomiste, de droite en un nationalisme indépendantiste mais sur le mode fuite en avant qui, on le voit avec les départsd'entreprises hors de Catalogne, coupe assez profondément le PDeCat de sa base sociologique du grand patronat catalan et le fait être un parti bourgeois suspendu en l'air, hors sol de cette base essentielle, toutes choses qui le rabattent vers des composantes petites bourgeoises et classes moyennes de cette base sans lui permettred'avoir, et pour cause (de néolibéralisme), des liens profonds avec les secteurs les plus populaires du salariat. 

Pour aller vite, le désancrage politico-social relatif de ce personnel politique le fait flotter et manifester l'instabilité entre divers déterminants politiques contradictoires que l'on voit à l'oeuvre chez Puigdemont et une bonne partie du PDeCat : volonté de composer avec le PP mais difficulté à assumer les retours de bâton induits du côté des alliés indépendantistes et à venir dans la rue.

Les anticapitalistes de la CUP ont pu avoir prise sur cette fragilisation du principal parti de droite catalaniste en négociant leur appui politique, au cas par cas, pour lui permettre de  continuer à gouverner. L'indépendantisme est devenu le point de rencontre entre deux partis aussi éloignés idéologiquement pour leur permettre de dépasser, pour l'un, le PDeCat, son affaiblissement politique (pas de majorité absolue au Parlament), pour l'autre, la CUP, sa faiblesse politique (10 député-es sur 135 au Parlament). Sans parler du troisième larron, l'ERC qui joue sa partition d'un indépendantisme républicain que l'on qualifiera rapidement de social-démocrate flirtant avec le social-libéralisme. A quoi l'on ajoutera le grand poids politique acquis par l'ANC et l'Omnium qui leur fait pousser plus avant une logique indépendantiste pure depuis la rue et les quartiers optant de plus en plus pour se dégager des manoeuvres institutionnelles auxquelles elles ont longtemps accordé du crédit comme voie pour parvenir à plus d'autogouvernement et désormais à l'indépendance.

Mais, on le voit avec le "155", l'élément radicalisateur de l'ensemble indépendantiste lui est, en grande partie, exogène, ce qui dit beaucoup de sa fragilité :  c'est la politiquetoujours plus ultradroitière d'un PP au gouvernement dont on a expliqué ailleurs la politique de fuite en avant vers les fondamentaux de l'austérité capitaliste mâtinée d'une capacité à mobiliser les ressorts de grande violence que la Transition a permis de laisser en réserve constitutionnelle.

Partis du caractère velléitaire d'un Carles Puigdemont nous voilà arrivés à poser la question politique et sociale qui le surdétermine mais qui devrait permettre en fait de comprendre que, pour compenser l'extrême hétérogénéité politique et sociale de l'indépendantisme catalan et les risques de défection à tout moment des partenaires les plus "fragiles"  devant la confrontation à venir, seule une mobilisation sociale faisant le pont entre la question sociale (étrangère au PDeCat) et la question nationale (soutien à l'indépendance et à la République catalanes) pourrait permettre de créer la plus large base sociale pour imposer et opposer un rapport de force à la hauteur de ce qu'est et fait l'ennemi, le PP et le capital, y compris catalan. A cette condition, en somme, la réalisation d'une rencontre entre la dynamique indignée du 15M, toujours là en sourdine, qui a été très forte en Catalogne, et l'actuel mouvement pour l'indépendance, une rupture avec la droite catalaniste ne serait plus la catastrophe qui s'est profiléeaujourd'hui et que la situation du moment oblige à conjurer tellement la préparation du front uni social et national évoqué plus haut est loin d'avoir commencé à se concrétiser. Comme on le voit, il y aurait à mener tout un travail de synchronisation des temps politiques et sociaux, actuellement  en tension entre eux, mais rien ne sert de précipiter des ruptures puristes de la "gauche radicale" avec les droitiers si la conséquence est une défaite assurée du mouvement national entraînant celle d'un mouvement social dont les premiers signes, encore fragiles, sont apparus le 3 octobre à travers la grève générale de protestation contre les violences policières du jour du référendum. Tout ceci devrait être précisé, clarifié, voire nuancé mais devrait inciter les anticapitalistes réticents devant les "bourgeoises (sic) questions nationales" à comprendre que l'UE, Macron, Rajoy ont donné la composition de classe fondamentale de ce qui se joue en Catalogne. C'est contre eux qu'il faut se positionner et plus activement qu'il n'est fait parce qu'ils jouent dans ce coin de l'Etat espagnol beaucoup de choses qu'ils nous resserviront ailleurs, et ce sera essentiellement sur le terrain social, s'ils gagnent ! Il est grave d'avoir à rappeler à des anticapitalistes cet aspect fondamental des événements de la Catalogne ! Il est temps d'aider les anticapitalistes engagé-es dans le mouvement national catalan à y peser et à donner à celui-ci les atouts sociaux et politiques susceptibles de l'aider à résister, peut-être à gagner !

Antoine 

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Article du Monde, vendredi matin

Sommé par Madrid de se prononcer sur la tenue d’élections, le chef de l’exécutif n’a pas tranché, jeudi. Le Parlement devra décider, vendredi, alors que la menace de la mise sous tutelle par Madrid se rapproche.

Suspense, rebondissements, crises, le feuilleton catalan a vécu une nouvelle journée de grande confusion, jeudi 26 octobre. Des scènes maintes fois jouées par les gouvernements de Madrid et de Barcelone qui, malgré leurs ultimatums à répétition, ne semblent vouloir s’engager ni l’un ni l’autre dans la voie de non-retour que supposerait la mise sous tutelle de la Catalogne.

Le dénouement final devrait avoir lieu vendredi 27 octobre. A Madrid, dès 10 heures, le Sénat a prévu de débattre l’article 155 de la Constitution espagnole – il donne au gouvernement du premier ministre Mariano Rajoy le pouvoir de destituer l’exécutif catalan et de contrôler, entre autres, la police et les médias publics. Au même moment à Barcelone, le Parlement régional doit se réunir pour décider s’il va voter en faveur de l’indépendance. Les débats, et la tension, devraient durer tout l’après-midi.

Devant la presse, Carles Puigdemont déclare renoncer à dissoudre le parlement catalan comme l’exige Madrid, à Barcelone, le 26 octobre.

C’est le président catalan, Carles Puigdemont, qui a décidé de prolonger son bras de fer avec Madrid jusqu’au dernier moment. Au cours d’une journée particulièrement chaotique, et après avoir retardé puis annulé deux allocutions solennelles, il est finalement apparu devant la presse, peu après 17 heures, au siège de la Généralité (exécutif catalan) pour annoncer sa décision de ne pas convoquer des élections anticipées, car le gouvernement de M. Rajoy ne lui offrait pas « de garanties suffisantes ».

Et ce malgré la médiation de « diverses personnes », a reconnu le responsable nationaliste, notamment celles du premier secrétaire des socialistes catalans, Miquel Iceta, et, d’après la presse espagnole, du chef du gouvernement basque, Inigo Urkullu. Ils voyaient dans un scrutin régional la meilleure issue pour éviter un choc frontal avec Madrid.

Une crise aux conséquences imprévisibles

Carles Puigdemont a finalement annoncé qu’il laissait le Parlement régional se prononcer sur « les conséquences de l’application contre la Catalogne de l’article 155 » et continuer sur la voie du mandat en faveur de l’indépendance donné par les électeurs lors du référendum du 1er octobre.

C’était une manière de se délester de la responsabilité d’une rupture, même symbolique, avec l’Espagne et surtout d’éviter que sa formation, le Parti démocrate européen de Catalogne (PdeCAT), n’assume seule l’usure d’une crise aux conséquences imprévisibles. « Si nous devons tomber, toute la coalition tombera », déclare un proche du président Puigdemont.

Inès Arrimadas, députée et porte-parole de Ciutadans, parti de centre droit hostile à l’indépendance, devant le Parlement catalan, le 26 octobre.

Inès Arrimadas, députée et porte-parole de Ciutadans, parti de centre droit hostile à l’indépendance, devant le Parlement catalan, le 26 octobre. 

Une stratégie qui comporte des risques d’implosion pour la coalition Junts pel si (« Ensemble pour le oui »). Au sein de la majorité indépendantiste (72 députés sur 135), les sensibilités sont très diverses. Les tensions de ces derniers jours n’ont fait qu’aviver les différends entre le PdeCAT, la Gauche républicaine (ERC) du vice-président Oriol Junqueras et la Candidature d’unité populaire (CUP, extrême gauche).

Il suffit de cinq défections pour faire couler une éventuelle déclaration d’indépendance. Et certains membres de la coalition ne sont pas sûrs de vouloir aller jusqu’au bout. Plusieurs auraient fait part de leur crainte face à de possibles poursuites judiciaires.

Retournements de situation

Jeudi soir, c’est l’un des proches de M. Puigdemont, le ministre catalan chargé des entreprises, Santi Vila, qui a annoncé sa démission sur Twitter après avoir constaté que ses efforts pour le dialogue avaient « échoué ». Peu après le référendum, M. Vila avait demandé un « cessez-le-feu » et appelé à « réfléchir à l’utilité et aux conséquences » d’une déclaration d’indépendance.

A Madrid, le Parti populaire (PP) au pouvoir et les socialistes du PSOE ont essayé tant bien que mal d’opposer un front uni face aux indépendantistes. Au Sénat, la vice-présidente du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria, a poursuivi la procédure préalable au vote de l’application de l’article 155 en déclarant que l’objectif était de « rétablir la légalité et le vivre ensemble », des arguments répétés par les conservateurs.

Les socialistes, quant à eux, essayent de laisser la porte ouverte à un recul de dernière minute des indépendantistes en proposant un amendement qui permettrait de tout arrêter si Barcelone se décidait finalement à convoquer des élections. « Nous sommes toujours à temps », a martelé son secrétaire d’organisation, José Luis Abalos, qui a également dénoncé « l’irresponsabilité du sécessionnisme ».

Manifestation d’étudiants qui exigent de Carles Puigdemont qu'il proclame l'indépendance, à Barcelone, le 26 octobre.

Pour les militants indépendantistes les retournements de situation de la journée de jeudi ont été particulièrement déroutants. Dans les rues de Barcelone, dès que les rumeurs de possibles élections anticipées ont commencé à circuler, des milliers d’étudiants qui avaient convoqué une grève puis une manifestation place de l’Université, sont allés jusqu’au siège de la Généralité pour crier contre le « traître » Puigdemont. Puis, un peu désorientés par la non-déclaration du président mais pleins d’énergie revendicatrice, ils sont partis jusqu’aux grilles du parc du Parlement, fermées par un important barrage policier, pour demander l’instauration de la République.

« Nous allons vivre un moment historique »

« Ce serait une lâcheté que de faire marche arrière, explique Gerard, un étudiant en physique qui sèche ses cours depuis un mois pour soutenir la sécession, « si le PdeCat n’est pas à la hauteur, il le paiera aux urnes. »

Le noyau dur de l’indépendantisme, lui, s’est déchaîné sur les réseaux sociaux. Le porte-parole de l’Assemblée nationale catalane (ANC) a parlé de « fraude » ; la CUP, quant à elle, a répété, une fois de plus, qu’elle « ne soutiendrait pas des élections ».

Toutes les organisations indépendantistes, l’ANC et Omnium, ainsi que l’Association des municipalités en faveur de l’indépendance et d’autres collectifs de la mouvance, ont appelé leurs sympathisants à se mobiliser, vendredi, dans les jardins proches du Parlement dès 10 h 30. L’ANC leur a même conseillé d’amener de l’eau et des sandwiches en prévision d’une journée qui s’annonce longue.

« Nous allons vivre un moment historique », a déclaré le porte-parole de l’ANC, Agusti Alcoberro, celui que les militants n’ont pas pu vivre, le 10 octobre, sur cette même place, lorsque M. Puigdemont a annoncé puis suspendu la déclaration d’indépendance. Venus célébrer la République, ils étaient repartis chez eux déçus et découragés.