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"Macron donne une nouvelle vigueur à l’ultra-gauche"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
"L'ultra-gauche monte en radicalité", observe la sociologue Isabelle Sommier après que plusieurs incendies ont visé des casernes de gendarmeries.
Assiste-t-on à un retour à l'action violente de la part de groupuscules d'ultra-gauche ? Fin septembre, deux incendies criminels survenus dans des casernes de gendarmerie ont été revendiqués par des groupes anonymes anarcho-libertaires. A Limoges, cinq véhicules ont été incendiés le 19 septembre. A Grenoble, un entrepôt de 2000m² a été ravagé par les flammes le 21 septembre. Un acte revendiqué par un groupe qui se fait appeler les Nocturnes, "en solidarité" avec les prévenus du procès dans l'affaire de la voiture brûlée du Quai de Valmy. Des véhicules ont aussi été incendiés lors d'une "chasse aux DRH" le 12 octobre au bois de Boulogne. Quatre militants d'extrême gauche sont poursuivis par la justice.
Ce jeudi 26 octobre, un nouvel incendie criminel a détruit quatre véhicules dans une caserne de gendarmerie à Meylan, en Isère. Il n'a cette fois pas été revendiqué mais les autorités soupçonnent l'ultragauche française d'être à l'origine de cette flambée de violence. Quelle est cette mouvance ? Qui la compose ? Entretien avec Isabelle Sommier, professeur en sociologie à l'université Paris 1 et codirectrice avec Nicolas Lebourg de "La violence des marges politiques des années 1980 à nos jours", publié aux éditions Riveneuve le 7 décembre.
Plusieurs incendies d'origine volontaire, dont certains ont été revendiqués par des groupes anarcho-libertaires, ont touché des casernes de gendarmerie. Peut-on parler d'un regain d'une violence politique ?
Ça ne me surprend pas. Cela fait plusieurs années qu'on assiste à des actions, des voitures brûlées, des sabotages, qui sont probablement le fait de groupes libertaires autonomes plus ou moins informels. Si vous regardez des sites comme "brèves du désordre" ou "attaques", sous des rubriques appelées "guerre sociale", vous verrez que des militants font écho d’actions souvent non revendiquées mais qu’ils semblent endosser puisqu'ils s’en font les porte-paroles. Ce sont des actions contre des sièges de partis politiques, contre des voitures d’Ennedis, une filiale d'EDF. Tout ça remonte au moins à 2007. J'observe deux nouveautés : d'un côté les médias s’y intéressent parce que la police s’y intéresse ; de l'autre les actes sont désormais plus souvent revendiqués.
Il y a ces derniers mois une gradation dans la violence. Les logements de gendarmes ont été visés.
L'ultra-gauche monte en radicalité. On a observé différentes étapes ces dernières années. Le procès des incendiaires de la voiture de police du quai de Valmy a été une étape supplémentaire. Les militants anarchistes et autonomes étaient très mobilisés pour suivre ce procès qui a donné corps à ce qu’ils dénoncent depuis des années : les atteintes aux libertés publiques, ce qu’ils considèrent être la criminalisation des mouvements sociaux et une répression de plus en plus marquée.
C'est quoi l'ultra-gauche ? Qui la compose ?
Ils étaient entre 1.000 et 2.000 en 2008 selon un rapport des Renseignement généraux. Ce sont des groupes très fermés, une nébuleuse aux contours très flous. Il y a les antifascistes, comme Action antifasciste paris banlieue et plein de groupes locaux, notamment à Toulouse. D'autres relèvent plutôt de l’autonomie, d’inspiration post-situationniste, comme Mauvaise Troupe, qui vient de Dijon, est assez investi à Notre-Dames-des-Landes et a fait paraître le livre "Constellation". Il y a aussi les zadistes, avec l’empreinte écologique radicale. Ces derniers mois, des compteurs Linky ont été visés. Ils sont accusés de participer au flicage généralisé et de propager des ondes magnétiques.
La mouvance d'ultra-gauche valorise énormément l’action directe mais elle est aussi très intellectuelle. Elle lit et s'inspire de personnages comme Michel Foucault, Gilles Deleuze, le philosophe Giorgio Agamben. Ou encore l'Américain Hakim Bey qui a développé l'idée des zones autonomes temporaires (TAZ), c'est à dire l’idée qu’il faut soustraire des portions du territoire ou des moments de l’emprise étatique, dans les squats ou lors de manifestations par exemple.
En citant les incendies criminels visant les gendarmeries de Limoges et Grenoble, Emmanuel Macron a parlé le 18 octobre dernier d'une "mouvance organisée, structurée et engagée dans une démarche insurrectionnelle".
On est à nouveau un peu dans la même ambiance qu’il y a dix ans avec l’affaire du groupe de Tarnac et l'idée de la constitution d’un réseau terroriste international. On connaît la suite, l’affaire a couru pendant des années mais le caractère terroriste du groupe n’a jamais été retenu.
On est un peu dans le même esprit actuellement avec une exagération de la menace, un exagération de l’intentionnalité insurrectionnelle et du caractère organisé, presque planifié de cette entreprise. Selon un schéma un peu ancien, on applique aux groupes d'aujourd'hui les logiques des groupes marxistes des années 1970 avec un dessein, des structures verticales, une division des taches presque militaire. Je crois qu’on n'en est vraiment pas là.
Il y a des espaces de rencontres, les manif, les squats, des campagnes ou des luttes précises sur l’antibiométrie, les migrants, sur les personnes incarcérées. Mais on a plutôt affaire à une kyrielle de petits groupes et à un ensemble inorganisé.
La menace serait surestimée ?
Il y a une exagération. La radicalisation de groupes ne se fait jamais seule. C’est-à-dire qu’il y a une coconstruction de la radicalité par des groupes qu’on désigne comme radicaux et puis par des services de polices qui gonflent la menace. Le fait qu’on en parle, qu’on les désigne, fait qu’ils accélèrent le nombre d’action et qu’ils les revendiquent. Tout ça contribue à accentuer le phénomène.
Y a-t-il des régions où la mouvance est plus implantée qu'ailleurs ?
Toulouse concentre beaucoup de militants antifascistes. Pour la tradition anarchiste, c’est plutôt l’ouest, avec Nantes et maintenant Rennes. La mouvance anti-industrielle s'est plutôt signalée à Grenoble où la lutte contre les nanotechnologies est ancienne avec un groupe comme "Pièces et mains d’œuvre". On observe aussi le renouveau des communautés néorurales, en Haute Vienne, en Corrèze et à Tarnac bien sûr.
Des anarchistes italiens auraient lancé ces derniers mois des appels à l’action en solidarité avec des militants interpellés. D'après une enquête de LCI, les enquêteurs français étudieraient cette piste. Y-a-t-il des connexions entre ces ultra-gauche européennes ?
Ces connexions sont anciennes. Le groupe central de la mouvance d’ultra gauche, ce sont les autonomes. Et à l'origine, le mouvement autonome vient d’Italie. Il est né là-bas au début des années 1970, s'est développé en Allemagne puis en France à la fin des années 1970. Les liens entre les trois sont anciens et ils ont continué à se tisser autour de la dénonciation des grands projets jugés inutiles. Pour les Italiens, c’est le TGV Lyon-Turin, une lutte ancienne et très dure. Cette lutte rencontre aussi celle en France contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. La place forte des blacks blocs, c’est plutôt l’Allemagne. Il y a des luttes, des lectures communes, un sentiment d’appartenance à un même ensemble, mais pas de réseau international.
Comment résumer le discours qui les rassemble ?
La tonalité principale est aujourd'hui la question des libertés, la dénonciation du flicage généralisé. Mais la loi Travail et les premiers mois de la présidence Macron ressuscitent et donnent une nouvelle vigueur à la thématique anti-capitaliste de l'ultragauche. Chez les étudiants, public privilégié de ces militants, la question des libertés, de la surveillance n'intéressent souvent que les plus politisés. La thématiques de la précarité, du président des riches, donnent plus de prises. Entre les premiers mois de Macron mais aussi le réveil des activités de l’ultra droite, il y a un potentiel de développement important à la fois autour des thématiques anticapitalistes classiques mais aussi de l’antifascisme.