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Mélenchon veut en finir avec l’indépendance des syndicats vis-à-vis des partis

Mélenchon syndicalisme

Lien publiée le 2 novembre 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.marianne.net/politique/jean-luc-melenchon-veut-en-finir-avec-l-independance-des-syndicats-vis-vis-des-partis

Dans une note de blog, Jean-Luc Mélenchon revient sur ses déclarations athéniennes reconnaissant l'échec du mouvement anti-Macron. Un constat qu'il met à l'actif des syndicats qui refusent un front uni avec la France insoumise. Lui plaide pour la fin "du dogme du 'mouvement social indépendant'" et veut mettre à terre la charte d'Amiens.

On y a vu un coup de mou, une fatigue assurément, voire un début de dépression. Rien n'est moins sûr. En voyage à Athènes la semaine dernière pour "remonter le moral" de la gauche grecque, Jean-Luc Mélenchon a confié à des journalistes son analyse sur l'état du combat politique en France. "C’est un moment étrange dans le pays. (Emmanuel Macron) est en état surcritique. Normalement, l’avalanche devrait avoir lieu. Elle n’a pas lieu", a-t-il expliqué. Et prenant de court son auditoire, il a précisé au sujet de la réforme du code du travail de Macron : "Bon, il y est arrivé (…) Pour l’instant, c’est lui qui a le point. Faut pas chercher à le cacher, parce que si on raconte des histoires, on n’est pas crédible". Avant de conclure : "On peut espérer reprendre le point, et c'est clair que qui la jeunesse se met en mouvement, ça y est, c'est parti". De quoi donner du grain à moudre aux commentateurs qui ont cette fâcheuse habitude de décrypter la politique à l'aune du tout psychologique. On aurait là un ex-candidat à la présidentielle rincé, le moral dans les chaussettes, la gagne en berne.

Pourtant, depuis quelques semaines, le chef de la France insoumise (LFI) fait entendre une petite musique à qui sait écouter et lire. Dès le 16 octobre, sur son blog, il interrogeait déjà son lecteur au sujet du combat contre les ordonnances : "Je fais le point sur cette étrange semaine. Est-ce celle où nous avons perdu une bataille sur le Code du travail si mal conduite ?" Et constatant l'attitude des centrales syndicales refusant un front uni, entre elles mais aussi avec le mouvement de la France insoumise, il écrivait : "Le 'vieux monde' impuissant à vouloir et à changer quoi que ce soit, ce n’est peut-être pas qu’un thème politique. Les directions des corps intermédiaires peuvent-elles être autre chose que des rouages à l’intérieur d’une réalité qui fonctionne comme un bloc ?".

Dans le viseur du député des Bouches-du-Rhône, la position de Philippe Martinez, le patron de la Confédération Générale du Travail qui avait repoussé, dès le début du mouvement contre la réforme du code du travail, l'idée de marcher côte à côte avec la France insoumise. Martinez, aux appels du pied de Mélenchon en juillet dernier, y répondait par une fin de non recevoir : "Il fait ce qu'il veut, il est dans son mouvement politique. Les politiques rêvent souvent de doubler les syndicats en matière sociale. Leur préoccupation principale devrait être d'écouter les syndicats". Pour quels résultats ? Aucun selon Jean-Luc Mélenchon qui préconise aujourd'hui une alternative radicale.

L'échec de la CGT à mobiliser dans le collimateur de Mélenchon

Dans une nouvelle note de blog publiée ce mardi 31 octobre, l'Insoumis en chef, revenant sur sa déclaration athénienne, débute par une mise au point contre cette "sphère médiatique (qui) ne rend pas compte de l’actualité mais la fabrique dans un format sensationnaliste". Taper sur les médias un petit coup est un classique mélenchoniste. Ça ne mange pas de pain et peut même faire les affaires du futur Le Média, la nouvelle plateforme d'information lancée par Sophia Chrikou, la directrice de la communication de LFI. Jusque-là, rien de surprenant. La suite l'est beaucoup plus.

"Mon propos n’était pas celui d’un commentateur mais celui d’un protagoniste engagé dans une lutte pour la défense de ce qu’il croit fondamental (…) Mon intention est d’interpeller les miens, ceux de ma famille politique et sociale. Comment je sais que Macron a le point aujourd’hui ? Parce qu’il peut se permettre d’avancer sur tant de front sociaux sans ralentir. Comment est-ce possible alors qu’il n’a pas de base sociale pour sa politique dans le pays ? Voilà la question que je pose", enchaîne-t-il. Sa réflexion était donc moins une remise en question personnelle qu'un constat général de l'état du mouvement social en France adressé à sa "famille politique et sociale". Une famille qu'il va sacrément secouer. "La forme et la tactique de résistance à la politique du gouvernement ne peut plus rester enfermée dans le 'chacun de son côté'. Il est plus que temps d’organiser la jonction des efforts entre le mouvement social, associatif et les forces politiques de la résistance au coup d’État social", poursuit-il.

Car s'il appelle ses militants à poursuivre la mobilisation -"bien sûr, le 16 novembre, il faut être dans la mobilisation syndicale" - Mélenchon refuse le statu quo"La stratégie qui a échoué face à El Khomri a encore moins bien marché face à Macron. Je ne vois aucune raison de faire semblant de ne pas l’avoir vu", assume-t-il. De quoi défriser les moustaches d'un Martinez et hérisser le poil d'un Jean-Claude Mailly de Force ouvrière. Ce qui vient risque de les faire carrément tomber de leur chaise.

Car pour Jean-Luc Mélenchon, la raison de ces échecs est simple. Elle est organisationnelle. "Le dogme du "mouvement social indépendant de la politique" a montré sa limite", enfonce-t-il. Un dogme qui porte un nom, la charte d'Amiens, texte fondateur du syndicalisme à la française, adoptée en 1906 lors du 9ème congrès de la CGT que la grande majorité des syndicats hexagonaux a ensuite reprise à son compte. "Le Congrès décide qu’afin que le syndicalisme atteigne son maximum d’effet, l’action économique doit s’exercer directement contre le patronat, les organisations confédérées n'ayant pas, en tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté, la transformation sociale", peut-on ainsi lire dans cette charte. Jean-Luc Mélenchon, plus communiste que les communistes, veut donc du passé faire table rase.

En finir avec "l'hypocrisie" de la charte d'Amiens

La charte de 1906 serait devenue anhistorique."Il faut donc en finir avec cette hypocrisie", annonce-t-il. Selon lui, plus que jamais, "nous avons besoin d’une convergence populaire. En tous cas je le dis clairement : les organisations politiques ont toute leur place dans la mobilisation et la conduite du mouvement de résistance sociale. La jonction entre elles et les organisations du mouvement syndical et associatif est indispensable face à la politique de Macron".

Une position qui s'inscrit parfaitement dans "la stratégie globale" de Jean-Luc Mélenchon initiée lors du lancement du mouvement de la France insoumise : imposer un projet alternatif au modèle libéral en réinventant les modes d'action militants. Un projet de contre-société qui égratigne donc le "vieux monde" (en langage macroniste) : partis politiques, médias et également syndicats. Une démarche que l'historien du communisme Roger Martelli, ancien membre de la direction du PCF, résumait récemment à Marianne : "Il y a incontestablement des ressemblances entre la démarche de Jean-Luc Mélenchon et celle du PCF pendant la guerre froide. La multiplication des initiatives voués à nourrir un dynamisme militant en est une. Par ce fourmillement d'actions, on soude un peuple militant. C'est très fort". Tout en avertissant : "En même temps, le risque est celui de tomber dans une démarche identitaire, du type 'ceux qui ne sont pas avec moi sont contre moi'. Or, l'histoire montre que l'union de la gauche est nécessaire pour gagner". Pour gagner, laissons l'avenir en décider. Pour ne pas se fâcher à court terme avec un certain syndicaliste moustachu, c'est certain…