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En Alabama, la victoire démocrate est un revers politique majeur pour Trump
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Doug Jones a battu l’ultraconservateur Roy Moore : jamais depuis 1992 un démocrate n’avait été élu sénateur dans cet Etat du sud des Etats-Unis.
C’est presque un exploit. Le candidat démocrate a remporté, mardi 12 décembre, l’élection sénatoriale dans l’Etat de l’Alabama, bastion conservateur. Doug Jones a donc battu l’ancien magistrat ultraconservateur Roy Moore à l’issue d’une campagne virulente, qui a captivé l’Amérique et va priver le parti au pouvoir d’un précieux siège à la chambre haute. Jamais depuis 1992 un démocrate n’avait été élu sénateur dans cet Etat du sud des Etats-Unis.
Selon les résultats portant sur 100 % des bureaux de vote, M. Jones a obtenu 49,9 % des voix, contre 48,4 % pour son adversaire, soit une différence de plus de 20 000 voix. « Quand le vote est si serré, ce n’est pas terminé », a toutefois déclaré M. Moore dans une courte intervention devant ses supporteurs à Montgomery, après plusieurs heures d’attente.
« Nous devons attendre un signe de Dieu. »
Donald Trump lui-même a pourtant, dans un tweet, pris acte du résultat, alors qu’il avait soutenu Roy Moore. Et le revers est très personnel pour le président des Etats-Unis, qui avait appelé ses partisans à la loyauté au nom de la poursuite de son programme de réformes. M. Trump avait fait fi des allégations d’attouchements sur mineures contre Roy Moore dans le but de conserver ce siège, afin d’améliorer les chances d’adoption, à court terme, de la grande baisse d’impôts en train d’être examinée au Congrès.
C’est la seconde mauvaise soirée électorale pour le président en un mois : en novembre, les démocrates ont remporté plusieurs scrutins pour des postes de gouverneurs ou d’autres sièges locaux. Désormais, la majorité sénatoriale sera de 51 sièges sur 100, réduisant la marge de manœuvre de l’administration au quasi-minimum.
Diviser le parti
Pour le Parti républicain, la défaite de leur candidat est aussi, paradoxalement, un soulagement, car elle lui évite d’avoir à gérer le « cas Moore ». Le chef du Sénat, Mitch McConnell, avait prévenu qu’en cas d’élection l’ancien magistrat ferait immédiatement l’objet d’une enquête de la commission éthique. Celle-ci aurait risqué de diviser le parti, a fortiori si la commission recommandait l’exclusion.
A l’exception notable de Donald Trump, la plupart des élus du Grand Old Party avaient coupé les ponts avec Roy Moore après la publication de témoignages de femmes, afin d’éviter d’être salis par association. S’attirant les foudres des forces anti-establishment emmenées par Stephen Bannon, l’ex-conseiller de la Maison Blanche en guerre ouverte contre les leaders du parti.
Les démocrates auraient sans doute utilisé la présence de M. Moore au Sénat comme une arme électorale en 2018, année au cours de laquelle des élections législatives doivent renouveler la totalité de la Chambre des représentants et le tiers de la chambre haute. L’opposition a déjà fait valoir qu’elle avait poussé deux de ses parlementaires à la démission, après des accusations de harcèlement sexuel et de comportement déplacé.