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Odebrecht, le scandale qui fait trembler toute l’Amérique latine

Lien publiée le 22 décembre 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.france24.com/fr/20171221-odebrecht-scandale-amerique-latine-bresil-corruption-justice

Le scandale de corruption autour de l'entreprise de BTP brésilienne Odebrecht éclabousse l'ensemble de l'Amérique latine. Si le président du Pérou a sauvé sa tête jeudi, l'affaire touche les cercles de pouvoir de toute la région.

© Studio graphique FMM

Odebrecht : un nom qui aura fait trembler l'Amérique latine en 2017. Le scandale de corruption autour du géant brésilien du BTP a touché la quasi-totalité du continent et, jeudi 21 décembre, c'était au tour du président du Pérou, Pedro Pablo Kuczynski (PPK), d'en faire les frais. Il a fait face à une procédure de destitution en raison de ses liens avec l'entreprise. Si PPK est parvenu à sauver sa tête pour le moment, l'affaire Odebrecht a d'ores et déjà emporté plus d'un politicien dans la région.

Le scandale éclate en décembre 2015 quand plusieurs cadres du groupe ont confessé devant la justice avoir financé des campagnes électorales à travers tout le continent, propulsant des carrières politiques en échange de juteux contrats de marchés publics. Au total, près de 788 millions de dollars auraient été versés entre 2001 et 2016 dans 12 pays : le Brésil, l'Argentine, la Colombie, la République dominicaine, l'Équateur, le Guatemala, le Mexique, le Panama, le Pérou, le Venezuela. Deux pays africains sont également concernés : l'Angola et le Mozambique.

Depuis ces révélations fracassantes, les enquêtes pleuvent et les condamnations se multiplient.

Brésil : les racines du scandale

Marcelo Odebrecht, PDG de l'entreprise familiale de BTP et de telecoms au cœur du scandale, a été condamné à 19 ans de prison en avril 2017. Mardi 19 décembre, il a quitté la prison pour passer en résidence surveillée, une récompense pour sa collaboration avec la justice.

Son entreprise, qui compte parmi les cinq plus grosses du continent, organisait la corruption à un niveau institutionnel. Elle y avait même dédié un département : le "secteur des opérations structurées" que les policiers ont vite rebaptisé "département des pots-de-vin".

Rien qu'au Brésil, les déclarations de Marcelo Odebrecht ont permis d'enquêter sur huit ministres de l'actuel président, le conservateur Michel Temer, un tiers du Sénat et une quarantaine de députés.

Autre "victime" d'Odebrecht, l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) qui a déjà écopé de neuf ans et demi de prison. Si l'ancien président progressiste a fait appel, ces accusations de corruption risquent cependant de parasiter sa campagne pour la présidentielle de 2018, dont il est le grand favori.

Pérou : PPK vers la sortie

Le président péruvien Pedro Pablo Kuczynski (PPK) a affronté son Parlement jeudi 21 décembre pour répondre des accusations de corruption dans le cadre du scandale Odebrecht. Avec le Parlement aux mains de l'opposition, il risquait fort de devenir le premier président destitué dans le cadre du scandale.

Pedro Pablo Kuczynski est suspecté de corruption en raison de ses liens avec Odebrecht. © Archives AFP

Mais le vieux politicien de 79 ans a su déjouer les pronostics. Dans les dernières heures avant le débat, il a convaincu suffisament de parlementaires d'éviter de voter pour ce qu'il qualifie de "coup d'État". La motion n'aura finalement reçu que 79 des 87 voix nécessaires à son aboutissement.

PPK n'est pas le seul, à la tête du Pérou, inquiété par le scandale Odebrecht : l'ex-président Ollanta Humala (2011-2016), en détention provisoire, est accusé d'avoir reçu trois millions de dollars lors de sa campagne électorale.

Soupçonné d'avoir perçu 20 millions de dollars, un autre ancien président, Alejandro Toledo (2001-2006), est visé par un mandat d'arrêt et un ordre d'extradition depuis les États-Unis, où il réside.

Keiko Fujimori, battue l'an dernier à la surprise générale par Kuczynski, est elle-même soupçonnée par la justice d'avoir bénéficié de l'argent d'Odebrecht pour financer une précédente campagne électorale en 2011.

Équateur : le vice-président condamné

Puisque PPK a sauvé sa tête, c'est pour le moment en Équateur que se trouve le responsable politique de plus haut niveau condamné dans le cadre d'Odebrecht : le vice-président Jorge Blas.

Il a été condamné le 13 décembre à six ans de prison par la Cour suprême pour avoir perçu pour près de 13,5 millions de dollars de pots-de-vin du groupe de BTP brésilien.

Malgré sa mise en détention préventive le 2 octobre, Jorge Blas est pour le moment toujours officiellement en poste. Mais il pourrait bientôt perdre son statut : le Congrès équatorien a en effet approuvé, dimanche 17 décembre, l'ouverture d'une procédure de destitution. Cependant, celle-ci doit encore être validée par de nombreuses instances pour être définitivement lancée.

À droite de l'image, Jorge Blas, le vice-président de l'Équateur accusé de corruption. À ses côtés, Lenin Moreno, le président du pays (centre) et Rafael Correa (gauche). © Archives AFP

Venezuela : pas d'enquête

Le scandale a aussi éclaboussé le Venezuela, où le groupe brésilien affirme avoir versé 98 millions de dollars. Luisa Ortega, ancienne procureur générale chaviste, aujourd'hui en opposition au gouvernement et en exil, accuse le président Nicolas Maduro d'avoir trempé dans les manœuvres d'Odebrecht.

Le président chaviste n'est pourtant pas le seul que l'entreprise a mis en cause. L'entreprise de BTP affirme également avoir contribué au financement de la campagne de son principal opposant Henrique Capriles en 2013.

La justice vénézuélienne, accusée d'être aux ordres du chef de l'État par l'opposition, n'a pour le moment pas ouvert d'enquête officielle.

Panama : 68 personnes inculpées

Dans ce pays de l'isthme centro-américain, Odebrecht est le premier fournisseur de l'État avec des investissements qui avoisinent les 3 milliards depuis 2006. Plus de 68 personnes sont soupçonnées d'avoir trempé dans le scandale, dont plusieurs anciens ministres.

Parmi les 68, les deux fils de l'ex-président Ricardo Martinelli (2009-2014) ont été officiellement inculpés. Leur père est, quant à lui, actuellement incarcéré aux États-Unis et en attente d'une extradition vers le Panama pour des délits de malversations et d'écoutes téléphoniques illégales.

Le président actuel, Juan Carlos Varela, a admis que son parti avait reçu de l'argent de l'entreprise de BTP pour ses campagnes électorales. Il nie cependant toute corruption : "C'étaient des donations, pas des pots-de-vin."

Colombie : Juan Manuel Santos dans la tourmente ?

En Colombie, une première condamnation a été prononcée le 12 décembre dans le cadre de l'affaire. Gabriel Garcia Morales, vice-ministre des Transports de l'ancien président conservateur Alvaro Uribe (2002-2010), a écopé de six ans de prison pour avoir exigé un pot-de-vin de 6,5 millions en échange d'un marché public.

Cependant, l'affaire n'est pas complètement close dans le pays. Roberto Prieto, directeur de campagne de l'actuel président libéral, Juan Manuel Santos, affirme que la campagne de 2014 a été financée en partie par des dons de l'entreprise. Or, il est illégal en Colombie pour les partis d'accepter les donations d'entreprises étrangères. En avril 2017, Juan Manuel Santos a comparu devant le Conseil national électoral et déclaré n'avoir jamais eu connaissance de ces virements tout en enjoignant les juges à continuer leur enquête.

Récemment, Andrès Pastrana, ex-président conservateur du pays de 1998 à 2004, a écrit aux présidents du Sénat et de la Chambre pour exiger l'ouverture une procédure de destitution à l'encontre du président. Sans suite pour le moment.

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Andrés Pastrana A@AndresPastrana_

Carta enviada hoy a los Presidentes de Senado y Cámara de Representantes solicitando inicio juicio pérdida del cargo, según lo establece la ley, a @JuanManSantos por financiación de sus campañas por parte de #Odebrecht.

18:50 - 18 déc. 2017

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Mexique : un proche du président inquiété

Au sud du Rio Grande, la justice se concentre pour le moment sur le rôle joué par Emilio Lozoya, ancien directeur de la compagnie pétrolière d'État Pemex. L'un des cadres d'Odebrecht a déclaré avoir versé des dessous-de-table à cet homme en échange de marchés publics.

L'enquête est toujours en cours. Le gouvernement mexicain a demandé à Lozoya de fournir tous les documents relatifs à ces accusations. Au Mexique, l'affaire est d'autant plus sensible que Emilio Lozoya est un ami proche du président Enrique Peña Nieto et a été le directeur de sa campagne victorieuse en 2012.

Sans attendre les conclusions de l'enquête, le gouvernement a sanctionné Odebrecht en l'excluant des appels d'offre durant quatre années.

République dominicaine : 14 inculpations

Dans cette île des Caraïbes, le géant Odebrecht avait pignon sur rue. Comme le relève le blog spécialisé Insight Crime, l'entreprise de BTP ne possédait pas réellement de concurrents. Il n'est donc pas étonnant que la République dominicaine soit le troisième pays ayant reçu le plus de pots-de-vin avec près de 92 millions versés aux autorités locales.

La justice du pays a réagi en faisant arrêter près de quatorze figures politiques accusées d'avoir trempé dans le scandale. Parmi eux, le ministre du Commerce Temistocles Montas, ainsi que plusieurs anciens ministres et des figures de l'opposition, comme Andres Bautista, chef de file du parti révolutionnaire moderne. Une peine de prison préventive a été prononcée pour neuf d'entre eux.

Selon la BBC, la justice dominicaine réclame aujourd'hui 184 millions de dollars à titre de compensation à Odebrecht.

Argentine : Mauricio Macri bientôt inquiété ?

Le président de l'entreprise Marcelo Odebrecht a affirmé que près de 35 millions des dessous-de-table concernent l'Argentine. Entre 2007 et 2014, durant la présidence de Cristina Kirchner, l'entreprise de BTP aurait ainsi obtenu pour près de 278 millions de dollars de contrats publics.

L'Argentine voyait dans cette affaire une manifestation des dérives du kirchnerisme. Cependant, la famille de l'actuel président, le conservateur Mauricio Macri, est à son tour éclaboussé. La justice a demandé la saisie de près de 3 millions de dollars de biens à Angelo Calcaterra, cousin du président, dans le cadre de l'enquête sur des pots-de-vin touchés lors de l'attribution du marché public de la ligne ferroviaire Sarmiento, dans la province de Buenos Aires.

La ligne ferroviaire Sarmiento est dans le viseur de la justice en raison de soupçons de dessous de table versées par Odebrecht. © Dggionco, Wikimedia COmmons

Guatemala : Otto Pérez Molina accusé

Odebrecht a avoué avoir versé près de 18 millions de dollars de dessous-de-table au Guatemala. En coopération avec la commission anti-corruption de l'ONU, la justice locale enquête notamment sur l'ancien président Otto Pérez Molina et l'ancien vice-président Roxana Baldetti, par ailleurs déjà inculpés de corruption dans d'autres affaires. L'ancien ministre des Infrastructures Alejandro Sinibaldi est également dans le viseur des enquêteurs.

Salvador, l'ancien président proche du Parti des travailleurs brésiliens

Au Salvador, c'est l'ancien président Mauricio Funes qui est dans le collimateur de la justice après les révélations du groupe de BTP. Les cadres de ce dernier affirment avoir versé 1,5 million de dollars à l'ancien chef d'État pour sa campagne de 2009. Sa femme, la brésilienne Vanda Pignato, proche du Parti des travailleurs brésiliens, aurait servi d'intermédiaire tout comme le ministre des Finances brésilien, Antonio Paolocci.

Les trois intéressés ont nié toute implication. Sous le coup d'une enquête pour une autre affaire de corruption, Mauricio Funes est actuellement réfugié au Nicaragua.

Chili : enquête en cours

Au Chili, une enquête a été ouverte en mars 2017 sur la firme brésilienne. Une perquisition a été menée dans les locaux de l'entreprise de BTP. Cependant, aucune arrestation ou inculpation n'a eu lieu pour le moment.