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Les anticapitalistes de Catalogne et l’élection du 21/12

Catalogne

Lien publiée le 4 janvier 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://blogs.mediapart.fr/antoine-montpellier/blog/030118/les-anticapitalistes-de-catalogne-et-lelection-du-21-decembre

L’indépendantisme est une force destinée à durer : il possède toujours une large base qui n’a pas crevé son plafond mais il a su la maintenir en tension dans un contexte d’attaques et de persécution politique de la part du régime.

Anticapitalistes (Podem), Poble Lliure (CUP) et Endavant (CUP) sont trois partis ou courants qui incarnent l'essentiel de l'anticapitalisme catalan. Tous trois s'inscrivent, suivant leurs modalités propres mais en relative convergence, dans la lutte pour un processus constituant visant à l'instauration d'une république catalane indépendante. Ils ont, comme point commun qui les distingue des autres forces indépendantistes, la volonté de mettre au centre de la revendication nationale, des revendications sociales permettant d'élargir la base de l'indépendantisme vers des secteurs de la société catalane non-indépendantistes mais prêts à en découdre avec un régime corrompu qui, assurant l'enrichissement effréné des classes privilégiées, leur imposent des sacrifices, entre autres, sur les salaires, l'emploi, le logement, la santé ou l'éducation dont, au demeurant, les femmes sont les premières à faire les frais. Leur bilan respectif de la dernière élection porte la marque de ce souci d'ouverture hors de la base proprement indépendantiste, qui prend appui sur une autocritique de leurs pratiques récentes et dont il restera à voir comment il s'articulera avec la nécessité de retrouver l'unité de tous les indépendantistes.

Une étude réalisée au lendemain de cette élection fait apparaître une tendance électorale/sociale qui pourrait renforcer ces anticapitalistes dans leur volonté d'ancrer plus socialement et plus largement qu'il n'a été fait leur démarche indépendantiste : En Catalogne, l'indépendantisme progresse dans les zones populaires

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Valoració de les eleccions catalanes del 21D

Analyse des élections catalanes du 21 décembre

[Note : Anticapitalistes est un courant de Podem (Podemos de Catalunya) qui, pour ces élections du 21 décembre, a participé à la coalition Catalunya en Comú.]

Anticapitalistes.cat

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1.- L’executiu de Rajoy queda en evidència havent imposat unes eleccions per via del 155 sense poder materialitzar un govern d’acord als seus interessos amb l’independentisme revalidant la majoria absoluta. Tanmateix, el balanç general que fem de les eleccions no és positiu: Les esquerres transformadores (Comuns i CUP) han viscut un retrocés. Ciutadans, que ja va despuntar el 27S de 2015, ha crescut capitalitzant el vot anti-independentista i s’ha posicionat com la força més votada a Catalunya, en particular als barris i poblacions de l’àrea metropolitana de Barcelona i tarragonès. No hi ha un augment que agregui nous sectors socials significatius al desafiament contra el règim. I no hi ha un canvi en el lideratge d’esquerres, sinó que la dreta catalanista el revalida i surt com l’opció més votada del bloc independentista.

1.- La défaite de Rajoy est une évidence après qu’il a imposé des élections par l’intermédiaire du 155 sans qu’il ait pu concrétiser un gouvernement fidèle à ses intérêts avec la confirmation de la majorité absolue pour l’indépendantisme. Toutefois, le bilan général qui ressort des élections n’est pas positif : les gauches de transformation sociale (les Comuns et la CUP) ont subi un revers. Ciutadans, qui avait émergé lors des élections du 27 septembre 2015, a progressé en capitalisant le vote anti-indépendantiste et s’est positionné comme la force la plus représentative en Catalogne, en particulier dans les quartiers et villes de l’aire métropolitaine de Barcelone et dans le Tarragonais. Il n’y a pas eu d’augmentation qui aurait agrégé de nouveaux secteurs sociaux significatifs pour défier le régime. Et il n’y a pas eu non plus de changement dans le leadership des gauches, sinon que la droite catalaniste revalide son leadership et ressort comme l’option la plus représentative du bloc indépendantiste.

2.- Considerem que abordar les dificultats materials que es desprenien després de l’1-O havia d’implicar, per una banda, una ampliació de les majories socials i de les aliances polítiques, així com, un gir estratègic que permetés un pla per sostindre la ruptura. El context electoral no ha permès madurar-ho i la revalidació del lideratge de la dreta catalanista dificulta enormement la necessitat d’aquest gir. Tanmateix, l’independentisme és avui una força que ha vingut per quedar-se: té una base amplia encara que no sobrepassi el seu sostre i ha sabut mantenir-la tensada en un context d’atacs i persecució política per part del règim.

2.- Nous considérons qu’affronter les difficultés matérielles qui ont surgi depuis le 1er-Octobre, devrait impliquer, d’une part, une extension des majorités sociales ainsi que des alliances politiques, un tournant stratégique qui permette un plan pour engager la rupture. Le contexte électoral n’a pas permis de l’amener à maturité et la confirmation du leadership de la droite catalaniste hypothèque énormément la nécessité d’un tel tournant. Toutefois, l’indépendantisme est une force destinée à durer : il possède toujours une large base qui n’a pas crevé son plafond mais il a su la maintenir en tension dans un contexte d’attaques et de persécution politique de la part du régime.

3.- Precisament per què l’independentisme ha vingut per quedar-se caldrà una reflexió a Catalunya en Comú Podem sobre quin paper jugar en la política catalana. Creiem que l’escenari electoral imposat i plebiscitari era complicat per CatComú. Però mantenir una posició passiva en relació amb el procés els darrers anys i no haver sabut bastir un projecte per Catalunya creïble cara una majoria substancial ha encotillat les potencialitats del projecte. Així i tot, l’espai de Catalunya en Comú Podem expressa a sectors populars no necessàriament independentistes que són aliats per tombar el règim, tant a Catalunya com a la resta de l’Estat. Convertir-ho en un projecte destituent-constituent implantat arreu dels barris populars de Catalunya serà la clau.

3.- Précisément parce que l’indépendantisme est destiné à durer, il faudra que Catalunya en Comú Podem engage une réflexion sur le rôle qu’il joue dans la politique catalane. Nous pensons que le scénario électoral imposé et plébiscitaire était compliqué pour CatComú. Mais maintenir une position passive dans sa relation avec le processus constituant des dernières années et n’avoir pas su bâtir un projet crédible pour la Catalogne face à une majorité substantielle a corseté les potentialités de son projet. Malgré cela, l’espace de Catalunya en Comú Podem s’exprime dans des secteurs populaires qui ne sont pas nécessairement indépendantistes mais sont des alliés pour faire tomber le régime, tant en Catalogne que dans le reste de l’État. Le convertir en un projet destituant-constituant implanté partout dans les quartiers populaires de Catalogne sera la clef.

4.- Encara amb incògnites de com es desenvoluparà la conformació de Govern i els següents passos del procés, però sembla evident que el Règim no s’acontentarà amb els resultats. El mateix 22D es feia públic un informe de les investigacions de la Guàrdia Civil que amenaça novament a les diferents forces polítiques i socials independentistes, a qui enviem tota la nostra solidaritat.

4.- Demeurent encore les inconnues de comment va se développer l’installation du Govern et les étapes suivantes du processus constituant, mais il paraît évident que le Régime ne s’accommodera pas des résultats. Le 22 décembre même, a été rendu public un rapport sur les investigations de la Guàrdia Civil qui menace de nouveau les diverses forces politiques et sociales indépendantistes, auxquelles nous adressons toute notre solidarité.

5.- El 21D ha deixat un resultat que dificulta a les esquerres alternatives dels Comuns i la CUP incidir en l’orientació del procés, així com en impulsar una agenda social. Caldrà superar la lògica de primer la independència i després la resta. La revolta catalana es salda electoralment amb un retrocés que ens interpel·la a una reflexió col·lectiva profunda a les forces de canvi i transformació social per desplegar una estratègia de majories que posi els interessos populars i la seva auto-organització en el centre. L’1 d’octubre va obrir un cicle que no s’ha tancat en aquestes eleccions imposades i que necessitarà l’impuls i organització popular per evitar un tancament restaurador de la crisi de Règim.

5.- Le 21D a donné un résultat qui hypothèque pour les gauches alternatives des Comuns et de la CUP leur capacité à influencer l’orientation du processus constituant, ainsi qu'à impulser un agenda social. Il faudra dépasser la logique du "d’abord l’indépendance ensuite le reste". La révolte catalane se solde électoralement par un revers qui appelle à une réflexion collective les forces du changement et de la transformation sociale pour déployer une stratégie majoritaire qui place au centre les intérêts populaires et leur auto-organisation. Le 1er-Octobre a ouvert un cycle qui ne s’est pas fermé avec ces élections imposées et qui nécessitera impulsion et organisation populaires pour déjouer une fermeture restauratrice de la crise du Régime.

Sur le site de Anticapitalistes : Valoració de les eleccions catalanes del 21D

Traduction du catalan par Pierre Granet du NPA 31 (Toulouse).

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Poble Lliure veut un gouvernement d'unité

[Note : Une des organisations de la gauche indépendantiste qui constituent la CUP, Poble Lliure, a demandé, le jour après les élections que le parti anticapitaliste promeuve un gouvernement d'unité avec Junts per Catalunya et Esquerre Republicana pour revenir sur les “mesures coercitives” du gouvernement espagnol, relancer le processus constituant et configurer les structures d'Etat de la République.]

Communiqué de Poble Lliure- Analyse du 21D

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Avec les élections imposées et illégitimes de ce 21D le fascisme espagnol prétendait valider son coup d'Etat contre les institutions catalanes, en finir avec l'héroïque lutte de notre peuple pour l'indépendance, effacer toute possibilité de transformation républicaine et déployer toute une politique de régression dans le domaine des droits et des libertés. Ils n'y sont pas arrivé!

Les résultats de ce 21D ont démontré, une fois de plus, la ferme volonté du peuple catalan de se constituer en République pour pouvoir construire une société de personnes libres et égales qui nous assure un futur de justice sociale et de radicalité démocratique.

Nous félicitons l'ensemble du bloc républicain d'avoir clairement gagné des élections avec des candidats emprisonnés et exilés, jouant avec des cartes faussées et en évidente infériorité contre un ennemi féroce financé par les élites économiques et qui a pu compter sur le soutien unanime du pouvoir financier et médiatique.

Cependant, il faudra que la CUP et l'indépendantisme de gauche en général fassions une autocritique sur les raisons qui ont empêché d'avancer sur le chemin de la construction d'une hégémonie transformatrice dans le bloc républicain.

Mais aujourd'hui, il convient fondamentalement de féliciter le peuple catalan pour cette nouvelle démonstration de volonté politique inébranlable et de reprendre avec force le chemin stoppé par les forces d'occupation et le coup d'Etat du 155. Il faut affronter la construction définitive de la République Catalane.

Pour cela, Poble Lliure appelle à la constitution d'un gouvernement d'unité républicaine qui ait pour objectif de :

  • Mettre fin à la répression, d'obtenir la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés, le retrait des forces d'occupation et la substitution de l'actuelle “judictature” franquiste espagnole par un appareil judiciaire véritablement indépendant et démocratique.

  • Déployer les lois et mesures sociales censurées par le gouvernement espagnol et ses tribunaux. De travailler pour la justice sociale, l'égalité et la cohésion de notre peuple avec des budgets clairement redistributeurs des richesses,

  • Déployer un processus constituant participatif et populaire par lequel de chaque quartier, ville, village et région, de chaque association et collectif social, les citoyens puissent définir les bases de la nouvelle République Catalane,

  • Construire, main dans la main avec la société civile et le peuple organisé, les structures nécessaires pour déployer le projet politique républicain, en faisant face à l'inévitable confrontation démocratique avec un Etat espagnol chaque jour plus autoritaire et catalanophobe.

  • Obtenir la reconnaissance internationale de la République Catalane, avec une politique de relations multilatérales basées sur la coopération mutuelle, la réciprocité et la coresponsabilité.

Unité, fermeté et mobilisation! Vive le peuple! Vive la terre!

Pays Catalans, 22 décembre 2017

Traduction du catalan par Xavier Claret du NPA 31 (Toulouse)

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Endavant

Analyse des résultats électoraux du 21D

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[Note : Endavant, l'organisation de la Gauche Indépendantiste [membre de la CUP], a demandé au président Carles Puigdemont de clarifier sa stratégie pour matérialiser la République avant de parler d'un éventuel «gouvernement républicain» qui inclurait les trois partis indépendantistes. Elle demande également que cessent les pratiques "secrètes" des décisions gouvernementales, ainsi que le chantage du "tout ou rien" exercé sur la CUP.

"L'indépendantisme a pu résister à cette offensive (de l'Etat espagnol ndlr) et obtenir une deuxième victoire électorale consécutive dans une élection régionale, qui s'ajoute à la victoire sociale et électorale du référendum du 1er octobre", rappelle le communiqué d'Endavant. Elle ajoute que l'objectif du gouvernement espagnol - vaincre l'indépendance et mettre en place un gouvernement avec des partis unionistes - a échoué.
Cependant, Endavant évite le triomphalisme et dit qu'il n'y a pas un rapport de forces suffisant pour transformer la victoire électorale en une république indépendante. "L'indépendance a toujours le même problème que celui posé le 27 octobre."

Elle dit aussi que les résultats électoraux indiquent que Carles Puigdemont doit expliquer comment la République est censée se matérialiser, expliquer les stratégies pour inverser le rapport de forces et dire s'il entend maintenir la voie unilatérale - la grande revendication de la CUP pendant la campagne électorale - ou gérer l'autonomie, maintenir le conflit politique avec l'Espagne et forcer une négociation. "On ne peut plus demander une confiance aveugle à un peuple qui a physiquement défendu ses droits fondamentaux", insiste l'organisation.

En ce qui concerne les résultats électoraux, Endavant soutient que l'indépendantisme doit faire une proposition politique claire et concrète sur les services publics, les retraites, le logement, les salaires et les conditions de travail pour briser les « digues d'isolement» que l'espagnolisme a dressé contre le projet républicain. Il dit ceci en référence à la victoire de Ciutadanos et à sa capacité à capter le vote des classes populaires en brandissant l'argument identitaire.]

Le gouvernement espagnol a convoqué les élections autonomes dans le but de vaincre électoralement « l’indépendantisme » et de remplacer le gouvernement autonome par un nouveau gouvernement formé par des partis « unionistes ». A la lecture des résultats, le gouvernement espagnol a échoué.
L' indépendantisme a pu résister à cette offensive et obtenir une deuxième victoire électorale consécutive dans les élections autonomes, qui s'ajoute à la victoire sociale et électorale du référendum du 1er octobre.

Comment concrétiser la République ?

Cependant, l’indépendantisme a toujours le même problème que celui qu'il s'est posé le 27 octobre. Bien qu'il y ait une majorité sociale contrastée en faveur du projet indépendantiste, il n'y a pas de rapport de forces suffisant, ni avec l'État espagnol, ni même au sein de l'indépendantisme, pour pouvoir transformer ces victoires électorales et cette majorité sociale en une république indépendante

Les résultats électoraux ont récompensé, dans le domaine de l'indépendantisme, la candidature de Carles Puigdemont. C'est donc lui qui est chargé de répondre comment se concrétise la République. C'est lui qui doit expliquer quelles stratégies il propose pour inverser le rapport des forces qui empêche actuellement la République de se matérialiser. C'est lui qui doit répondre sincèrement s'il entend maintenir une voie unilatérale pour matérialiser la République ou bien si sa stratégie est de gérer l' « autonomie » et de maintenir un conflit politique avec l’État espagnol pour forcer un processus de négociation. C'est lui qui doit répondre avec sincérité s'il considère que le « processus constituant » ne peut se faire qu'après la rupture (avec l'Etat espagnol ndlr), ou s'il faut transformer le « processus constituant » en un débat politique collectif sans traduction effective dans le cadre de la gestion autonome. On ne peut plus demander une confiance aveugle à un peuple qui a physiquement défendu ses droits fondamentaux.

Par conséquent, nous considérons que parler de «gouvernement républicain» sans avoir ces réponses est une erreur et c'est retomber dans le piège émotionnel qui exploite les peurs de l'indépendantisme à travers l'épouvantail de l'échec par "manque d'unité ». Nous croyons que la gauche indépendantiste ne peut affronter le débat sur le "gouvernement républicain" que lorsqu'elle aura la réponse sur la stratégie que Carles Puigdemont propose, publiquement et de manière transparente, en évitant la pratique du « secret » des temps récents et les décisions prises à huis clos au Parlement, qui ont conduit à du chantage et à l'alternative du "tout ou rien".

Les résultats d'un point de vue des gauches

Les résultats électoraux ne permettent pas de montrer la véritable dimension de la volonté de changement social dans un sens de gauche, puisqu'il ne s'est pas automatiquement traduit en vote pour des options qui ont un programme explicite de changement social. Ainsi, une grande partie des électeurs d'ERC et de JxCAT ont adopté un discours anti-oligarchique et une critique de l'UE étrangères à ces deux traditions politiques. De la même manière, Ciutadanos a complètement occulté son programme néolibéral pour apparaître comme le vote utile et circonstanciel afin d'arrêter l'indépendance.

Ce qui est évident c'est qu'avec ces résultats électoraux, la capacité de défendre les revendications de gauche sera plus réduite dans le débat parlementaire, cependant l'expérience des cinq dernières années nous montre que cette capacité dépend beaucoup plus du conflit qui peut être généré dans la rue que du rapport de forces parlementaire. Les décrets et lois suspendus par le Tribunal Constitutionnel sur la pauvreté énergétique, le logement, la fracturation (des sols ndlr) ou les taxes nucléaires ont été publiés en 2012-2015, lorsque le poids déterminant de la gauche au parlement était plus faible, mais la mobilisation dans la rue était beaucoup plus élevée.

En ce qui concerne les résultats électoraux de Ciutadans , nous notons sa capacité, alimentée par les médias, à capter les votes de droite et de gauche, dans les zones riches et les zones pauvres, sur la base de la capitalisation de l'identité nationale espagnole.

La candidature de Ciutadans a recueilli un nombre de voix que le PSOE et le PP ensemble auraient difficilement pu atteindre, vu leur bilan après neuf années de crise. Nous croyons que cette victoire est basée sur deux facteurs, et dans chaque cas, il n'y a aucune recette magique pour inverser la tendance. D'une part, la puissance et les racines de l'identité nationale espagnole parmi de larges secteurs de la population catalane. D'autre part, la faible crédibilité des discours de gauche dans un contexte de disparition ou de minorisation des organisations populaires dans les quartiers ouvriers de la métropole. Ces deux facteurs permettent à Ciutadans actuellement de capitaliser dans les Pays Catalans sous administration espagnole ; ceci est similaire aux processus existant dans d'autres pays européens et auxquels la gauche catalane a souvent accordé peu d'attention.

Nous rejetons catégoriquement le discours qui accuse l'indépendantisme, et en particulier la CUP, de la montée de Ciutadans. Et nous rejetons également la thèse selon laquelle, si le conflit national n'avait pas été ouvert, les forces de gauche auraient été les gagnantes des élections. Croire cela c'est en premier lieu nier toute option d'un programme de rupture - qui génère toujours de fortes oppositions, et très souvent d'une partie des classes populaires. Et deuxièmement, c'est fermer les yeux sur la preuve qu'après l'expérience estivale grecque de 2015, les programmes politiques de la gauche souverainiste ont d'énormes difficultés à générer des adhésions et de la crédibilité.

Dans cette situation, les résultats électoraux démontrent à nouveau la nécessité pour le projet de la République d'avoir un programme clair d'amélioration des conditions de vie matérielles. Ce n'est qu'à partir d'une proposition politique claire et spécifique qui traite de questions structurelles telles que les services publics, les retraites, le logement, les salaires et les conditions de travail du point de vue du recouvrement des souverainetés qu'il sera possible de briser les digues d'isolement que les différentes factions de l'espagnolisme ont su mettre face à l'expansion du projet indépendantiste.

Évaluation des résultats électoraux de la CUP-Crida Constituent

Les résultats électoraux que la CUP-Crida Constituent a obtenus sont de mauvais résultats électoraux. En effet, nous avons perdu de la force et des possibilités dans notre position déterminante dans l'articulation des majorités parlementaires. Et nous n'avons pas été en mesure d'atteindre de nouveaux secteurs de l'électorat situés en dehors du bloc indépendantiste. Atteindre ces deux objectifs était très important pour inverser le rapport de forces, concrétiser la rupture et matérialiser la République le 1er octobre.

En revanche, nous devons souligner que, malgré le contexte électoral défavorable à tous égards, près de 200 000 personnes ont opté pour la CUP-CC. C'est sur cette base que nous pouvons construire de nouvelles étapes et nous devons leur fournir des outils d'encadrement, de participation et d'auto-organisation qui aillent au-delà du vote tous les quatre ans ou de la participation passive aux réunions ouvertes de la CUP.

À notre avis, les mauvais résultats électoraux ne proviennent pas d'une défiance envers la stratégie de la CUP-CC sur l'autodétermination, mais plutôt de facteurs liés à la situation de l'offre électorale.
Le vote perdu par la CUP-CC a été un vote qui a largement choisi de renforcer les options majoritaires pour la lutte contre Ciutadans et aussi d'exprimer la logique anti-répressive et anti-155. Mais ce même vote qui, à la fin, n'a pas opté pour la CUP, croit très fortement que la CUP a été décisive pour le 1er octobre et le 27 octobre et approuve le travail effectué par la CUP en matière d'autodétermination dans cette dernière législature. Ceci n'est pas seulement l'appréciation subjective que reçoit notre militantisme dans les conversations quotidiennes de ces derniers jours, mais aussi ce qui se reflète dans toutes les études d'opinion des dernières semaines, où l'indice de sympathie et la valorisation des représentants de la CUP est très élevé dans une grande partie de l'électorat indépendantiste.

Il y avait un large consensus au sein de la gauche indépendantiste sur l'hypothèse que, pour avoir joué un rôle clé dans l'appel au référendum , nous allions capitaliser électoralement. Cette perception s'est révélée fausse. Dans un contexte où nous avons poussé le gouvernement autonome, avec la reconnaissance et l'approbation de la majorité de l'indépendantisme, à maintenir le conflit ouvert avec l’État espagnol, cette majorité indépendantiste a choisi de renforcer électoralement ce gouvernement autonome. Au contraire, nous sommes convaincus que si Puigdemont avait appelé à des élections le 26 octobre, les résultats de la CUP-CC auraient dépassé ceux obtenus en 2015. Mais une défaite de l'indépendantisme aurait été très difficile à surmonter, et d'excellents résultats électoraux de la CUP-CC n'auraient pas servi à grand chose.

Corriger les erreurs, continuer la construction de l'unité populaire

Par conséquent, nous croyons que nous devons mener un processus d'analyse approfondie des causes qui ne nous ont pas permis d'atteindre les objectifs politiques que nous nous étions donnés lors de ces élections ; et aussi nous devons analyser comment mener des tactiques politiques et organisationnelles qui nous permettent de construire et d'amplifier l'unité populaire.

Aujourd'hui, nous pouvons dire que l'obtention de bons résultats dans le contexte dans lequel nous étions, était très difficile. Mais nous croyons que nous pouvons déjà signaler certaines erreurs qui, si elles n'avaient pas été faites, nous auraient sûrement permis de nous rapprocher de nos objectifs. Ces erreurs ne peuvent être attribuées exclusivement à la conception technico-propagandiste de la campagne électorale, mais proviennent essentiellement d'inerties et d'approches en cours il y a deux ou trois ans.

Nous croyons avoir commis principalement quatre erreurs:

  • Ne pas avoir su mettre notre projet de rupture au centre du débat politique, de sorte qu'il interpelle et mette en contradiction les forces majoritaires, renforçant ainsi l'idée que voter pour la CUP-CC était essentiel pour garantir la concrétisation de la République
  • Des listes électorales exclusivement CUP, en les fermant au reste du bloc indépendantiste , nous ont empêché de gagner de nouveaux secteurs électoraux. La conjoncture anti-répressive et la logique de collaboration avec le gouvernement (catalan) depuis l'adoption des budgets 2017 ont rendu difficile la réaffirmation de l'image de la CUP en tant qu'organisation qui attaque de front les politiciens corrompus et les puissances de fait, en particulier dans ces secteurs de la société qui ne partagent pas le discours majoritaire indépendantiste.
  • Une présentation du discours électoral ayant mis l'accent sur les aspects démocratiques au détriment des aspects matériels du conflit ouvert avec l’État espagnol. Nous avons cru, parce que nous avons souffert, que la répression et le rétrécissement des droits démocratiques de la population seraient un moteur assez puissant pour pouvoir atteindre de nouveaux secteurs, mais cela n'a pas été le cas. L'effet de la propagande télévisée sur le "putsch séparatiste" a contrecarré les images le 1er octobre. D'un autre côté, un discours beaucoup plus centré sur les aspects matériels, beaucoup plus anti-oligarchique et une attaque contre le pouvoir économique, aurait permis de rendre plus difficile le discours espagnoliste.
  • Un renoncement implicite à aller défier Ciutadans sur le terrain d'un vote jeune, urbain et ouvrier. Ceci, en outre, nous aurait permis de donner un air nouveau à notre discours et de résoudre une bonne partie des insuffisances causées par les erreurs précédentes, car cela nous aurait contraint à rompre la logique discursive de l'indépendantisme majoritaire et à introduire beaucoup plus d'aspects matériels dans le discours politique.

Les causes de ces quatre erreurs sont à rechercher dans les inerties politiques que nous traînons depuis plus de deux ans. Nous pensons que ce sont :

  • La démobilisation des structures d'auto-organisation sociale construites entre 2010 et 2013, qui avaient tant d'importance dans le succès électoral de 2012, a rendu difficile la poursuite de l'intégration de nouveaux secteurs sociaux dans la construction de l'unité populaire.
  • Un discours et une pratique de plus en plus recluse et endogène dans la sphère parlementaire. Dans cette deuxième législature, nous avons eu du mal à amplifier les problématiques de la rue à travers le haut-parleur parlementaire. Cela a été le résultat à la fois d'une démobilisation de la rue et d'une inertie qui a trop centré le travail de la Gauche indépendantiste sur la sphère institutionnelle, qu'elle soit municipale ou autonomique.
  • Malgré la critique de l'indépendantisme « magique », nous avons pratiqué le «processus-constituantiste» magique. Autrement dit, nous avons subordonné les problèmes de classe qui provoquaient des contradictions dans notre tactique d'autodétermination à un processus constituant qui devait tout résoudre. Nous croyons que cela nous a éloignés d'une crédibilité et d'un travail plus rigoureux sur différents fronts de lutte sociale.
  • La difficulté à exposer des projets et des stratégies politiques alternatifs ou antagonistes à l'indépendantisme majoritaire sans que ce soit un conflit interne qui finisse par brouiller ces propositions et l'image du mouvement lui-même. Au-delà des décisions conjointes avec la candidature de Junts pel Sí et les votes tactiques de chaque moment, la critique des différentes démarches entreprises par les deux formations majeures que comprenait la candidature (ERC et PDeCAT) avec lesquelles nous n'étions pas d'accord, a été trop souvent une action interne et les principales divergences avec certains paris du gouvernement n'ont pas été exposées publiquement.

Toutes ces erreurs et inerties nous interpellent et sont de la responsabilité de tous les militants et de toutes les organisations du mouvement, et quant à Endevant, nous les assumons avec toutes leurs conséquences. Bien que certaines d'entre elles aient déjà été mentionnées ci-dessus, nous n'avons pas eu la capacité ou l'opportunité de les corriger dans la pratique. Maintenant il est temps de les résoudre tous ensemble.

Et bien que les résultats n'aient pas été bons, nous pensons que nous ne devons pas perdre de vue le fait que le rôle de la gauche indépendantiste au Parlement a été déterminant pour pouvoir engager la bataille que notre peuple mène contre l’État espagnol. Si nous n'avions pas remis en cause la présidence d'Artur Mas, ni fait une lecture critique du 9N, ni fait pression pour l'organisation du référendum et pour sa réalisation concrète ... nous avons la conviction que le scénario que nous vivrions aujourd'hui ne serait pas le scénario actuel, mais plutôt un scénario beaucoup plus défavorable aux intérêts du projet indépendantiste de gauche. Nous avons là, dessinée, la tâche qui, nous le croyons, continuera d'être assumée par les députées et les députés de la CUP-CC au parlement de Catalogne.

Països Catalans, 2 janvier 2018

Sur le site de Endavant : Valoració dels resultats electorals del 21D

Traduction du catalan par Antoine Puig-Caixas, Loire

L'ensemble de ces documents se trouve réuni ici : República Catalana: Valoració dels resultats electorals del 21-D, Endavant (CUP), Poble Lliure (CUP), Anticapitalistes.cat (CenC)

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 A lire aussi : la résolution adoptée par la CUP en novembre dernier Catalunya. La CUP (Candidature pour l'Unité Populaire) fait le point de la situation