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Un Indien de moins
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https://lundi.am/Un-Indien-de-moins-par-Jeremy-Rubenstein
Argentine : après Santiago Maldonado, Rafael Nahuel meurt d’une balle dans le dos lors d’une opération policière.
Le 11 septembre dernier, nous publiions [un article à propos des manifestations qui secouaient l’Argentine depuis la disparition d’un jeune militant : Santiago Maldonado]. Quelques semaines plus tard, et alors que le corps du jeune venait d’être retrouvé, notre envoyé spécial à Buenos Aires, Jérémy Rubenstein, revenait sur la manière dont la société argentine s’était divisée, entre dignité et infâmie à cette occasion. Le 24 novembre, des médecins légistes ont abouti à la conclusion que le jeune homme n’aurait peut-être pas subi de tortures avant son décès. Dès le lendemain, alors que plusieurs forces de police s’attaquaient à une communauté mapuche, un jeune homme était assassiné d’une balle dans le dos à bout portant, il s’appelait Rafael Nahuel, il était indien.
Le 24 novembre dernier, l’équipe de médecine légale rendait enfin les résultats de ses enquêtes sur le corps de Santiago Maldonado. Les estimations (divergentes selon les experts de l’équipe, donc davantage crédibles) sur le temps que le corps a passé sous l’eau, ainsi que l’absence de marque de sévices corporelles, sont les éléments qui tendent à infirmer l’hypothèse d’une séquestration suivie d’un assassinat (que je suggérais très fortement dans un précédent texte). Il reste possible qu’il soit mort suite à une immersion forcée, mais il est fort improbable qu’il ait été auparavant séquestré. Disons que nous pouvons être soulagé de savoir qu’il soit seulement mort et non pas longuement torturé, ce qui en dit long sur le degré de violence institutionnelle actuelle.
Le lendemain, samedi 25 novembre, je vous écrivais à lundimatin pour rendre compte de cette mise à jour. Cette rectification ne change en rien la responsabilité de la Gendarmerie dans la mort du jeune homme qui a secoué le pays durant trois mois (qu’il se soit noyé ou qu’il ait été noyé, l’attaque des gendarmes est la cause incontestable de cette mort). Pas plus qu’elle ne change l’ignominie de la plupart des médias et de la communication officielle, ni d’ailleurs celle d’une moitié des Argentins durant cette même période (décrite dans le texte antérieur).
Alors que je cherchais les mots pour faire part des nouveaux éléments d’enquête et bien circonscrire le changement qu’ils apportaient, et alors que le corps de Maldonado était enfin enterré par sa famille, des informations inquiétantes provenaient de la région de Bariloche en Patagonie. Plusieurs forces de Police s’attaquaient à une communauté mapuche depuis deux jours et, ce samedi, un jeune homme était assassiné d’une balle dans le dos à bout portant. Le lien avec l’affaire Maldonado était évident, puisque les deux morts s’inscrivent dans le conflit pour la récupération d’une partie (infime) des immenses terrains spoliés par l’Etat qui les a bradés essentiellement à des multinationales.
Néanmoins, le lendemain, dimanche 26 novembre, j’ai pu mesurer toute la différence entre la mort d’un blanc et celle d’un Indien. J’allais sur la Place de Mai pour participer à la protestation contre la violence institutionnelle et la mort de Rafael Nahuel (le jeune homme assassiné la veille). Le contraste ne pouvait être plus saisissant avec les grandes mobilisations qui ont agité la place contre la disparition de Santiago Maldonado : quelques organisations de gauche agitaient leurs drapeaux sur une partie congrue de la place, tandis qu’on cherchait à préciser le nom de la victime (était-ce Rafael ou Nahuel en fin de compte ?).
La mobilisation (ou plutôt son absence) contre ce nouvel assassinat laissait voir une autre fracture, plus évidente mais moins perçue par un blanc comme moi, entre Indiens et colons. Si Santiago avait tant ému Buenos Aires c’est aussi parce qu’il était un Blanc qui avait adopté la cause des Mapuches, à l’image d’un Guevara abandonnant le confort de sa classe moyenne argentine pour devenir le Che révolutionnaire latino-américain. En revanche, l’homicide d’un Indien ne suscite qu’une vague indignation chez les mêmes qui venaient remplir la place pour Santiago. Chez les autres (gouvernement, médias dominants, etc.), c’est pire encore : rien de plus légitime que d’abattre cet ennemi territorial ancestral. La vice-présidente Gabriela Michetti a ainsi probablement bien exprimé le sentiment de ces Argentins qui se vivent comme des John Wayne à Fort Apache, en décrivant à sa manière l’assassinat de Rafael Nahuel :
— La Préfecture a répondu à une attaque. Ils ont attaqué avec des armes… Il y a des armes.
— Des armes ?
— Mais bien sûr, ils ont des lances et… heu, des lance-pierres.
(La Noche de Mirtha, Canal Trece, 02/12/2017.)