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Un député MoDem condamné pour harcèlement sexuel

Lien publiée le 25 février 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.lepoint.fr/societe/un-depute-modem-condamne-pour-harcelement-sexuel-23-02-2018-2197432_23.php

INFO LE POINT. Thierry Robert va devoir verser de lourds dommages et intérêts à l'une de ses assistantes parlementaires, qui avait saisi les prud'hommes.

Les hommes réunionnais sont « très chauds », « je t'emmènerai sur ma moto à La Réunion, tout le monde croira que tu es ma maîtresse », « tu es sexy »… En 2013, Marie*, assistante parlementaire de Thierry Robert, député MoDem de La Réunion, en a eu marre du harcèlement de son employeur et a décidé de l'assigner en justice. Le 15 février dernier, la cour d'appel de Paris a condamné l'élu à lui verser d'importants dommages et intérêts : 10 000 euros pour harcèlement sexuel, 10 000 euros pour harcèlement moral, et 20 000 euros pour rupture abusive du contrat.

Les faits se passent entre le 1er septembre 2012 et le 30 octobre 2013. Ce jour-là, Thierry Robert demande brutalement à Marie de quitter son bureau à l'Assemblée nationale et lui signifie sa mise à pied. Marie, très affectée, tombe en arrêt maladie avant de saisir les prud'hommes quelques mois plus tard. La collaboratrice réclame le paiement de ses heures supplémentaires et se plaint de l'attitude déplacée du député à son égard.

Logés dans un appartement insalubre

Comme cette semaine d'août 2013, où l'élu fait venir ses deux assistants parlementaires parisiens à La Réunion. Il les loge dans un appartement qui lui appartient, totalement insalubre, selon Marie. Sale et en désordre, pas d'eau chaude ni de gaz, infesté de cafards. L'assistante le fait remarquer à Thierry Robert, qui lui réplique : « Ça a bac + 5 et ça ne sait pas brancher une bonbonne de gaz ? » L'assistante lui reproche également cette remarque humiliante lâchée publiquement lors d'une réunion au ministère du Tourisme en septembre 2013 : « Mais à quoi vous servez ? Vous faites de la présence, c'est ça ? »

Mais à quoi vous servez ? Vous faites de la présence, c'est ça ?

Le député se serait également montré très insistant. Damien*, un assistant, lui aussi en procès avec Thierry Robert, témoigne ainsi de l'avoir entendu dire à Marie, un jour de février 2013, qu'il avait rêvé d'elle pendant la nuit. Et qu'il ne préférait pas lui détailler son rêve, parce que cela risquerait de la choquer… Le député aurait ainsi conseillé à la jeune femme de ne pas se marier, qu'elle allait le « regretter », que les hommes réunionnais étaient « très chauds ».

Des dizaines de milliers d'euros d'indemnités

Plusieurs personnes ont également écrit, dans une attestation donnée à la justice, que Thierry Robert demandait régulièrement à son assistante de porter des jupes. Tandis qu'il reprochait à Damien de ne pas savoir « s'y prendre » avec les femmes. Condamné par la cour d'appel de Paris à verser de lourdes indemnités à Marie (plus de 46 000 euros), Thierry Robert a également été condamné à verser à Damien, son autre assistant parisien, plus de 34 000 euros.

Le député de La Réunion connaît par ailleurs des démêlés avec le fisc. La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), qui a transmis son dossier au parquet de Paris début février, soupçonne l'élu d'avoir omis « une partie substantielle de son patrimoine » dans sa déclaration. Et de confondre ses fonctions publiques avec des mandats dans le privé, qui n'apparaissent pas toujours parfaitement compatibles. Fin 2017, le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, l'a ainsi rappelé à l'ordre après avoir constaté qu'il publiait de la publicité pour ses sociétés immobilières sur la page Facebook consacrée à son mandat de député.

Contacté, l'avocat de Thierry Robert ne souhaite pas faire de commentaire. Quant au député, il n'avait pas répondu à nos sollicitations à l'heure de publication de cet article.

* Les prénoms ont été changés

Mise à jour 23 février 2018, à 17 h 22 : Thierry Robert a contacté « Le Point » et fait savoir : 

« Je trouve cette affaire totalement injuste, même si la justice en a décidé, comme vous le savez. Je n'ai pas envie de me cacher, même si ça m'agace au plus haut point et ça me désole de voir que cette décision a été prise. Je vais vous faire l'historique. Tout est parti du fait qu'un jour j'ai dit, lorsqu'il y avait l'affaire Cahuzac, que je touchais 90 000 euros par mois dans le cadre de mes affaires personnelles. Mes deux attachés ont changé d'attitude à mon égard, et m'ont demandé une augmentation, que j'ai refusée. Il y a eu une réunion à Paris au ministère de Bercy et ils (mes assistants, NDLR) devaient rapporter un dossier. Ils ne l'ont pas fait. Je n'étais pas content, très mécontent. En rentrant à l'Assemblée nationale, je leur ai dit : à mon prochain passage à Paris, il faut qu'on en parle. Et je suis allé prendre mon avion. Même pas une semaine après, je reçois un courrier disant qu'ils vont porter plainte pour harcèlement moral et harcèlement sexuel, pour la fille. Je me suis rendu à Paris immédiatement. Je les ai entendus et je les ai licenciés parce que je considérais que c'était du chantage pour avoir de l'argent. Partant de là, mon avocat a appelé leur avocat qui m'a demandé 150 000 euros par personne. Chose, bien sûr, qu'on a refusée immédiatement. On a porté plainte auprès du procureur de Paris pour chantage. Le procureur a considéré qu'il n'y avait pas suffisamment d'éléments et il a décidé de classer l'affaire. Ils n'ont pas porté plainte au pénal, car ils savent très bien qu'au pénal il faut des preuves. Ils se sont donc contentés d'aller aux prud'hommes.

Tout ce que j'avais dit a été balayé d'un revers de main. J'aurais pu m'en arrêter à là. J'ai décidé d'aller en appel, car j'ai considéré qu'on ne pouvait pas donner de l'argent à des gens alors que rien n'était fondé. Je le dis avec véhémence. Je suis très en colère, je vous le dis cash. Damien* a décidé de retirer l'élément de harcèlement moral. Et elle (Marie, NDLR), elle a maintenu harcèlement moral et harcèlement sexuel. Et, alors qu'il n'y a aucun élément dans le dossier, rien, aucun élément qui prouve qu'il y a harcèlement. À tel point qu'il n'y a aucun élément probant si ce n'est les termes de harcèlement sexuel. Je suis en train de voir avec mon avocat. Je me pose une question d'importance extrême. En l'occurrence : comment la justice peut condamner alors qu'il n'y a aucune preuve ? J'ai une bande audio que j'ai enregistrée lorsque je les (mes assistants, NDLR) ai entendus avec mon avocat. Marie* disait que je ne passais pas suffisamment de temps à Paris. Je lui ai demandé si elle se rendait compte que ses accusations étaient extrêmement graves. Elle ne m'a pas répondu. Ils voulaient absolument racler de l'argent. Dans leur plaidoirie, ils ont fait allusion à ce qui se passe en Amérique avec les faits de harcèlement. Mais moi, j'ai ma conscience extrêmement tranquille. Je n'ai jamais eu une quelconque attitude qui puisse laisser entendre quoi que ce soit. À partir du moment où quelqu'un accuse, c'est forcément vrai. Même quand ce n'est pas vrai, on est forcément condamné. Les propos d'une femme, c'est forcément vrai par rapport à un homme qui serait soi disant un harceleur permanent. Il y a un vrai souci. Comment la justice peut condamner sans preuve ? C'est extrêmement grave pour les hommes. » Thierry Robert r éfléchit à un pourvoi devant la Cour de cassation.