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"Offre de soins" : La contre-réforme de la santé est en marche
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://www.anti-k.org/2018/02/22/%E2%80%89offre-de-soins%E2%80%89-contre-reforme-de-sante-marche/
Le 13 février, depuis l’hôpital d’Eaubonne, le Premier ministre Philippe, et la ministre de la Santé Buzyn ont annoncé l’ouverture de cinq « chantiers » pour réformer le système de santé. Pour le Figaro, une « révolution de l’offre de soin » est en préparation, pas moins !
À y regarder de plus près c’est plutôt d’une contre-réforme qu’il s’agit. Elle complète la déferlante des attaques engagées par Macron et son gouvernement depuis leur arrivée au pouvoir. Là comme ailleurs, l’exécutif entend aller très vite. La « concertation » doit durer de mars à mai, en vue de décisions avant l’été. Sur ce front aussi, il est urgent de construire la riposte en s’appuyant sur les luttes qui se multiplient dans le secteur.
Un système en crise
Depuis l’automne, pas une semaine ne passe sans que la crise du système de santé ne se manifeste au grand jour. La « maltraitance institutionnelle », produit de l’austérité et du management libéral, frappe les usagerEs comme les professionnelEs. Les conditions d’accueil et de soins dégradées dans les EHPAD, en psychiatrie, dans les hôpitaux généraux, les CHU font quotidiennement la « une » des médias. L’épuisement professionnel généralisé, qui aboutit à de plus en plus de suicides, est reconnu dans des rapports parlementaires ou ministériels. Les luttes des salariéEs se multiplient pour résister, même si elles restent le plus souvent dispersées. Les déserts médicaux, desquels disparaissent progressivement les cabinets médicaux et les services hospitaliers de proximité, s’étendent. La santé devient une question politique que le pouvoir ne peut éluder.
Mais loin de remettre en cause les politiques libérales qui ont abouti à la crise actuelle, le gouvernement entend exploiter celle-ci pour pousser les feux des contre-réformes entamées par ses prédécesseurs. Telle est la trame des cinq « chantiers » annoncés le 13 février : « qualité et pertinence des soins », « modes de financement et rémunération », « virage numérique », « formation et qualité de la vie professionnelle », « organisation territoriale des soins ».
Réponses ultralibérales
Sous des apparences techniques, les « chantiers » de Buzyn-Philippe, n’ont d’autre but que la mise en œuvre des projets macroniens de casse et de privatisation des services publics, de remise en cause des garanties collectives des salariéEs.
Ainsi en va-t-il de la « pertinence » des actes et de leur « qualité ». La ministre agite depuis des semaines le chiffon rouge des « 30 % d’actes inutiles » qui seraient pratiqués par le système de santé. Mais en finir avec la multiplication d’examens ou d’actes inutiles supposerait l’instauration d’un seul et unique service public assurant une prise en charge globale (préventions, soins, suivi), à l’opposé des projets gouvernementaux confiant aux professionnels libéraux la coordination des soins, en cherchant à les intéresser financièrement au rationnement de ceux-ci.
Assurer partout la qualité des soins supposerait l’augmentation des effectifs hospitaliers. Pour la ministre il s’agit au contraire de justifier, au nom d’une « qualité insuffisante », l’accélération des fermetures de services et d’établissements.
À la rubrique de la « qualité de la vie professionnelle », il est en réalité question d’en finir avec le statut de la fonction publique et d’instaurer une rémunération « au mérite ».
L’arnaque de la « concertation »
La ministre annonce aussi la fin de la « tarification à l’acte », qui transformait l’hôpital en une entreprise « rentable ». Il est certes cocasse et réjouissant de voir ce gouvernement, grand défenseur de l’économie de marché et des bienfaits de la gestion d’entreprise, dénoncer leurs effets pervers, et démontrer qu’ils ne permettent pas la satisfaction des besoins sociaux. Mais il ne s’agit nullement pour Macron, Philippe et Buzyn de répondre aux besoins réels, ce qui voudrait dire mettre fin à l’austérité : il s’agit d’imposer aux hôpitaux des contraintes budgétaires supplémentaires.
Alors que le cadre des contre-réformes est déjà fixé, la concertation annoncée le 13 février autour des « chantiers », n’a d’autre but, comme pour les ordonnances sur le code du travail, que d’engluer dans des discussions inutiles les directions syndicales et de paralyser toute riposte. Là comme ailleurs l’heure n’est pas à débattre avec le gouvernement, mais à préparer la riposte dès maintenant, professionnelEs et usagerEs unis, comme lors de la mobilisation des EHPAD, pour faire déferler des « marées blanches » et mettre en échec les projets gouvernementaux.
Jean-Claude Delavigne