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La France insoumise ne parvient pas à rassembler les antinucléaires

France-Insoumise nucléaire

Lien publiée le 9 mars 2018

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La France insoumise a lancé une campagne pour la sortie du nucléaire, avec une première votation dimanche 11 mars. Les appels à « l’ouverture » lancés par ce parti ne dissipent pas la circonspection des associations et autres formations politiques envers cette campagne.

Les dimanches 11 et 18 mars aura lieu une votation sur le nucléaire organisée par la France insoumise. « Nous avons voulu ouvrir le plus largement possible le comité de pilotage de la votation citoyenne aux associations et aux autres partis politiques », annonçait un porte-parole de la France insoumise (FI) lors d’une conférence de presse, lundi 5 mars. Avant d’ajouter : « D’ailleurs, les couleurs de la France insoumise n’apparaissent pas sur le site de la campagne. »

L’enjeu est de poids : le résultat de la votation a pour but, comme l’explique la députée FI Mathilde Panot, de « pousser le gouvernement à une décision politique immédiate sur la sortie du nucléaire ». Pourtant, nombre d’associations et de partis politiques mentionnés lors de cette conférence ne partagent pas l’enthousiasme du mouvement. L’ouverture est au mieux jugée mitigée, au pire, inexistante.

Martial Château, administrateur du réseau Sortir du nucléaire, auditionné dans le cadre de la votation, loue la politique d’ouverture de la France insoumise : « La position du réseau était d’écouter ce qu’on nous proposait. On a trouvé que l’initiative était un excellent support pour discuter de la sortie du nucléaire. C’est rare, et bienvenu, pour un parti politique. » Mais il admet que le projet a provoqué des remous au sein de l’association : « Du fait du statut fédéral du réseau, plusieurs personnes ont décidé de se tenir à l’écart de la France insoumise. Nous ne pouvions pas, en tant que réseau Sortir du nucléaire, co-organiser la campagne. Les engagements n’ont été pris qu’à titre individuel. »

« Ce n’est pas une campagne qui a été pensée de manière collective » 

Comportant elle aussi des personnes auditionnées, l’association Greenpeace se montre plus sceptique. « Nous avons été contactés, mais nous n’avons pas souhaité devenir co-organisateurs, explique Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. Greenpeace doit garder son indépendance vis-à-vis des partis politiques. Ce qui veut dire que nous acceptons d’apporter des informations aux formations politiques et de nous positionner comme experts, mais pas de devenir partenaires d’un parti en particulier. »

Une position que rejoint Aurore Lalucq, porte-parole du parti fondé par Benoît Hamon, Génération-s : « Lorsque la France insoumise nous a contacté, nous avons consulté les ONG avec qui nous avons l’habitude de travailler. Nous avons estimé que ces dernières menaient depuis longtemps un travail de long terme, et qu’il ne fallait pas les court-circuiter avec une votation citoyenne. C’est pourquoi nous n’avons pas rejoint le comité de pilotage. » La porte-parole précise la stratégie de Génération-s : « Nous sommes bien évidemment pour la sortie du nucléaire, mais nous pensons qu’il faut proposer un plan économique et social plus cohérent, au sein duquel le sujet trouverait sa place, de concert avec les ONG. Nous n’avons pas à nous substituer à elles. »

La crainte d’une sorte de préemption de la contestation nucléaire par la France insoumise, c’est bien ce qui énerve les autres partis antinucléaires. Julien Bayou, porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), se montre clair : « On n’a pas été associés au projet. On a reçu la lettre d’invitation quatre jours avant la conférence de presse, alors que les dates étaient déjà fixées et les affiches déjà prêtes. Ce n’est pas une campagne qui a été pensée de manière collective… »

« Il faut que le mouvement antinucléaire devienne hégémonique dans l’opinion publique » 

Même reproche de la part du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Christine Poupin, qui en est porte-parole, reproche à la votation citoyenne de « ne pas avoir été une initiative unitaire ». Et de poursuivre l’attaque : « Au fond, quelle est l’efficacité de cette campagne, si ce n’est de l’autopromotion ? La votation citoyenne est une stratégie de la France insoumise pour remplacer l’ensemble des forces de gauche. » Un avis que partage Aurore Lalulcq : « La France insoumise a trop tendance à ne travailler avec les autres que sur la base exclusive de ses propositions. Ce n’est pas de l’ouverture. Ce n’est pas de la discussion. »

A quoi, Mathilde Panot, députée France insoumise et porte-parole de la campagne, répond : « Nous n’avons pas eu de réponse de la part des formations politiques (EELV, Générations. NPA) au courrier que nous leur avons envoyé en décembre. Cela n’empêche pas Noël Mamère, Michèle Rivasi, et d’autres militants de participer à la campagne. Quant aux associations qui soutiennent la votation, la co-organisation n’était pas proposée aux structures nationales, mais aux personnes ou groupes de militants. »

Reste la déception de cette division, comme s’en désole Christine Poupin : « iI est nécessaire, à l’heure de la répression à Bure, du lancement de l’EPR de Flamanville, de la prochaine réhabilitation des vieilles centrales et du retour du nucléaire militaire, de mener une démonstration de force de tous les antinucléaires ». « Il faut que le mouvement antinucléaire devienne hégémonique dans l’opinion publique », préconise-t-elle.

Alors que la votation citoyenne divise, Notre-Dame-des-Landes rassemble. Christine Poupin et Julien Bayou se réfèrent tous les deux à la Zad comme modèle de la lutte unitaire. Le porte-parole d’EELV détaille les conditions de victoire : « Pourquoi a-t-on gagné à Notre-Dame-des-Landes et à EuropaCity ? Parce que toutes les forces en présence ont mené un travail concerté, sans que personne ne tire la couverture à soi. »