[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Agenda militant

    Newsletter

    Ailleurs sur le Web [RSS]

    Lire plus...

    Twitter

    3 expos surprenantes à la Maison rouge (Paris)

    culture

    Lien publiée le 27 mars 2018

    Tweeter Facebook

    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://npa2009.org/idees/culture/3-expos-surprenantes-la-maison-rouge-paris

    À Paris, jusqu’au 20 mai. 10 boulevard de la Bastille, 75012 Paris. 

    Ce sont presque les dernières expositions à la Maison rouge : de quoi nous faire regretter la fermeture prochaine (et définitive) de ce lieu exceptionnel, prévue en octobre 2018.

    Poignante : Ceija Stojka(1933-2013), une artiste rom dans le siècle 

    Survivant miraculeusement ainsi qu’une partie de sa famille à trois camps de concentration Auschwitz-Birkenau, Ravensbrück et Bergen-Belsen, ce n’est que 40 après à 55 ans que Ceija Stojka commence à raconter son histoire. C’est alors  avec une frénésie créatrice que cette artiste autodidacte décrit la vie et la mort de son peuple rom en Autriche, avant, pendant et après les camps, par tous les moyens : l’écriture (Nous vivons dans la clandestinité. Souvenirs d’une rom-tzigane, Prix Bruno-Kreisky pour le livre politique en 1993, Je rêve que je vis…) et une peinture naïve et poétique, très expressive, aux contrastes violents entre les couleurs crues du bonheur, de la nature idéalisée, de la liberté de la vie en roulotte, et le noir de la souffrance, de la traque et de l’extermination. Déjà aperçue en 2015 à Belfort dans Retour sur l’Abîme, elle fait l’objet ici d’une rétrospective qui rend hommage à la force d’une peinture charnelle peinte le plus souvent aux doigts, et au témoignage rare d’une artiste rom contre l’oubli et le déni.

    Émouvante : Black Dolls, la collection Deborah Neff

    Des poupées noires de chiffon, bois, cuir, réalisées par des Afro-AméricainEs de 1840 à 1940 : adultes ou bébés, elles forment un émouvant cortège d’une saisissante beauté qui nous interpelle.

    Toutes simples ou d’une élégance sophistiquée, nues ou parées des plus beaux atours à base de chutes de tissu de vêtements de l’époque, elles sont à la fois le reflet de la condition des afro-américainEs et l’image qu’ils voulaient donner d’eux-mêmes. Peut-être plus destinées aux enfants blancs comme le montrent les photos d’époque, les petites filles noires préférant apparemment les poupées blanches, elles ont probablement été à la fois un outil de dialogue entre les deux communautés et une protestation silencieuse contre l’oppression. Plus troublantes encore sont les poupées réversibles, blanches d’un côté, noires de l’autre, qu’une jupe médiane permet de transformer d’un simple mouvement de la main.

    Une collection unique, visible pour la première fois en France.

    Troublante : Lionel Sabatte

    Artiste-plasticien, Lionel Sabatte poursuit la réflexion mémorielle de ses sculptures, ombres corporelles ou bestiaire pariétal, créées à base de matériaux résiduels, souvent organiques, insignifiantes traces d’existence : moutons de poussière, rognures d’ongles, peaux, souches d’arbres, thé, etc. C’est à présent à l’aide de matériaux durs qu’il investit le patio de la Maison rouge : fers à béton, ciment rapidement modelé en des formes vaguement anthropomorphiques, troublante sédimentation ossuaire stratifiée en d’étranges stalagmites des origines.

    Ugo Clerico