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Les étudiants veulent transformer Tolbiac en “centre de la mobilisation”
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
L'Université Paris I - Tolbiac est occupée par des étudiants opposés à la loi Vidal depuis le 26 mars, et compte devenir le bastion de la contestation. Reportage lors d'un rassemblement contre la répression et la sélection, encadré par deux escadrons de CRS.
“Hé vous filmez là ? Arrêtez s'il vous plaît !” Alors qu'ils retransmettent en direct la scène à leurs followers sur Periscope, deux jeunes se font alpaguer par un étudiant au regard inquiet. Ce 29 mars, les étudiants mobilisés de Paris 1 - Tolbiac, qui ont appelé à un rassemblement contre la répression et la sélection à l'université, sont sur le qui-vive. “Depuis le début de la semaine des militants d’extrême droite rodent autour de la fac. On sait que certains se sont introduits dans l’université, et que sur pas mal de forum ils appellent à 'refaire Montpellier à Paris 1 - Tolbiac”, explique Arthur, en M1 d’histoire à Paris 1, et membre du comité de mobilisation. Les images de l'intérieur du centre Pierre Mendès France, dont l'amphi N est occupé depuis le 26 mars, sont donc prohibées. Et les informations sur le nombre d'occupants sont gardées strictement confidentielles, par précaution. “On est beaucoup à occuper, on est très nombreux en AG, et ils n’ont pour le moment pas les moyens de s’organiser. Mais on a vu ce qui s’est passé à certains endroits, où des groupes d’extrême droite sont prêts à aller taper les grévistes”, justifie Arthur.
“Au début on était 200 en AG, aujourd'hui on était 1000”
Bienvenue à la “Commune Libre Tolbiac”, "fac en grève, bloquée, occupée”, comme en informe une banderole sur la grille qui en délimite l'entrée. Particulièrement mobilisée contre le “Plan étudiants” et le système Parcoursup instaurant une forme de sélection à l'université, celle-ci projette de devenir le “centre de la mobilisation”étudiante à Paris, comme le proclame au mégaphone un étudiant juché sur un promontoire. Dans la foulée de la manifestation du 22 mars dernier, premier grand rendez-vous social de l'année, le mouvement étudiant semble se réveiller. Dans un contexte de crise de l'Unef (qui n'est plus le premier syndicat étudiant de France), le travail de conscientisation des plus politisés porte malgré tout ses fruits. “On a galéré pendant des mois. Au début, on était 200 en AG, aujourd'hui on était 1000. Ça prend, nous sommes contents”, se félicite Marianne, en L2 d’histoire de l’art à Tolbiac.
Les étudiants veulent faire de #Tolbiac le “centre de la mobilisation” contre la sélection à l'université à Paris
“Le blocus a été un moyen de se rendre compte que les étudiants n’étaient pas au courant de la loi. Beaucoup l’ont découvert en discutant avec nous, et en venant à l'AG. C'est ça qui nous a politisés”, témoigne Agatha, qui certifie que beaucoup d'étudiants mobilisés ne s'intéressaient pas à la politique auparavant. C'est le cas de Juliette, pour qui le mouvement s'inscrit “dans une lutte globale” incluant celles des cheminots et des fonctionnaires : “En venant aux AG, j’ai commencé à comprendre que cette réforme va mener les lycéens de banlieue d’où je viens à galérer à entrer à la fac. Ma mère est sage-femme, le milieu hospitalier est dans la merde et je m’en rends compte. Il faut tendre vers la convergence des luttes”.
“Il ne s’agit pas d’arrêter d’étudier, mais de s’organiser par nous-mêmes”
Désormais confrontés à la double difficulté de durer et de massifier le mouvement, les étudiants mobilisés rodent leur argumentaire pour convaincre les hésitants : “Avant, l’université était déjà une instance de reproduction sociale, désormais elle va exclure d’emblée les classes populaires. Mais le plan étudiants concerne aussi tous ceux qui sont déjà à la fac puisqu’il met fin à la compensation entre les Unité d’enseignement, aux rattrapages, et qu’il remet en cause les redoublements”, plaide Arthur.
Les tags à caractère antisémite récemment découverts dans le local de l’Union des étudiants juifs en France (UEJF), sur le site de Tolbiac, ont cependant jeté un froid dans le mouvement. Mais les étudiants mobilisés se défendent d'en être responsables : “Ces tags n’ont absolument pas été commis par les étudiants qui sont présents dans cette occupation. Ce sont des étudiants qui ont été infiltrés, ça nous a absolument révoltés, on condamne fermement tous les actes antisémites, racistes, quels qu’ils soient”, martèle Théo.
Le comité de mobilisation de Paris 1 condamne « fermement » le saccage du local de @uejf et les tags antisemites
Ils rappellent aussi aux opposants au blocus, qui s'inquiètent de voir leurs heures de cours partir en fumée, que la faculté n'est pas laissée à l'abandon, qu'elle vit, et qu'elle est “ouverte”. Des “cours alternatifs” ont ainsi été dispensés par des intervenants et d’intervenantes tels que Frédéric Lordon, Guillaume Mazeau, Mathilde Larrere, ou encore Alessandro Stella. “Il ne s’agit pas d’arrêter d’étudier, mais de s’organiser par nous-mêmes”, résume Théo, 19 ans, en 2e année de socio.
“On a un peu peur par rapport à ce qui s’est passé dans les autres universités”
Cette contre-société en germe n'est pas sans rappeler l'état d'esprit horizontal et créatif de Nuit debout, né du mouvement contre la loi travail en 2016. “Le mouvement de 2016, Nuit debout, ça reste dans les têtes, confirme Nesrine. L’université reste ouverte, active, on fait des cours, des conférences, des projections, des débats. C’est une université populaire, comme Vincennes ou Nanterre il y a des dizaines d’années”.
“Libérez #Tolbiac!”, “Flics hors de nos facs”, clament les étudiants alors que deux groupes de CRS sont là
Ce 29 mars au matin, une AG pléthorique de 1000 personnes (aux dires des étudiants mobilisés) a voté “à une large majorité” la reconduction du blocage et de l'occupation jusqu'à mardi 3 avril. D'ici là, le maître mot reste la vigilance. L'évacuation violente de la fac de Montpellier par un groupe d'hommes armés et cagoulés, il y a quelques jours, reste dans toutes les mémoires. De même que les dernières agressions d'étudiants grévistes par des militants d'extrême droite, à Lille, Strasbourg ou encore au Lycée Autogéré de Paris.
L'arrivée en grande pompe de deux escadrons de CRS, à 18h30 pétante - l'heure du rassemblement -, n'est pas là pour les rassurer. “On a un peu peur par rapport à ce qui s’est passé dans les autres universités. On se sent plus en sécurité à l’intérieur en tout cas”, marmonne Théo. Quelques minutes plus tard, la députée de la France insoumise Danièle Obono crée la surprise. Venue soutenir les étudiants, elle tente d'instaurer le dialogue avec un CRS à la mine patibulaire, qui ne répondra à aucune de ses questions sur les motifs de leur présence.
Danièle Obono (LFI) est venue soutenir les étudiants de #Tolbiac
“J’étais militant en mai 2016 contre la loi travail : il y a une stricte continuité aujourd’hui dans la façon dont les étudiants sont traités par le gouvernement. Dès qu’on commence à hausser le ton un petit peu, on nous envoie des gens nous matraquer. On le dénonce”, assène Arthur. Le président de l'Université Paris-I, Georges Haddad, a assuré ce matin sur France Culture qu'il souhaite “éviter à tout prix une intervention policière à Tolbiac, qui pourrait déclencher un incendie incontrôlable, mais je suis en même temps responsable de la sécurité des étudiants”. La Commune Libre Tolbiac n'a pas l'intention de baisser sa garde.