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Lordon aux étudiants de Tolbiac : “Ce que vous faites est encore plus important que vous ne l’imaginez”
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Ce 3 avril, le philosophe Frédéric Lordon était invité à débattre avec l'économiste Bernard Friot sur “l'actualité de la révolution” dans un lieu de circonstance : la fac occupée de Tolbiac, à Paris.
L'amphi H de la fac de Tolbiac, ce 3 avril à 18h, c'est le serment du Jeu de paume. Ou presque. Depuis une demi-heure déjà, la salle est pleine à craquer. Un flot ininterrompu d'étudiants se presse encore dans ses allées, à la recherche d'interstices où se placer. Au balcon, les membres de la “Commune Libre de Tolbiac”, qui occupent le centre Pierre Mendès-France de l'Université Paris-I Sorbonne depuis neuf jours contre la loi Vidal, accrochent un drapeau rouge. A l'entrée, au “coin lecture”, on feuillette un polycopié de Détruire l'Etat, d'Ariel Fatiman, ou de L'Organisation de la vindicte appelée justice, de Kropotkine. L'ambiance est surchauffée.
“Comment la reconnaître, cette Sorbonne qui suintait l'ennui d'elle-même, dans ce tourbillon qu'elle est aujourd'hui et qu'elle restera jusqu'à ce que retombe sur elle l'immonde chape policière ?”, relatait Pierre Peuchmaurd dans une description à chaud de Mai 68, alors qu'il avait 20 ans. Cinquante ans après, la même fête révolutionnaire semble en cours d'allumage. Et ça tombe bien : “On rêve tous d'un mai 2018 !”, affirme un étudiant au micro devant les quelque 1 500 personnes agglutinées là.
Le matin même, ils étaient tout autant en AG, où la décision de maintenir le blocus et l'occupation des lieux jusqu'au retrait de la loi a été prise. De quoi donner à la conférence qui fait l'objet de cette affluence tardive un ton particulier. Deux éminences de la gauche radicale sont en effet invitées à débattre de l'actualité de la révolution, après “20 ans d'échecs” : le philosophe Frédéric Lordon, et l'économiste Bernard Friot. Et ils n'ont pas manqué d'apporter leur soutien à la mobilisation en cours.
“Faites croître votre force, en commençant par y croire”
Frédéric Lordon, déjà impliqué dans le mouvement contre la loi Travail en 2016, et à qui les étudiants donnent respectueusement du "Monsieur", fait d'emblée référence à ce contexte : “On était partis pour un honnête débat théorico-politique, et on tombe en pleine Commune libre de Tolbiac. [...] Si notre présence pouvait avoir avant tout le sens du plus vif des encouragements, au moins n'aurions nous pas fait le voyage pour rien. Ce que vous faites est encore plus important que vous ne l’imaginez. Beaucoup de gens mettent de l’espoir dans toutes les facs soulevées du pays”.
Lors de ce propos liminaire, l'intellectuel a fait part de son analyse de la situation actuelle, de l'hostilité à laquelle doivent faire face les étudiants “soulevés”, et des conditions qu'ils devront réunir pour que leur mouvement sorte victorieux. Selon lui, il leur faut tout d'abord “prendre conscience” de leur force. Le fait que le doyen de la faculté de Montpellier ainsi que le professeur d'histoire du droit impliqués dans les violences contre les étudiants grévistes aient été sanctionnés, est le signe que “vous leur faites peur”. Parlant au nom de l'expérience de Nuit debout, il leur conseille donc : “Faites croître votre force, en commençant par y croire”.
Organiser la "coalescence"
Alors que l'argument de la "majorité silencieuse" qui n'adhère pas à la mobilisation commence à poindre dans le débat public, l'auteur du livre Les Affects de la politique, réplique : “L’histoire appartient à ceux qui la font, qui sont des agissants. Qui veut prendre part à l'histoire n'a qu'à jeter sa puissance d'agir dans l'histoire”. Certes, la situation “n'est pas révolutionnaire”, tempère-t-il, mais la multiplication des foyers de contestation - dans les universités, les hôpitaux, à la SNCF, ou encore à La Poste - constitue un terreau favorable au soulèvement de masse. C'est pourquoi “il faut organiser la coalescence” (c'est-à-dire la convergence, la fusion) : “Si une Commune libre de Tolbiac ou d’ailleurs a quelque sens, c’est celui de nous lier pour nous mettre en travers de leur histoire devenue folle, et la remplacer par la nôtre”.
Bernard Friot s'est pour sa part attelé à donner un horizon politique au mouvement : “Il y a eu des défaites des mobilisations car on a mené la bagarre sur la question de la répartition de la valeur économique. C’est une faute de militance. On n’a jamais les patrons au portefeuille. C’est le pouvoir sur le travail qui les obsède, pas sur l’argent. C’est donc sur cette question, celle de la production, pas celle de la répartition, qu’il faut se battre”.
Ce 4 avril, Lordon a rendez-vous avec de nombreux représentants des mouvements sociaux - et François Ruffin, qui avait également instigué Nuit debout -, à la Bourse du travail, pour plancher sur le sujet des modes d'action à venir. “Il faut un pôle, un lieu, si possible physique, symbolique, politique, où se produit le rassemblement. C’est ce que nous peinons à reconstruire”, a-t-il expliqué. “Dans les semaines qui viennent, nous est-il parmi d’espérer ?”, l'interroge en conclusion un étudiant. Réponse après un temps de faux suspense : “OUI”.




