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    "Louis Althusser : L’énigme du philosophe meurtrier"

    Althusser

    Lien publiée le 6 avril 2018

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    France Inter s'intéresse à Althusser par le petit bout de la lorgnette... Au lieu de faire accéder à la puissante pensée marxiste d'Althusser, on approche Althusser par le meurtre tragique de sa femme à la fin de sa vie.

    Et France Inter invite ce pitre de Comte Sponville, philosophe médiocre, laquais du système. N'y avait-il personne d'autre pour parler d'Althusser ?

    Une fiction de Clara Saer et Zoé Gabillet, réalisée par Benjamin Abitan. L'histoire tragique du philosophe marxiste qui a dominé la philosophie universitaire des années 60 et 70, mais qui le 16 novembre 1980 au cours d’une crise de démence a étranglé sa femme, Hélène Rytmann. Invité André Comte-Sponville.

    Louis Althusser

    Louis Althusser © Getty / Jacques Pavlovsky/Sygma/CORBIS

    Louis Althusser écrit dans ses mémoires 

    Je me souviens de mon interminable question : mais comment se peut-il que j’aie tué Hélène ? 

    -Voix intérieure : 

    Louis Althusser se souvient de la scène du meurtre. (Extraits de son autobiographie L’avenir dure longtemps)

    “Voici la scène du meurtre telle que je l’ai vécue. Soudain je suis debout, en robe de chambre, au pied de mon lit dans mon appartement de l’Ecole normale. Un jour gris de novembre - c’était le dimanche 16, vers neuf heures du matin - vient à gauche de la très haute fenêtre, encadrée depuis très longtemps de très vieux rideaux rouge Empire lacérés par le temps et brûlés par le soleil, éclairer le pied de mon lit.

    Devant moi: Hélène, couchée sur le dos, elle aussi en robe de chambre.

    Son bassin repose sur le bord du lit, ses jambes abandonnées sur la moquette du sol.

    Agenouillé tout près d’elle, penché sur son corps, je suis en train de lui masser le cou.

    J’appuie mes deux pouces dans le creux de la chair qui borde le haut du sternum et appuyant, je rejoins lentement, un pouce vers la droite un pouce vers la gauche en biais, la zone plus dure au-dessous des oreilles. Je masse en V. Je ressens une grande fatigue musculaire dans mes avant-bras: je sais, masser me fait toujours mal aux avant-bras.

    Le visage d’Hélène est immobile et serein, ses yeux ouverts fixent le plafond. Et soudain je suis frappé de terreur : ses yeux sont interminablement fixes et surtout voici qu’un bref bout de langue repose insolite et paisible entre ses dents et ses lèvres. Certes, j’ai déjà vu des morts mais jamais je n’ai vu le visage d’une étranglée. Et pourtant je sais que c’est une étranglée. Mais comment ? Je me redresse et hurle : j’ai étranglé Hélène !”

    Un caïman. A l’école normale Supérieure, c’est le nom qu’on donne au professeur qui prépare les élèves aux concours de l’agrégation. Louis Althusser devient l’un des artisans de la révolution intellectuelle qui a lieu en France dans les années 60, un pionnier du structuralisme et de la psychanalyse.

    Surtout, Louis Althusser est un philosophe marxiste, sans doute même LE philosophe marxiste. Faire de la philosophie en politique, faire de la politique en philosophe, ce sont les deux obsessions de Louis Althusser qui doit en outre lutter contre la maladie mentale qui lui fait faire très régulièrement des séjours en institution psychiatrique.

    Althusser philosophe, Althusser politique et Althusser psychotique tour à tour se côtoient

    Ils s’affrontent, et fusionnent. Même s’il essaye, sa vie durant, de les compartimenter dans les cercles clos et protecteurs de « L’Ecole », du « Parti » et de « l’Hôpital ».

    Ce système vole en éclat un jour de 1980, où, au cours d’une crise maniaque, il étrangle sa femme dans leur appartement de l’Ecole Normale Supérieure. Discrédité par le meurtre, isolé intellectuellement, Louis Althusser disparaît du paysage politique français en même temps que l’utopie communiste.

    Ce n’est qu’après sa mort, qui a lieu en 1990, que les idées d’Althusser trouvent une vie nouvelle.

    Invité André Comte-Sponville

    André Comte Sponville

    André Comte Sponville © Radio France / Valérie Priolet

    André Comte-Sponville est  philosophe, ancien élève de l’école normale supérieure de la rue d’Ulm, agrégé de philosophie et docteur de troisième cycle. Il se définit comme matérialiste à la façon d'Épicure, rationaliste à la façon de Spinoza et humaniste à la façon de Montaigne. Il a écrit une vingtaine d’ouvrages, notamment le célèbre Petit traité des grandes vertus (traduit en 24 langues) et le très fameux Dictionnaire philosophique. Il vient tout juste de publier aux PUF, les presses universitaires de France, « L’Inconsolable et Autres Impromptus » dans lequel il consacre un chapitre à l’un de ses maîtres, Louis Althusser. 

    Dans ce chapitre il évoque les personnes qui l'ont le plus marqué. Sa mère, puis ses maîtres, professeurs du Lycée, de Khâgne ou encore de la Sorbonne comme Marcel Conche, puis au fur et à mesure il évoque dans un questionnement, très beau, le glissement vers un autre maître, une autre philosophie, d’autres références… : « Pourquoi faut-il que mes souvenirs  aillent plutôt vers l’autre maître, celui du soir qui tombe, de la pensée qui s’obscurcit, de la vie qui se défait… » alors Pourquoi ? « Pourquoi aller vers le maître de la douleur, de l’angoisse, du désespoir, « vers le maître de l’échec et de la folie ? vers Louis Althusser ? »

    Les scénaristes Clara Saer et Zoé Gabillet

    Zoé Gabillet est scénariste de formation. Ancienne élève de l’Atelier scénariste de la Fémis, Zoé a écrit un long-métrage actuellement en développement. Scénariste de série radiophonique, Zoé co-écrit avec Clara Saer  pour l’émission « Autant en emporte l’histoire » sur France Inter et anciennement « La vie moderne » sur France Culture. Zoé a également réalisé plusieurs courts-métrages, dont le dernier, « Joséphine ARTHUS », diffusé sur  OCS et 13ème Rue, a reçu le Prix du meilleur court métrage au festival de Saint de Luz, présidé par Olivier Marchal.

    Clara Saer est journaliste de formation. Après avoir travaillé pour LCI, elle  collabore désormais régulièrement avec des quotidiens nationaux. Parallèlement à cette activité elle co-écrit des scénarios de fictions radiophoniques avec Zoé Gabillet pour France Inter ("Autant en emporte l'histoire", Affaires sensibles" et France Culture "La vie Moderne"). Clara travaille également avec Zoé Gabillet à l'écriture de dialogues pour le cinéma.  

    Leur dernier projet cinématographique est sélectionné à la résidence d'écriture So Film 2018.

    Générique 

    c'était Affaires Sensibles / La fiction:  Louis Althusser : l’énigme du philosophe meurtrier 

    • Une émission proposée par Christophe Barreyre
    • Écrite par Clara Saer et Zoé Gabillet
    • Réalisée par Benjamin Abitan

    Avec :

    • Jean Claude Durand
    • Bernard Bloch
    • Romain Dutheil
    • Philippe Lanton
    • Et Juliette Allauzen
    • Prise de son, montage, mixage : Julien Doumenc, Emilie Couet
    • Assistante à la réalisation : Louise Loubrieu

    Programmation musicale:

    • PINK FLOYD : Shine on you crazy diamond
    • AQUASERGE : Si tu t'en vas
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