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L’appel à une manifestation le 5 mai : débattons !

Lien publiée le 8 avril 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://aplutsoc.wordpress.com/2018/04/08/lappel-a-une-manifestation-le-5-mai-debattons/

L’appel de l’ « Assemblée générale » du 4 avril.

Mercredi 4 avril, dans le contexte du démarrage puissant de la grève des cheminots, une « assemblée générale » se tenait à la bourse du travail de Paris, appelée par François Ruffin, député d’Amiens élu comme candidat unitaire de gauche, membre du groupe parlementaire « France insoumise », et Frédéric Lordon, essayiste en économie, qui en 2016 avait avec F. Ruffin lancé l’appel au mouvement « Nuit debout ».

Elle réunissait plusieurs centaines de participants.

Après plusieurs interventions de syndicalistes et de travailleurs engagés dans des luttes sociales, commeGaël Quirante, syndicaliste SUD de La Poste licencié sur intervention ministérielle, – la salle scande Grève générale après son intervention -, et Mirabelle Hann, femme de chambre au Holiday Inn de Clichy – 111 jours de grève, depuis le 19 octobre, qui ont arraché le relevé quotidien des heures travaillées avec 130 heures par mois a minima et une prime de panier de 7,14 euros – les deux personnalités appelantes ont sorti de leur chapeau la proposition d’une grande manifestation nationale le samedi 5 mai, complétée ensuite par celle de former partout des « comités du 5 mai », propositions validées à la « quasi-unanimité ».

Nota Bene : j’ai mis ici « assemblée générale » entre guillemets pour la raison suivante : une « assemblée générale » à l’origine réunit les personnels d’une entreprise, d’un site, d’une administration ou les jeunes scolarités d’un établissement ou d’une université, et n’est pas composée de gens venus individuellement de divers lieux : cette « assemblée générale » était en fait une réunion politique ne s’assumant pas pleinement comme telle, mue en cela par le désir de se poser en représentante, forcément autoproclamée, du « mouvement social ».

Voici l’appel-pétition diffusé suite à cette assemblée :

https://www.change.org/p/le-peuple-appel-au-samedi-5-mai-faire-sa-f%C3%AAte-%C3%A0-macron

Un tel appel fait écho à un vrai besoin.

Le texte-pétition parle de « mouvements dispersés » pour décrire la situation actuelle. Ce n’est déjà plus tout à fait vrai : la lame de fond qui monte a commencé à construire l’unité. Elle a fait des 15 et 22 mars des moments de rassemblement de tout le monde du travail, c’est elle qui a donné sa puissance au démarrage de la grève des cheminots, et elle a en outre imposé des prises de position, y compris communes, de soutien aux cheminots venant de la plupart des partis et organisations de gauche ou issues du mouvement ouvrier.

Et, de plus, se dessine un mouvement d’ensemble de la jeunesse étudiante et lycéenne, contre laquelle la violence de Parcoursup, concentré de la violence sociale dont elle est victime, mouvement qui va atteindre son plein régime en mai-juin.

Les cheminots ne gagneront pas tout seuls et ne peuvent porter à eux seuls, même avec les caisses de grève bien alimentées qui sont en train de se remplir, le poids de l’affrontement voulu par Macron.

Bref, le mouvement réel est en marche et il cherche à s’unir, c’est-à-dire à s’étendre et à se généraliser, en se centralisant contre l’adversaire d’où partent les coups : le pouvoir politique.

Une manifestation centrale commune est donc tout à fait bienvenue.

Pourquoi et comment réussir une manifestation centrale ?

Une manifestation centrale commune pour quoi faire ? – question qui conditionne sa réussite.

Elle ne peut avoir d’autre sens, et il faut donc le dire, que celui de réaliser l’unité pour battre et chasser Macron. Pour cette raison – parce que le mouvement réel des luttes sociales est politique, au plus haut point – les conditions de sa réussite passent par la réalisation de la grève unie, et une manifestation centrale affrontant directement le régime serait donc une manifestation se tenant en semaine, avec grève. Rappelons d’ailleurs que, malgré sa date tardive, la manifestation intersyndicale du mardi 14 juin 2016, qui a atteint quoi qu’on en dise le million de manifestants ou peu s’en faut, a été à ce jour ce qui s’en rapprochait le plus.

A défaut, une manifestation de démonstration politique appelant à réaliser cette unité pour chasser Macron, se trouve être appelée depuis des mois par un courant politique dont « l’audience » est moindre que celle des appelants de l’ « assemblée générale » du 4 avril, mais qui s’est adressé aux courants politiques issus du mouvement ouvrier (dont l’ensemble des affiliés à l' »espace politique » de la France insoumise), à savoir la manifestation appelée par le « Comité pour la rupture avec la V° République et l’Union Européenne » constitué par le POID (Parti Ouvrier Indépendant et Démocratique) … à la date du dimanche 13 mai.

Nul doute que les travailleurs et les jeunes de la base qui soutiennent l’appel au 5 mai et espèrent qu’il soit un point d’appui pour gagner, l’entendent comme un moment de centralisation et d’unité contre Macron, pour battre Macron, pour défaire Macron, pour chasser Macron.

Nul doute que lorsque les participants à l' »assemblée générale » du 4 mai ont scandé « Grève générale », tel était le sens de leur combat, tel était leur souhait.

Le 5 mai selon Ruffin et Lordon.

Qu’en disent Ruffin et Lordon et qu’en dit l’appel-pétition qu’ils ont lancé ?

« Il est probable que Macron ne se rende pas compte que, sous son règne, tout devient très clair, trop clair. Le moment est peut-être venu de lui faire savoir, pour notre part, où nous en sommes. Dans les ordonnances SNCF, se trouvent reliés tous les éléments d’un monde dont nous ne voulons pas. Si ce qui est clair pour nous ne l’est pas pour lui, rassemblons-nous donc pour le lui expliquer un peu plus nettement. Premier anniversaire à l’Élysée ? Qu’il sente non pas la bougie mais le vent du boulet. »

Il faut « faire sa fête » à Macron, titre l’appel. Le fêter ou le chasser – ou réaliser les conditions de l’unité pour le chasser ? D’après ce qu’en dit le texte lui-même, il s’agit de « lui faire savoir où nous en sommes ». Sérieusement, en a-t-il vraiment besoin ? S’agit-il de rendre les choses « claires pour lui » ? De lui « expliquer » ? Et sentira-t-il vraiment le « vent du boulet » s’il n’a affaire qu’à un grand happening le conspuant, certes, tout en disant vouloir surmonter « la dispersion » qu’un tel type de manifestation serait le « seul moyen » de surmonter, comme si la grève unie (associant chômeurs et citoyens solidaires, bien entendu) n’était pas LE moyen réel par lequel cette dispersion commence à être surmontée sans attendre le 5 mai ?

Sous l’ambiguïté de la formule « faire sa fête à Macron », vont s’organiser et monter à Paris des milliers qui veulent l’unité pour battre et chasser Macron, c’est une évidence, car autrement ce serait un bide. Ces formules peuvent passer pour des métaphores de ce contenu. Mais les initiateurs ne semblent pas vouloir d’explicitation de leurs métaphores et là, nous sommes au cœur des questions les plus politiques, de celles qu’il faut cesser d’esquiver.

Mais alors pourquoi ne pas dire ce qui est : qu’il faut faire l’unité pour chasser Macron, ce « Bonaparte gazeux » ?

Pourquoi ne pas faire de ceci le sens de la manifestation du 5 mai puisque c’est ce sens là qui fera venir les gens ?

Pourquoi ne plus rien dire, d’ailleurs, de la question de la grève générale scandée par l’ « AG » du 4 avril peu avant que la manif du 5 mai ne soit lancée ?

Le questionnement oh combien légitime de F. Ruffin.

Le sens politique effectif de la manifestation et la question « quoi faire après » sont liés.

Quoi faire après ? F. Ruffin s’interroge à haute voix : « La plus grosse question, c’est : qu’est-ce qu’on fait le 5 mai au soir ? Il faut une inversion du rapport de force, que la peur change de camp, que le 5 mai au soir soit le point de départ. »

« On ne va pas refaire Nuit debout », déclare prudemment Frédéric Lordon.

De deux choses l’une : soit le 5 mai sera une vraie centralisation politique contre Macron et donc une étape dans la réalisation de l’unité, la vraie, et la question de la grève unie pour le battre, de la grève générale, non pas comme un mythe mais comme la centralisation-généralisation rapide et efficace, pourra être posée ouvertement, c’est-à-dire réalisée voire imposée aux directions syndicales, soit il sera un happening débouchant sur … le questionnement de François Ruffin.

On sent qu’il n’a pas envie de réoccuper la place de la République pendant deux mois. Mais si le sens du 5 mai est d’affronter réellement Macron et pas de lui faire une « fête », fut-elle « sa » fête, la question de François Ruffin devrait et pourrait être notre question à tous. Quel débouché politique contre Macron ?

Quelle union, fédération, coalition, de forces et de courants politiques issus de la gauche et du mouvement ouvrier (ceux qui ont fait élire F. Ruffin à Amiens) pour être candidats au pouvoir, non pour s’en servir, mais pour libérer tout barrage à la démocratie, afin donc que le peuple, le vrai, élise une constituante, élise des députés mandatés, dotés d’un vrai pouvoir, responsables, révocables, pour que ceux-ci soient à son service et pas à celui du capital ?

Voila de vraies questions, des questions révolutionnaires, mais réalistes. Des questions qui ne doivent plus être esquivées, car leur simple débat ouvre des perspectives et contribue au développement des mobilisations, à leur extension.

Car la généralisation des luttes sociales, suscitée par la lame de fond qui monte d’en bas, lente mais puissante et sûre, qui a démarré avec les EHPAD et les retraités, qui s’étend aux jeunes, qui défend les écoles et les services publics, qui protège les cheminots, conduit à ces questions là.

L’horizon alors ne réside plus dans les présidentielles de 2022, les municipales de 2020, les européennes de 2019, mais il est là, accessible, et il s’appelle démocratie !

« Syndicalo-syndicalisme, vous avez dit syndicalo-syndicalisme » ?

Sauf que s’il faut attendre, alors en effet la bamboula et le charivari sous les fenêtres à Macron (en fait loin d’elles, les cordons de CRS y veillant) c’est bien, mais quand arrive la soirée et que tombe le crépuscule, tombe aussi le spleen de François Ruffin : « et ce soir, et maintenant, on fait quoi les amis ? »

Frédéric Lordon, dans un article écrit quelques jours auparavant, pour le site du Monde Diplomatique,Ordonnances SNCF : l’occasion, se livre à une critique très largement justifiée de l’orientation, et de la situation matérielle, des directions syndicales confédérales, pour aboutir à la conclusion que le problème de ce côté là est inextricable, car il n’y a, peut-on ainsi interpréter son article, pas seulement la « bureaucratie » (selon lui, d’ailleurs, chose inévitable), mais plus encore du « syndicalo-syndicalisme » à savoir la pratique quotidienne de résistance faite de petits gestes fondamentaux, de « petites » mais éprouvantes mobilisations, de compromis, de répression, des délégués et représentants syndicaux de « terrain ».

Au moment précis où la mise bout à bout des revendications surgissant de ce syndicalisme là, et sous lui, derrière lui, avec lui, des nappes profondes des personnels des EHPAD et des petites entreprises peu syndiquées mais pleines de rages, dessine son « ‘autre monde » – c’est-à-dire au moment précis où les revendications défensives se combinent à des revendications offensives : hausse des salaires, service public des déchets …-, F. Lordon lui rédige son épitaphe : il est bon pour s’occuper du beefsteak, il faut qu’il le fasse mais il n’est bon à rien d’autre, il ne produit pas « de la cause commune » !

Il faudrait donc qu’il devienne, conclut-il, « politique, et pourquoi pas révolutionnaire » – on voit ici que pour F. Lordon, la lutte quotidienne pour le beefsteak n’est pas révolutionnaire … et si l’on traduit en termes politiciens ces développements un tantinet nébuleux l’idée est en fait qu’il faudrait que nous ayons « un appel conjoint et paritaire CGT-FI ».

Les mobilisations sociales ne consistent pas dans des mouvements de résistance au « néolibéralisme » mais elles partent des questions concrètes et matérielles que vivent les gens. Ils ne « produisent » pas un discours « antilibéral », ils se défendent – comme personnes, comme vendeurs de leur force de travail. Et cette lutte de classe organique est générale et quotidienne. Elle ne se heurte pas à une « classe nuisible » ou une « oligarchie », mais aux rapports quotidiens de l’échange et de la production marchandes dominées par le capital et engendrant le capital, et du même coup, souvent beaucoup plus vite qu’on ne l’imagine, à son État. Au cours des derniers mois, depuis l’avènement de Macron, nous avons eu deux phases :

– à l’automne un pré-affrontement, vécu comme définitif par bien des gazeux macroniens et peut-être par Macron lui-même, avec les secteurs « traditionnels » et syndiqués, gagné par le pouvoir, qui en a déduit qu’il pourrait isoler et battre les cheminots pour avoir sa victoire à la Thatcher,

– et, cet hiver, non prévu ni par Macron, ni par la plupart des analystes, un ébranlement lent venu des profondeurs, arrivé par les EHPAD et les retraités, qui ont commencé à retourner toute la situation, développement qui s’amplifie aujourd’hui.

Nous sommes quelques uns à l’avoir senti, comme on sent des cors aux pieds. Jacques Chastaing, cité par Lordon qui cite aussi, à juste titre, l’émission de Cash Investifation sur Liddle, est de ceux-là, mais Lordon ne capte pas la portée immédiatement, directement politique de ce mouvement réel profond, dont la gestion immédiate relève pour lui de son fameux « syndicalo-syndicalisme », et il veut lui imposer sa médiation idéologique sans laquelle ces pauvres gens ne peuvent arriver à rien …

En matière théorique nous avons là une petite leçon de chose : en ignorant le contenu concret de vieilles affirmations « marxistes » (Toute lutte de classe est une lutte politique – Marx), est postulé un « syndicalisme révolutionnaire » castré, sans la grève générale !

C’est en tant que « syndicalo-syndicaliste » et pas seulement comme militant analysant la situation d’ensemble que j’ai personnellement compris en janvier que quelque chose « d’autre » commençait à se passer, quelque chose qui vient de loin. Je suis responsable FSU. Quand quelqu’un qui ne relève pas de mon champ de syndicalisation m’appelle, pour être conseillée sur une grève, grève que les personnels de son EHPAD n’ont finalement pas faite, par peur, mais qu’à la place elles ont rédigé une remarquable liste « syndicalo-syndicaliste » de tout ce qui ne va pas dans leur travail, sans oublier les compresses et les bidets, ce qui veut dire qu’en cachette elles se sont réunies, alors je me suis dit « y ‘a un truc ». Ce que, depuis, a confirmé l’acharnement des parents d’élèves de plusieurs écoles à occuper celles-ci et à refuser ce qui est présenté comme décidé, normal, « équitable » et inévitable. Petites choses. Petits mouvements. Quotidien. « Syndicalo-syndicalisme » avec des gens réels, pas ceux du « peuple en construction », pas des « antilibéraux », des gens qui ne votent pas forcément à gauche, s’ils votent. Mouvement réel. Révolution.

Aspects politiciens.

F. Lordon critique à juste titre les calendriers et stratégie d’évitement des mouvements d’ensemble se centralisant, venant des directions syndicales. Il semble ne pas avoir compris pour autant que si la manifestation appelée par J.L. Mélenchon le 22 septembre dernier avait commencé à susciter réticences et résistances, ce n’est pas à cause du « syndicalo-syndicalisme » des délégués obtus qui ne « veulent pas faire de politique », ni à cause de la « charte d’Amiens » pourfendue par J.L. Mélenchon, ni à cause du PCF, mais parce que ce rassemblement couronnait un tel calendrier en appelant par avance à engager la lutte … sans grève et une fois les ordonnances ratifiées !

Cette stratégie politique ne s’opposait pas à celle des « appareils syndicaux », elle complétait celle-ci tout en combattant le contenu politique en gestation dans la grève unitaire du 12 septembre contre les ordonnances.

Et ceci au nom d’une idéologie tendanciellement anti-syndicale, « populiste », visant à « construire le peuple » avec petits patrons et précaires contre les « fonctionnaires syndicaux », une dérive inquiétante avec laquelle J.L. Mélenchon joue avec cynisme, et à laquelle me semble faire écho, même si elle ne lui est pas identique, la perception condescendante du « syndicalo-syndicalisme » chez F. Lordon.

Cet automne, la « manifestation citoyenne le week-end » à la J.L. Mélenchon a pleinement participé des éléments ayant permis la victoire de la première manche par Macron. Mais, s’ajoutant aux problèmes politiques accumulés depuis la présidentielle, elle a aussi contribué à nourrir la méfiance des militants syndicalistes. De sorte que maintenant que la seconde vague, partie de bien plus importantes profondeurs, advient, il était impossible à J.L. Mélenchon de relancer la même opération. Au contraire la force du front unique, qui n’a rien de politicien mais qui est la force même du mouvement profond qui monte, l’a contraint à être respectueux et « sage » jusqu’à un certain point, contraint à apparaître comme soutenant les syndicats, se situant dans l’unité, « au service » du mouvement, voire un tantine gauchisant, mais pas trop ; ne parlons surtout pas de grève générale mais évoquons un « mai 68 perlé » !

Tout cela tout en rappelant le fond de son orientation sur d’autres sujets de manière de plus en plus déliquescente : soutien de fait aux massacres en Syrie à travers « le Média », dénonciation non du CRIF mais de « la communauté », sic, suite aux provocations du CRIF et de la LDJ, etc. Avec l’appel à une manifestation le samedi 14 avril à Marseille, toutefois, commence à ressurgir la thématique visant à opposer à l’unité du salariat l’union « du peuple ».

Là où J.L. Mélenchon parle de « mai 68 perlé », F. Lordon parle de « débordement général ». Pour l’un comme pour l’autre, grève générale, manifestation centrale pour en découdre avec Macron, sont des formules à éviter : s’en rapprocher en apparence, mais à éviter !

En outre, le court-circuitage de la manifestation du POID, susceptible dans le contexte présent d’avoir un relatif succès, a pu être aussi un mobile au niveau du noyau dirigeant de la FI qui vient d’appeler ses adhérents à se lancer dans les « comités du 5 mai ».

Aider par la discussion politique la montée qui est en cours.

Si nous prenons un peu de recul, l’impression qui prévaut au moment présent est tout de même que la force de ce qui est en train de monter charrie avec elles bien des obstacles et impose l’unité. D’ici le 5 mai, il va y avoir d’autres moments de la grève des cheminots, d’autres évènements, les mouvements dans la jeunesse, etc., sans oublier, bien entendu, le 1° mai (une excellente occasion, au fait, pour les « non salariés » et « ceux qui ne peuvent pas faire grève », de manifester !).

Dans l’absolu la montée est trop lente, et le risque que prennent les fédérations de cheminots en installant ceux-ci, comme de bons soldats, dans la durée, est lourd. Mais le problème clef pour le pouvoir exécutif, comme pour toutes les manœuvres et contre- manoeuvres, est que la montée est là, et que si je puis dire la montée monte, encore. Ce dont elle a besoin n’est pas de coups d’accélérateurs artificiels, mais de débat politique approfondi, donnant des perspectives qui l’aident à monter encore.

C’est de ce point de vue que les questions balayées dans la présente contribution ont de l’importance, et à cet égard la discussion de pourquoi faire une manifestation centrale et comment est une excellente opportunité. Constatons d’ailleurs que l’appel au 5 mais est essentiellement réceptionné ainsi : on ne bondit pas d’allégresse, on s’interroge, on discute. C’est ce qu’il faut faire.

Il faut que cette discussion contradictoire, démocratique, se poursuive, s’approfondisse : le présent texte doit dont être pris, ni plus ni moins, comme une contribution au débat que nous aurons notamment le samedi 28 avril prochain, de 14h à 17h au Maltais rouge40 rue de Malte Paris 11° (métro République ou Oberkampf).

VP, le 08/04/18.