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L’évacuation de la Zad s’embourbe
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Ce mardi, au second jour de l’opération d’évacuation de la Zad, la donne a changé. Contrairement à lundi, les forces de l’ordre ont eu beaucoup plus de difficultés pour progresser. Les zadistes, très déterminés, ayant reçu des renforts. Reportage au cœur de la Zad.
Lundi, en fin d’après-midi l’annonce de la destruction des bâtiments des 100 Noms, l’un des lieux emblématiques de la Zad, a vite échauffé les esprits. Les forces de l’ordre ayant détruit une exploitation dûment reconnue par les agriculteurs du secteur. Dominique Fresneau, l’un des porte-parole de l’Acipa, ne décolérait pas, y voyant une trahison de l’Etat. Il expliquait que son association discutait depuis très longtemps avec la préfecture. Et que certains projets n’étaient pas ficelés puisqu’ils étaient portés collectivement et non individuellement. Ce qui était le cas des 100 Noms.
Toujours est-il que ce mardi matin, les troupes d’opposants à l’évacuation de la Zad, s’étaient étoffées. Des personnes de l’extérieur sont venues leur prêter main-forte. Comme cette jeune femme qui, entre deux salves d’injures lancées en direction des gendarmes, confiait travailler pour l’Éducation Nationale. Ou ces retraités venus soutenir le mouvement.
La matinée a débuté par de violents échanges au lieu-dit la Chèvrerie, où les forces de l’ordre faisaient face à une soixantaine de zadistes parfaitement déterminés. Les gendarmes, aux boucliers maculés de boue, ont réussi à les faire reculer à grand renfort de grenades lacrymogènes et assourdissantes. Recevant en échanges des pierres, du bois et des cocktails molotov. Ces échanges ont fait deux blessés. Un jeune homme a été chassé très violemment du toit du bâtiment qu’il entendait protéger des pelleteuses. Il a été pris en charge et conduit à l’hôpital par les pompiers. Cet incident a donné lieu à des échanges verbaux musclés, entre deux assauts. Les zadistes essayant en vain de savoir dans quel établissement de santé il avait été conduit.
« Nous sommes des graines nous repousserons ».
Au terme d’une ultime charge, les gendarmes ont pris possession des lieux. En quelques minutes la grande cabane construite par les anciens occupants des lieux s’écroulait sous la puissance du bras de la pelleteuse. « J’habitais là depuis quelques années, expliquait en pleurs Damien, un jeune homme. On avait vraiment bossé ici. On avait rajouté un étage à la cabane d’origine. Cinq personnes vivaient à l’année ici. Tous les jours, une quinzaine de personnes y mangeaient. C’est abominable de voir sa maison partir comme ça. Nous sommes des graines, ils essayent de nous enterrer, nous repousserons ».
À un kilomètre de là, les zadistes étaient beaucoup plus nombreux -environ 200- à défendre la ferme des Fosses noires. Un autre endroit symbolique où l’on trouvait une boulangerie mais aussi un marché aux légumes. Là, plusieurs barricades imposantes ont été édifiées pour stopper la progression du véhicule blindé qui, depuis le petit matin, tentait d’ouvrir la voie aux gendarmes mobiles. Dans ce secteur aussi les échanges étaient extrêmement violents. Les forces de l’ordre ayant toutes les peines du monde à avancer face à de jeunes militants parfaitement organisés. Rien ne manquait dans ce camp retranché : nourriture, eau mais aussi pierres, boucliers, et cocktails molotov pour monter à l’assaut.
Guerre de positions
Un peu avant midi, une quinzaine de tracteurs appartenant à des agriculteurs du secteur arrivaient en renfort. Stationnant aux abords des bâtiments pour les protéger des pelleteuses. Les champs alentour baignaient dans la fumée dense et acide des grenades lacrymogènes. À l’heure du déjeuner, la tension est redescendue d’un cran. Des zadistes dansaient au son de l’accordéon diatonique près des barricades.
Vers 13 h, les affrontements reprenaient, et deux zadistes étaient blessés. L’un d’entre eux, touché par un tir de flash-ball à l’abdomen, a été évacué sur une civière de fortune. Un autre était touché aux jambes par le souffle d’une grenade assourdissante.
Tout l’après-midi, gendarmes et zadistes se sont affrontés sur la route d’accès au hameau. Une guerre des tranchées dans une boue omniprésente et sous une pluie battante. Face à face qui devrait durer des heures, voire des jours. La partie n’est pas gagnée pour les forces de l’ordre.