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Cuba. Diaz-Canel président. Demain, en 2021, dirigeant du PCC…
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Par Ivet González
Sans surprise, dans le calme, au sein des campagnes comme des villes et au milieu de changements politiques radicaux sur le continent américain, un nouveau gouvernement est inauguré à Cuba. Il est présidé par l’ingénieur Miguel Díaz-Canel, âgé de 57 ans, clôturant d’une manière ou d’une autre l’ère Castro dans ce pays insulaire des Caraïbes.
Présentée comme un changement générationnel au sein du gouvernement socialiste cubain, l’accession prévue à la présidence de l’homme politique – qui s’est distingué comme leader dans deux provinces importantes et comme ministre de l’Enseignement supérieur – apporte avec elle des nouveautés telles que l’arrivée au pouvoir d’un civil, ne portant pas le nom de famille Castro pour la première fois depuis 1959 [1]!
Dans son premier discours effectué ce matin devant le Parlement et transmis par la télévision, le nouveau président s’est adressé à la nation «avec la conscience que nous n’inaugurons pas une législature de plus». Il a réitéré de différentes manières l’importance des députés afin de promouvoir la participation citoyenne et le gouvernement collectif.
Vêtu de gris, Diaz-Canel a confirmé que «l’amélioration du socialisme se poursuivra» et maintiendra comme «priorités internes» les problèmes socio-économiques définis par l’administration sortante, tout en insistant sur l’urgence des progrès de Cuba dans l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, comme dans leur utilisation.
Il a également indiqué que la formation du Conseil des ministres était reportée à la session de juillet et qu’entre-temps restera en place le cabinet hérité de Raul Castro, qui présidait le pays depuis 2006, lors des deux premières années de son mandat par intérim en raison de la maladie de son frère Fidel Castro, décédé en 2016 [en 2008, Raul Castro a été élu formellement].
Avec des paroles d’éloge pour le rôle historique et l’héritage de son prédécesseur, Díaz-Canel a annoncé au Parlement que Raúl Castro «dirigera les décisions les plus importantes pour le présent et l’avenir de la nation», en tant que premier secrétaire du Parti communiste de Cuba (PCC).
Le mercredi 18 et le jeudi 19 avril 2018, lors de la session constitutive de la 9e législature de l’Assemblée nationale du pouvoir populaire (parlement unicaméral), les caméras de télévision locale ont montré le président sortant, âgé de 86 ans, souriant, actif et faisant bonne figure, assis durant la séance plénière parmi les 605 députés.
Castro restera à la tête du PCC jusqu’en 2021, le seul parti légal dans le pays du gouvernement socialiste depuis 1961 et encadré par la Constitution (1976) comme étant «la force supérieure de la société et de l’Etat».
Dans ses paroles, qui suivaient celles de Díaz-Canel et étaient plus étendues et spontanées que d’habitude, l’ancien président R. Castro a abordé des questions internes telles que la représentation des femmes, des jeunes et des personnes d’ascendance africaine au sein du gouvernement. Il a annoncé, sans préciser une date, la présentation d’une nouvelle Constitution soumise à un référendum et il a commenté le contexte international dans lequel se déroule cette relève.
Il a annoncé que le fait sans précédent selon lequel le nouveau président cubain n’est pas le premier secrétaire du PCC ne sera que temporaire, puisqu’il est prévu que dans trois ans Díaz-Canel assumera également cette position.
Au cours de la semaine qui a précédé le changement présidentiel, l’attention des citoyens et des citoyennes s’est concentrée sur les personnes qui occuperaient les postes les plus importants au Conseil d’Etat, l’organe exécutif le plus élevé du pays.
Cette institution est composée de 31 membres où de jeunes visages se mêlent au groupe qui a porté au pouvoir la Révolution cubaine de 1959, connue sous le nom de «génération historique».
Le premier vice-président du Conseil d’Etat sera désormais Salvador Valdés Mesa (72 ans). Il remplacera le président dans des situations exceptionnelles.
Les autres vice-présidences sont dominées par des femmes, dont une fonctionnaire peu connue de la deuxième plus grande ville du pays, Santiago de Cuba.
Il s’agit de Beatriz Johnson qui est à la tête de cette ville de l’est de Cuba, où l’on dit que Raúl Castro va maintenant s’installer pour y vivre. Les autres femmes du pouvoir exécutif sont le contrôleur général de la République, Gladys Bejerano, et Inés María Chapman, présidente de l’Institut national des ressources hydrauliques, propriété de l’État.
Roberto Morales, ministre de la Santé publique, et le commandant Ramiro Valdés, la figure la plus représentative de la génération historique, continuent d’occuper des postes gouvernementaux élevés. Ils complètent les postes de vice-présidence.
Plus de 35% du Conseil d’Etat a été renouvelé, 48% sont des femmes et plus de 40% sont des Noirs et des métis. L’âge moyen de cette instance est de 54 ans, car plus de 70% sont nés après le 1er janvier 1959, lorsque la dernière révolution cubaine a triomphé.
Sont demeurés à leur place, respectivement présidente, vice-présidente et secrétaire de l’instance parlementaire, pour une durée de cinq ans, Esteban Lazo, Ana Mari Machado et Miriam Brito
«Tout le monde s’accorde à dire que nous aurons un nouveau pays… Et je dirais plus… nous aurons un nouvel Etat, un nouveau gouvernement, une nouvelle politique, et quelque chose sera différent, mais nous ne savons pas quoi ou combien», a dit l’avocat Julio Antonio Fernández à IPS, au sujet de la façon dont le changement politique est reçu par la population cubaine, 11,2 millions d’habitant·e·s.
Le gouvernement, investi ce jeudi 19, a hérité d’un pays qui connaît une nouvelle rechute économique dans la crise – qui, elle, a commencé en 1991 –, une composition socio-économique différente en raison, entre autres, de la croissance du secteur non étatique qui couvre 25% de l’économie – qui est encore très centralisée et nationalisée – ainsi que de l’accroissement d’inégalités, parmi d’autres problèmes.
Et la configuration du continent américain, dans lequel Cuba et son gouvernement devront prouver leur capacité diplomatique, annonce davantage de conflits auxquels ils devront s’affronter.
Juste avant son investiture, le 17 avril, le gouvernement canadien a déclaré que sa mission diplomatique à La Havane ne comportera «pas de délégations accompagnées de leurs familles», suite aux affections sanitaires subies, entre 2016 et 2017, par les diplomates américains et canadiens et leurs familles, cela pour des raisons inconnues.
Ottawa, qui avait jusqu’à présent géré le conflit diplomatique en silence, entre dans une nouvelle phase de sa longue relation de respect et de proximité avec le pays des Caraïbes, où elle entretient des liens économiques solides dans des secteurs clés comme celui du nickel et, de plus, du cobalt. Le Canada est aussi à l’origine du flux le plus important de touristes internationaux.
Une déclaration du ministère cubain des Affaires étrangères, datée du 18 avril, indiquait que Cuba «respecte la décision prise par le gouvernement canadien, mais la considère comme injustifiée». En même temps, elle assurait que Cuba «continuera à travailler de manière constructive» avec le pays du Nord, «en communication étroite par voies diplomatiques».
Les problèmes de santé encore sous enquête et sans origines ou responsabilités prouvées ont causé un recul dans le dégel entre Cuba et les Etats-Unis le 29 septembre 2017. Les missions diplomatiques restent très réduites et leur travail bilatéral a été réduit, après deux années de rapprochement soutenu.
«Le succès (de Diaz-Canel) dépendra de la rapidité avec laquelle la rationalité retrouvera sa place dans la politique américaine» et de «la quantité de pouvoir réel que sa génération aura dans le Parti, l’armée et l’économie», nous a déclaré John McAuliff – par courrier électronique en provenance des Etats-Unis – qui est directeur exécutif du Fonds pour la réconciliation et le développement, une organisation américaine qui travaille à normaliser les relations avec Cuba.
Le politologue cubano-américain Arturo López-Levy a déclaré à IPS qu’«en théorie, le changement de génération au sein du gouvernement cubain peut favoriser les actions anti-embargo parce que la politique d’embargo/blocus contre Cuba a été codifiée (…) comme une stratégie centrée sur Fidel (1926-2016) et Raúl Castro».
Dans la partie sud du continent, où la gauche a connu un âge d’or, les gouvernements de droite sont en bonne place aujourd’hui. Et l’instabilité politique affecte, de manière différente, plusieurs pays clés pour Cuba, tels que l’Argentine, l’Equateur, le Brésil et, surtout, le Venezuela. (Article publié par Inter Press Service (IPS), le 19 avril 2018, La Havanne; traduction A l’Encontre, titre de la rédaction de A l’Encontre)
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[1] La «famille Castro» dispose encore de «personnes d’influence». Alejandro Castro Espin, fils de Raul, âgé de 52 ans, dirige les services «d’intelligence» aussi bien de l’armée que du ministère de l’Intérieur. Il a fait partie de l’équipe qui a négocié avec l’administration Obama. Il dispose, à n’en point douter, d’une position à ne pas négliger. Le général Luis Alberto Rodriguez Lopez-Callejas, ex-mari de la fille de Raul Castro (Débora) est à la tête de Gaesa, la société qui gère les intérêts économiques, diversifiés, de l’armée, autrement dit le secteur présent le plus influent. (Rédaction A l’Encontre)