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Crise de la dette publique : sommes nous condamnés à l'austérité ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Crise de la dette publique : sommes nous condamnés à l'austérité ?
Pendant que Christine Lagarde proclame, de façon surréaliste, que « tous les clignotants sont au vert », et que « les moteurs de la croissance sont, pour certains d’entre eux, à leur meilleur niveau depuis 30 ans », la crise de la dette publique s’amplifie en Europe.
La Grèce est le pays où la situation est la plus dramatique, avec un PIB en chute de 4, 5 % en 2010 (-3, 5 % prévu cette année) et des attaques contre les travailleurs qui continuent de pleuvoir. Actuellement, une délégation de l’Union européenne (UE) et du FMI négocie avec le gouvernement grec la mise en place de nouvelles mesures d’austérité en échange du déblocage de la 5e tranche du plan de « sauvetage » de 110 milliards d’euros consenti l’an dernier. Le 18 mai, le gouvernement « socialiste » a appelé l’opposition de droite à l’union sacrée pour imposer des réformes « structurelles » : privatisation de ce qu’il reste de public en Grèce, non-remplacement de la totalité des fonctionnaires partant à la retraite, etc. C’est ce type de mesures qui seront nécessaires pour que l’UE et le FMI prêtent 60 milliards d’euros supplémentaires afin de couvrir les besoins de financement, en 2012 et 2013, de la Grèce qui n’est plus en capacité d’emprunter sur les marchés. À supposer que ce nouveau plan de sauvetage permette à la Grèce de « tenir » deux ans de plus, cela ne résoudra rien sur le long terme.
L’origine de la crise des dettes publiques est facile à identifier : sur fond de suraccumulation de capital (trop peu de plus-value est produite par rapport à la masse de capital investi), la mise en place de l’euro a accentué les déséquilibres au sein de la zone euro. Privés de la possibilité de dévaluer leur monnaie, les pays les moins compétitifs ont accumulé les déficits externes, d’où une dette extérieure croissante qui a fini par poser un problème de solvabilité, alimentant la hausse des taux d’intérêt.
Pour la bourgeoisie, il est hors de question que la Grèce se déclare en « défaut de paiement », c’est-à-dire qu’elle renonce à rembourser la totalité de sa dette. Cela mettrait immédiatement en grande difficulté les banques (principalement grecques, allemandes et françaises) qui possèdent les titres de la dette grecque. Il s’agit donc d’imposer une baisse des salaires pour diminuer le déficit externe (en réduisant la consommation et les importations) et pour attirer les investisseurs. Le but étant de restaurer les conditions de la solvabilité de la Grèce au prix d’un abaissement monstrueux du niveau de vie de la majorité de la population.
Il est probable que les créanciers devront au final accepter de perdre un peu (en baissant le taux d’intérêt sur leurs créances anciennes ou en allongeant leurs périodes de remboursement) pour ne pas tout perdre. Même s’il existe actuellement des désaccords entre, d’un côté, la BCE et le gouvernement français (hostiles à toute idée de restructuration de la dette, par peur d’un effet domino sur les pays les plus fragiles, dont la France) et, de l’autre, le FMI et le gouvernement allemand (pour une « restructuration douce »), tous se retrouvent sur la solution consistant à faire payer au maximum les travailleurs et au minimum les créanciers.
Il n’y a pas d’issue favorable à la crise dans le cadre des institutions en place. La logique du système pousse à une forme de semi-colonisation des pays de l’Europe du Sud par les États les plus puissants de l’UE (en premier lieu l’Allemagne) : imposition de cures d’austérité, contrôles des politiques budgétaires, etc. Face à ce rouleau compresseur, toute « sortie de l’euro » sans « sortie du capitalisme », comme le préconise le FN, est une solution illusoire qui aboutirait probablement à une explosion de la dette à la suite de la dévaluation de la monnaie nationale, à une spéculation contre la nouvelle monnaie, à la fuite des capitaux, etc. La seule issue est la mise en place d’un gouvernement des travailleurs eux-mêmes, en rupture avec les institutions nationales et européennes, qui aurait la capacité de répudier la dette tout en s’attaquant au pouvoir des capitalistes sur l’économie.
Gaston Lefranc