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Parcoursup: le gouvernement n’en a pas fini avec la contestation
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le gouvernement mise sur la tenue des partiels pour vider les campus et éteindre la mobilisation étudiante entamée au mois de février. De retour des vacances de Pâques les assemblées générales étudiantes réfléchissent à la façon de poursuivre la mobilisation. Les ratés attendus de Parcoursup pourraient faire rebondir le mouvement à partir du 22 mai ou à la rentrée de septembre.
Dès le jour de la rentrée des vacances de Pâques à Paris, plus de 1800 étudiants se réunissent à Nanterre en assemblée générale. À une très large majorité, ils votent le blocage de leur université jusqu’au lundi suivant. Des partiels prévus cette semaine sont reportés. À Rennes, près de 2000 étudiants reconduisent le blocage jusqu’au 7 mai, rendant la tenue des examens, prévus dans la deuxième quinzaine de mai, incertaine. Toulouse Le Mirail est occupé depuis le 6 mars malgré une menace d’expulsion rendue possible par une décision du tribunal administratif du 2 mai.
Par contre, à Bordeaux, la fin de l’occupation a été votée. À Nancy, c’est la police qui évacue des étudiants tentant d’empêcher l’accès aux partiels le 3 mai. Le même jour, les forces de l’ordre délogent une tentative d’occupation à Strasbourg et interviennent sur le campus de la faculté de Grenoble. Certaines académies sont encore en vacances, mais les assemblées générales étudiantes réfléchissent à la meilleure façon de poursuivre la contestation. Le 3 mai, journée de mobilisation cheminote, le mouvement contre la loi orientation et réussite des étudiants (ORE) cherche à s’étendre aux lycées. Sans grande réussite, malgré quelques établissements bloqués comme à Tours où une manifestation réunit environ 2000 jeunes.
Passe tes examens d’abord !
Emmanuel Macron avait grondé : « il n’y aura pas de diplômes en chocolat ». C’est sur ce point que la tension se cristallise depuis plusieurs semaines. Pour le gouvernement, les examens doivent se tenir normalement et le plus vite possible. Pour ce dernier, la tenue des partiels est synonyme de fin de l’année universitaire, de campus vides et d’assèchement de la mobilisation. Une façon aussi d’affirmer son autorité face à un mouvement qu’il refuse de reconnaître en tant que tel, préférant le réduire à l’intervention de « professionnels de l’agitation ». Dans sa volonté de clore l’année universitaire, le gouvernement trouve des alliés de poids : les présidences des universités. Au mois d’avril, 63 présidents d’université sur 73 signent une tribune réclamant des moyens tout en appuyant la réforme et Parcoursup.
Photo : Charlotte Montels
Depuis, nombre d’entre eux ont fait appel à la force publique pour évacuer les facultés occupées. Profitant des vacances, celles de Montpellier, Dijon, Metz et bien d’autres ont été évacuées. Ainsi, après Bordeaux au mois de mars, l’intervention de la police sur les campus est devenue la norme de la gestion de la contestation au fur et à mesure que l’échéance des examens se rapproche. Dans le même temps, tous les bidouillages sont de mise pour clore l’année. Ici, les examens sont délocalisés avec présence policière à l’entrée, là ce sont des devoirs à la maison qui font office d’examens terminaux, ailleurs le numérique vole au secours de la volonté de faire passer les partiels à tout prix. Quitte à prendre quelques libertés avec les règles de convocation ou d’anonymisation des copies et à transformer le « pas de diplômes en chocolat », annoncé par Emmanuel Macron, en « validation à exigences limitées ».
« Les facs ne peuvent pas se permettre de voir baisser leur taux de réussite aux examens », rappelle Florent Chapelle, porte-parole de la fédération Solidaires étudiant-e-s. Pour le syndicaliste étudiant, la concurrence entre les universités, la course aux financements et à l’excellence expliquent en partie leur acharnement à valider l’année, coûte que coûte. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait le semestre, en quelque sorte. Pourtant, la validation de l’année universitaire n’est pas un long fleuve tranquille. En plus des tentatives de blocage des étudiants mobilisés, des enseignants rechignent à jouer le jeu et certaines UFR refusent tout simplement de convoquer les examens.
Parcoursup : le pire est à venir
Mais même si les examens sont tenus au mois de mai et que le mouvement se recentre sur le carré des étudiants les plus militants, la question de la sélection pour l’accès aux études supérieures n’est pas enterrée. « Le problème, c’est qu’il n’y aura pas assez de place à la rentrée » rappelle Florent Chapelle. Faute d’y mettre les moyens humains et financiers, les 65 000 étudiants supplémentaires attendus en septembre ne trouveront pas tous une université pour les accueillir. Et ce malgré les 19 000 places financées supplémentaires pour 2018 annoncées par Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur.
Combien seront recalés ? Au moins 100 000 imagine Florent Chapelle qui prédit à Parcoursup des déconvenues plus importantes qu’à admission post-bac (APB), le système précédent. En tous les cas, le 22 mai, jour des premiers résultats sur les vœux formulés par les futurs bacheliers, ne s’annonce pas vraiment bien. Les algorithmes nationaux et locaux restent opaques et font craindre un bug même aux partisans de la réforme. À l’approche de la date fatidique, les enseignants composant les commissions devant étudier les demandes croulent sous le travail et n’ont que quelques minutes pour statuer sur les candidatures. Et ainsi, décider de leur sort. Du coup, le refus de classer les demandes progresse chez les professeurs.
La sélection par Parcoursup apportera son lot de déception pour les nouveaux bacheliers, comme l’admission post-bac (APB) et le tirage au sort l’an dernier. Cependant, les premiers résultats le 22 mai ne devraient pas produire énormément de secousses. Les admissions se font en plusieurs étapes d’ici à la rentrée de septembre. De plus, les élèves concernés sont en pleine révision du baccalauréat. Pourtant les rectorats cherchent à identifier les « lycéens à risque », ceux n’ayant formulé qu’un seul vœu, pour déminer le terrain. La prudence est de mise.
Par contre, la rentrée universitaire pourrait voir la question rebondir. Chaque année depuis 2015, dans une poignée d’universités, des mobilisations ont lieu avec des centaines d’étudiants non inscrits pour obtenir leur admission. Cette année, toutes les universités pourraient être touchées avec un nombre important d’étudiants sans affectation, relançant le refus de la sélection.