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Krivine (Mai 68): "La force qu’on a eue, c’est d’être unitaires dans l’action"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Alain Krivine Alors leader de la contestation, deux ans après avoir fondé la Jeunesse communiste révolutionnaire
Que retenez-vous de Mai-68 ?
« Pour moi, ce n’est pas une explosion révolutionnaire, c’est une explosion populaire. Je ne veux pas commémorer, parce que c’est un enterrement. Ce qui m’intéresse, c’est ce qui reste valable aujourd’hui : la force du mouvement spontané des gens. Quand on a été arrêtés le 3 mai (pacifiquement) à la Sorbonne, on a été entourés dans les cars de flics par des milliers d’étudiants qui gueulaient « libérez nos camarades ». Chez les étudiants, il y avait l’arrivée de nouvelles couches moyennes, la guerre du Vietnam a politisé rapidement les gens. Le prolétariat était numériquement plus faible qu’aujourd’hui, mais plus uni. »
L’ alliance étudiants-ouvriers a-telle vraiment eu lieu ?
« Il n’y avait pas de réelle unité, en tout cas à Paris. Moi, je n’allais pas aux AG de la Sorbonne, il n’y avait que des étudiants. Cohn-Bendit était un leader fantastique, les gens l’écoutaient appeler à bloquer le Quartier latin, les ouvriers étaient prêts à suivre mais ne voulaient pas le pouvoir. J’ai emmené un cortège étudiant à Renault Billancourt : les types qui nous ont accueillis chantaient L’Internationale , ils ne nous ont pas laissés entrer. S’allier, les étudiants ne demandaient que ça ; ils étaient déçus, moi je m’y attendais. J’étais déjà trotskiste. »
La gauche était donc divisée ?
« Aux réunions des dirigeants, Cohn-Bendit avait le micro et on faisait le service d’ordre, ce n’était pas très démocratique. Le 10 mai, je me souviens des maoïstes et des lambertistes allant vers les barricades, et, voyant qu’il y avait peu d’ouvriers, partir se coucher. Le PC et la CGT nous traitaient de gauchistes. Pour eux, les étudiants étaient des petits-bourgeois. Après les barricades, ils ont été obligés de lancer un appel à la grève générale. »
Peut-on et faut-il critiquer 68 ?
« Il faut avoir un regard lucide. Ce fut un mouvement extraordinaire, les gens se parlaient, c’était fantastique. Il y a toute une génération pour qui c’est divin, il ne faut pas y toucher. Quand Sarkozy a attaqué 68, il s’est mis tout le monde à dos. Mais il ne faut pas être acritique, il y a eu des carences. Il n’y avait pas d’alternative crédible en termes de pouvoir politique parce que le PC et la CGT ne voulaient pas le prendre. La force qu’on a eue, c’est d’être unitaires dans l’action. »
Que reste-t-il de ce mouvement ?
« Si vous regardez les leaders connus de 1968, ils sont morts : soit physiquement, soit politiquement. Il y a plein d’anciens comme Cohn-Bendit et Goupil qui sont devenus macronistes. Je crois qu’ils ont tourné parce que la situation a viré, mais je crois qu’ils ont tort. »
Pensez-vous qu’un nouveau Mai-68 est réellement possible ?
« Il faut croire à un nouveau Mai-68, mais en voyant les faiblesses. Je ne sais pas ce qui va se passer. Localement, les gens sont anticapitalistes, plus qu’en 1968, mais ils sont aussi plus démoralisés par les défaites passées, et ne voient pas d’alternative crédible au capitalisme. C’est compliqué, il n’y a pas d’expérience longue d’auto-organisation ouvrière. Les partis, y compris de l’extrême gauche, sont en crise. Les gens en ont marre de Macron, mais il n’y a rien d’autre. »
Pourtant on voit des mobilisations…
« Il y a plus d’étudiants aujourd’hui et ils sont obligés de travailler pour payer les études et le logement. Ça commence à bouger, mais il y a le problème des partiels, à l’époque, les gens s’en foutaient. Le mouvement de contestation est radical mais très divisé y compris entre syndicats… La convergence est indispensable mais marginale pour le moment. »




