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Notre-Dame-des-Landes: vent de zizanie sur la ZAD

NDDL

Lien publiée le 14 mai 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.liberation.fr/france/2018/05/13/notre-dame-des-landes-vent-de-zizanie-sur-la-zad_1649721

Un «comité de pilotage» doit se réunir ce lundi à Nantes pour étudier la régularisation des habitants de la zone à défendre, avant de possibles nouvelles expulsions. Les occupants sont de plus en plus divisés entre ceux qui se sont résignés au processus administratif et ceux qui le rejettent.

A ce rythme-là, tout le gouvernement va finir par passer par Nantes. Ce lundi, Stéphane Travert est en effet attendu à la préfecture pour présider le comité de pilotage (Copil) sur le devenir du bocage de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Le ministre de l’Agriculture succède à sa collègue des Transports, Elisabeth Borne, venue parler le 4 mai de l’agrandissement de l’actuel aéroport de Nantes. Nicolas Hulot, lui, était là il y a à peine un mois, le 18 avril, pour la reprise des négociations après les premières expulsions… Edouard Philippe et son ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, avaient gratifié les gendarmes mobilisés sur la ZAD d’une visite surprise le 13 avril. Preuve, s’il en fallait, des multiples facettes que revêt l’abandon du projet d’aéroport.

Les habitants de la «zone à défendre», de leur côté, ont donc été contraints de se calquer sur ce tempo gouvernemental effréné. Le 20 avril, ils s’étaient ainsi résolus à déposer une quarantaine de dossiers «nominatifs», dont 28 projets purement «agricoles», comme demandait le gouvernement. Un «geste de bonne volonté» salué par la préfète Nicole Klein, qui leur a valu une «trêve» de trois semaines dans les expulsions.

«Dispositif contre-insurrectionnel bicéphale»

Depuis, tous n’ont eu de cesse de rappeler le caractère «interdépendant» de leurs projets: ils rêvaient initialement d’une convention d’occupation collective, comme celle mise en place au Larzac en 1984 après l’abandon du projet d’extension du camp militaire. La quasi-totalité de leurs «lieux de vie» est ainsi concernée par des demandes de régularisation. Mais rien ne garantit, pour autant, que toutes seront satisfaites. Trois agriculteurs de la ZAD, inscrits depuis plusieurs années à la Mutualité sociale agricole (MSA), ont par exemple vu leurs dossiers «mis de côté» pour le moment par la préfecture: les anciens exploitants des terres qu’ils occupent sans titre aimeraient remettre la main dessus – bien qu’ils aient déjà été dédommagés… L’Etat s’est jusque-là refusé à trancher, incitant les protagonistes à rechercher une improbable solution «à l’amiable».

En déposant ces dossiers nominatifs, les habitants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes estimaient pourtant avoir fait un «geste» énorme en direction du gouvernement. Une «stratégie d’autodéfense administrative» que certains d’entre eux assument aujourd’hui. «Il a semblé plus important de donner une chance de préserver le plus de lieux et d’activités possible en jouant aussi cette carte, expliquent-ils. Face à un dispositif contre-insurrectionnel bicéphale, qui nous attaque à la fois sur le plan administratif et militaire, le rapport de forces nous paraîtrait défavorable s’il reste cantonné au strict terrain de la confrontation.»

«Réapprendre leurs vocabulaire et sigles»

Reste que ce pari n’est pas du goût de tous, alors que la ZAD s’est construite historiquement contre les décisions de l’administration… «Nous voilà donc sommés d’apprendre ou de réapprendre leurs vocabulaire et sigles, enrageait mercredi un zadiste sur le site d’information alternatif Indymedia, où s’expriment dorénavant les voix discordantes de la zone. Nous voilà en train de penser ce que qu’on va dire en fonction de ce qui va leur plaire. L’ensemble prend la tournure d’une espèce d’entretien d’embauche, à la différence qu’on cherche à se faire embaucher collectivement.»

Preuve des tensions qui agitent le mouvement, la coordination des organisations opposées au projet d’aéroport a ainsi dû «ajourner» son traditionnel rassemblement estival, dont elle avait annoncé en janvier le maintien, en guise de feu d’artifice, dans la liesse qui avait suivi sa «sacrée belle victoire»… «Force est de constater que, depuis plusieurs semaines, le climat s’est beaucoup dégradé sur la zone», justifie-t-elle. Dans une lettre ouverte, un comité local breton s’en est pris de son côté à l’Acipa et au Cédpa, deux des principales organisations du mouvement, après que leurs représentants ont publiquement pris leurs distances avec les zadistes les plus radicaux… Ambiance.

C’est donc dans ce contexte tendu que les habitants de la ZAD s’attendent à une seconde vague d’expulsions cette semaine. Même si des «avancées» ont été relevées par la délégation habilitée à négocier avec la préfète, lors d’une réunion tenue le lundi 7 mai, autour des projets non agricoles et des habitats précaires. «Il semblerait que l’Etat ait de nouveau l’intention de faire une opération policière sur le terrain, s’inquiète un de ses membres. En tout cas, ils ont dit qu’ils ne l’excluaient pas du tout.»  «L’Etat souffle le chaud et le froid, en montrant d’un côté des volontés de négociation et d’ouverture et, de l’autre, en le faisant systématiquement par ultimatums», s’agace un autre.

Lourd tribut

Pour faire de nouveau entendre leurs revendications, un pique-nique et un rassemblement «calme» et «déterminé» auront donc lieu ce lundi midi devant la préfecture, à Nantes, avant la venue du ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert. Les zadistes et leurs soutiens, à vrai dire, ont déjà payé un lourd tribut dans les violents affrontements avec les gendarmes: plus de 300 d’entre eux ont été blessés à des degrés divers par les grenades des gendarmes depuis le début des opérations, le 9 avril. Dont 33 lors de la première semaine de «trêve»… L’un d’eux a reçu un éclat métallique «à 1 ou 2 cm» de la colonne vertébrale, s’inquiète un «collectif de soignant.e.s» (médecins, infirmiers, psychologues…) en lien avec «l’équipe médic» de la ZAD. «En utilisant ces armes, l’Etat prend le risque de tuer», martèle-t-il.