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Les personnes âgée dépendantes victimes d’une forme de «maltraitance»

Lien publiée le 17 mai 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.liberation.fr/amphtml/france/2018/05/16/les-personnes-agee-dependantes-victimes-d-une-forme-de-maltraitance_1650517

Dans un avis rendu public ce mercredi, le Comité consultatif national d’éthique se montrent extrêmement sévère sur la situation les établissements pour personnes dépendantes.

«Un délabrement éthique.» L’analyse est forte, terrible même, sur le système des Ehpad, ces établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, en France. En tout cas, c’est celle que vient de tenir le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) dans un avis rendu public, ce mercredi. «Voilà des personnes très âgées qui se retrouvent institutionnalisées (placées en institution, ndlr) alors qu’elles ne l’ont pas vraiment consenti», résume ainsi le professeur Régis Aubry, rapporteur de ce texte sur «les Enjeux éthiques du vieillissement». «Ces personnes se retrouvent, en plus, entre vieux alors qu’elles ne l’ont pas demandé. Enfin, elles se doivent payer très cher». Sombre bilan. Comme si la société dans son ensemble s’était débarrassée de la situation de ces personnes les plus fragiles.

Le CCNE s’est lui-même autosaisi de cette question, avec l’objectif de s’interroger sur le «sens à donner à la concentration des personnes âgées entre elles dans des établissements dits d’hébergement». Bref, de se demander si les Ehpad sont une bonne manière de répondre à la grande vieillesse. La réponse est donc franchement négative. Le rapport égrène ainsi une série de données qui, pour certaines, donnent le frisson. Près de 600 000 personnes vivent aujourd’hui dans l’un des 7 200 EHPAD, un nombre d’établissements qui baisse depuis 2015. Paradoxe, les Agences régionales d’hospitalisation ont pourtant prévu d’installer 12 320 places supplémentaires dans la période 2017-2021. «Les trois quarts des personnes résidentes interrogées auraient souhaité ne pas vivre leur existence en Ehpad», accable le rapport. Le profil des résidents est le suivant: au trois-quarts, il s’agit de femmes, l’âge moyen est de 85 ans et la durée moyenne de séjour est de 2 ans et demi. On y vient de plus en plus tard, de plus en plus triste, dans une situation physique de plus en plus lourde, et on y vient pour mourir. «Le tarif médian est de 1949 euros par mois, ce qui représente l’équivalent de 114% du revenu mensuel moyen d’un retraité avant aides sociales», pointe le rapport.

«Dénégation collective»

Voilà pour les chiffres, auxquels on pourrait en ajouter un dernier: 40% des personnes en EHPAD seraient déprimées. «L’accumulation de ces données, martèle Régis Aubry, donne le sentiment d’une dénégation collective de cette situation. On ne veut pas voir collectivement ce qui se passe». Il y a aussi ces mots repris dans l’avis du Comité: «Cela révèle une forme latente de maltraitance vis-à-vis des personnes âgées dépendantes à la fois au plan politique, mais d’une façon plus générale au plan social et parfois familial.» Et d’ajouter: «Cette forme de maltraitance, non assumée, peut potentiellement induire une exclusion effective de ces personnes.» Enfin, il y a cet aveu: «Dans les conditions actuelles d’organisation de notre système social et de notre système de santé, le respect des personnes les plus vulnérables n’apparaît pourtant plus comme prioritaire».

Pour le CCNE, cette maltraitance ne date pas d’hier, mais elle est le fruit d’une longue histoire, aux responsabilités variées. «Nos sociétés, en confiant finalement la vieillesse et la fin de la vie à la médecine, ont confiné des personnes en raison de leur âge dans des lieux de vie souvent violents et parfois même maltraitants. Elles ont exclu ces questions du champ de la responsabilité sociale et individuelle.» Cela se traduit «par une tendance très marquée à l’institutionnalisation des personnes âgées les plus fragiles, en leur imposant des contraintes mal justifiables psychologiquement, contraintes altérant le vécu de la fin de leur vie déjà difficile à supporter. Or la vieillesse, la fin de la vie et la mort ne concernent pas que la médecine et la santé».

Face à ce constat d’une maltraitance collective face au grand âge, le président du CCNE, le professeur Jean-François Delfraissy a reconnu que, pour une fois, son comité a rendu «un avis certes éthique, mais aussi politique». «On ne peut pas, a-t-il expliqué, dresser ce constat, et ne pas faire des propositions.» Et c’est sur ce volet que l’on peut rester sur sa faim, car lesdites propositions restent très généralistes, appelant à l’émergence de nouvelles solidarités et à faire vivre «l’intergénérationnel». Certes…

«L’Ehpad hors de l’Ehpad»

Plus concrètement, le CCNE propose de «réfléchir à l’Ehpad hors de l’Ehpad». Il «pourrait être imposé par exemple aux immeubles nouveaux d’intégrer un ou deux étages de logement pour un Ehpad». Autre piste: «favoriser les alternatives à l’Ehpad, comme l’habitat intergénérationnel» ou «l’habitat intermédiaire pour personnes âgées (résidences autonomies, résidences services)». «Il s’agit de refondre notre système de santé», a encore insisté Régis Aubry.

Le Comité propose aussi de «faire évoluer le droit social, pour permettre à un proche d’aider et d’accompagner une personne malade ou handicapée». Enfin, il suggère la création «d’un cinquième risque reconnue par la sécurité sociale (en plus de la maladie, l’accident du travail, la famille et la retraite, ndlr), pour permettre une meilleure prévention et un meilleur accompagnement des personnes dépendantes». Ce cinquième risque a été envisagé mais jamais concrétisé par des gouvernements précédents. En avril, Emmanuel Macron en a juste évoqué la possibilité.