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Voltaire s’en va-t-en guerre contre la relégation scolaire
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://www.humanite.fr/voltaire-sen-va-t-en-guerre-contre-la-relegation-scolaire-655542
Mercredi 15 mai, enseignants et parents des lycées de l’est parisien ont symboliquement occupé le lycée Voltaire pour dénoncer le sort qui leur est fait, l’effet néfaste des réformes en cours, et dégager ensemble des voies pour résister.
Ils sont venus d’un peu tous les lycées de l’est de Paris. Arrivés discrètement par petits groupes, enseignants (surtout), parents, conseillers d’orientation, quelques (rares) élèves mais aussi des représentants des cheminots en lutte, ils sont entrés dans le lycée Voltaire, près du Père-Lachaise (11e arrondissement) mercredi à partir de 18 heures. Et ils y sont restés, bien au-delà de l’heure fatidique de la fermeture à 19 heures, permettant à qui le souhaitait de suivre leur action en direct vidéo via le hashtag #occupyvoltaire.
Une occupation ? Exactement. Une occupation pacifique, tranquille et même festive puisqu’un peu plus tard dans la soirée, la compagnie Jolie Môme se joindra au bataillon des occupants. L’une des cours de ce lycée typiquement parisien, grand bâtiment aussi majestueux que vieillot, sera alors transformée en place de village où les artistes offriront chants et danses plutôt engagés à un public tout acquis – et heureux de se réchauffer face au vent fripon venu refroidir cette soirée de mai.
Mais avant cela, pas question de refroidissement dans la vaste salle des profs où tout le monde s’est assemblé. Sur les tables, salades, saucisson, tomates, camemberts, madeleines s’entassent, et tout le monde se cotise pour rembourser l’achat de ces victuailles. Pas tout à fait de quoi tenir un siège, mais au moins une (bonne) soirée consacrée à dénoncer les « établissements de relégation » que sont devenus la plupart des lycées de l’est parisien : Voltaire évidemment, mais aussi Ravel, Turgot, Paul-Valéry, Bergson, Rodin… la liste s’allonge à mesure que les intervenants se présentent.
Car c’est dans ces établissements que se concentrent, comme par un curieux hasard, les élèves issus des classes populaires (avec des taux de boursiers qui battent des records), et/ou les élèves les plus en difficulté – chacun s’attachant pourtant à préciser que les deux ne sont pas liés. Ségrégation sociale, donc, et ségrégation scolaire s’additionnent. « On dit aux élèves de troisième "demande Voltaire si tu veux quand même passer en Seconde" ! » dénonce Nicolas, prof à Voltaire, la voix pleine de colère. « Les mômes arrivent complètement dézingués, on fait quand même du super boulot avec eux, et le retour qu’on a c’est du mépris, on est considérés comme des moins-que-rien ! »
Un mépris aux manifestations très concrètes : à la rentrée prochaine, Voltaire risque de subir une baisse de 180 heures par semaine de sa DHG (dotation horaire globale). Le calcul est simple : une classe demandant en moyenne 30 heures de cours, cela équivaut à supprimer six classes dans cet établissement de 1400 élèves. Ou à faire passer les effectifs des classes de 34-35 élèves en moyenne, à 38 élèves. Professeur de philosophie, Ludovic nous explique, d’une seule traite : « Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que ça pose peut-être des problèmes de vie dans la classe, évidemment, mais surtout ça veut dire un travail de correction encore plus important, surtout dans une matière comme la mienne. Du coup on s’en tient au minimum réglementaire de trois devoirs par trimestre. Alors qu’on sait très bien qu’il faudrait en faire le double parce que plus les élèves font de devoirs, plus ils progressent. Donc en réduisant la DGH, on empêche nos élèves de progresser. » La colère est aussi palpable que le sentiment d’isolement, voire d’impuissance : « Ça fait du bien à tout le monde de se retrouver dans une salle des profs pour faire enfin quelque chose, pas juste être sans son coin » ajoute notre interlocuteur.
Le mépris, les conseillers d’orientation-psychologues le connaissent bien, eux aussi. Après la réduction du nombre de CIO l’an dernier (à Paris, ils sont passés de onze à six), c’est à présent leur disparition pure et simple qui est programmée par le projet de loi cyniquement intitulé « pour la liberté de choisir son avenir professionnel ». Florence explique : « Il s’agit de mettre le personnel des CIO à disposition des régions, qui ont en charge la formation professionnelle. Mais construire un projet professionnel avec un ado en devenir, ce n’est pas du tout la même chose que répondre à la demande d’emploi d’un adulte au chômage ! En fait, ce que veut le gouvernement, c’est inverser la liberté de choix : ce sont les entreprises qui vont venir à la pêche dans les bahuts pour choisir les élèves qui les intéressent ». Clément complète : « On nous dit qu’il ne s’agit pas d’une privatisation, mais que feront les régions ? Elles feront des appels à projets, auxquels répondront des boîtes privées de formation et de conseil ! »
Pendant que Jolie Môme s’échauffe dans la cour, un groupe est parti afficher sur la façade du lycée une banderole sur laquelle on lit « Voltaire occupé, non aux réformes Blanquer ». Documentaliste à Voltaire, Fred porte un badge au slogan évocateur : « Tout doit disparaître ». « La réforme du bac » dénonce-t-il, « c’est une usine à gaz dont le but est d’empêcher une majorité d’élèves d’accéder à l’enseignement supérieur. Juste parce que ça coûte de l’argent ! » Une mère d’élève confirme les effets déjà délétères du système Parcoursup : « Les élèves s’autocensurent dans leurs vœux, ils présument qu’ils n’ont aucune chance là où ils voudraient vraiment aller, alors ils renoncent. » Enseignant-chercheur à Créteil, Gérard abonde : « Répartir les bacheliers selon les critères avancés par le ministère, c’est impossible – d’ailleurs beaucoup de collègues refusent. Que font les universités ? Elles prennent comme critère le classement du lycée d’origine, et ça c’est une sélection sociale, les résultats au bac ou en Première et Terminale, et ça c’est de la sélection scolaire. Le résultat est immédiat : le bac comme diplôme national n’existe plus, et il ne donne plus accès à l’enseignement supérieur ».
L’occupation de Voltaire se poursuivra ainsi jusqu’après minuit. Pas d’évacuation musclée, mais une dispersion aussi tranquille que le fut l’arrivée des occupants. Lesquels, au terme de cette soirée d’échanges et de réflexion, ont convenu de tout faire pour élargir leur mouvement et mieux faire entendre et voir la colère des lycées de l’est parisien. A commencer par la journée nationale de mobilisation de la fonction publique, le 22 mai prochain, où des mini-cortèges pourraient partir de chaque établissement concerné pour converger vers la République.