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"Marées populaires" dans toute la France: 250 000 manifestants selon la CGT

Lien publiée le 26 mai 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Malheureusement, c'était marée basse aujourd'hui. C'est beaucoup que ce qu'on pouvait espérer, bien en deça des premières manifestations du 22 mars.

C'est le résultat, notamment, du sabotage des bureaucraties syndicales qui n'ont strictement rien fait, depuis deux mois, pour amplifier la mobilisation et construire un mouvement interprofessionnel de grève reconductible. Bien au contraire : elles ont laissé les étudiants se faire réprimer sans rien faire, elles ont épuisé les cheminots avec une grève perlée qui ne peut pas faire reculer le gouvernement,  etc. Aujourd'hui, beaucoup de gens sont désabusés et ont bien conscience que les possibilités de victoire sont minces.

https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/05/26/on-est-la-pour-se-compter-et-se-motiver-des-dizaines-de-milliers-de-manifestants-contre-la-politique-de-macron_5305173_823448.html

Près de 32 000 personnes ont défilé à Paris, selon un comptage indépendant. Plus de soixante partis, syndicats et associations avaient appelé à une « marée populaire » dans tout le pays.

« Il faut que de plus en plus en plus de gens viennent s’opposer à la politique de ce gouvernement, il faut se montrer. Un pays qui ne bouge pas n’obtiendra rien ! » Comme Farzad, 61 ans, vendeur à la Fnac et syndicaliste CGT, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à travers la France, samedi 26 mai, pour s’opposer à la politique d’Emmanuel Macron. Elles répondaient à l’appel inédit lancé par une soixante de syndicats, de partis politiques et d’associations, qui espéraient former une « marée populaire ».

A Paris, la manifestation a réuni près de 32 000 personnes, selon un comptage indépendant réalisé par la société Occurrence pour un collectif de médias, dont Le Monde. Le ministère de l’intérieur a annoncé avoir comptabilisé 21 000 personnes et la CGT 80 000 personnes. Dans le cortège, les sujets de revendications sont nombreux : réforme de l’universitéstatut des cheminots, salaires des personnels d’Air France, loi asile et immigration, violences policières, « zone à défendre » (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes, suppression de postes des fonctionnaires, baisse des prestations sociales…

« Macron, il est dans la théorie du choc, estime Sarah, une manifestante de 31 ans, professeure de mathématiques, que Le Monde a rencontré dans le cortège. Il est sur tous les fronts pour que ce soit très difficile pour nous de réagir. Moi, je suis pour la convergence des luttes. Je suis réaliste, je sais qu’on n’est pas encore assez nombreux. Quand on sera un million dans la rue, on reparlera du rapport de force. A l’heure actuelle, on s’entraîne. Comme dirait Ruffin, on est là pour se compter et se motiver. »

« On a tous une raison de participer à ce mouvement parce qu’on souffre tous de la politique ultralibérale du président, juge aussi Vincent, 33 ans, membre du Syndicat des navigants du groupe Air France (SNGAF). L’actualité récente de notre entreprise montre les limites de cette politique. On se sent solidaire des cheminots, des étudiants, etc. »

Les quartiers populaires en tête de cortège

En tête du cortège parisien, le comité Adama, formé en mémoire d’Adama Traoré mort par asphyxie en 2016 lors d’une interpellation, avait déployé une banderole dénonçant notamment les « crimes policiers » et la « gestion coloniale des quartiers ».

« La lutte actuelle ne peut pas être faite sans parler des violences policières », a confié au Monde Assa Traoré, la sœur d’Adama. Les quartiers populaires font partie de la France, il est important de parler pour nous-mêmes. » Pour Almamy Kanoute, membre du Comité Adama, « il faut se réapproprier les thématiques qui nous concernent, l’injustice, les inégalités dans les zones populaires et rurales ». « C’est un pied de nez au paternalisme politique, se félicite-t-il. Nous sommes en capacité d’organiser les choses sans demander l’autorisation ni l’aval des organisations traditionnelles. »

Selon Madjid Messaoudene, conseiller municipal à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), « il est logique que, dans un défilé présenté comme une marée populaire, les banlieues se trouvent en tête. Nous devons être là pour parler des quartiers populaires qui subissent de nombreuses violences de la part de l’Etat, qui sont abandonnés par la République. Emmanuel Macron a montré tout récemment qu’il était déconnecté des réalités des banlieues. »

« Formez ce front populaire dont le peuple a besoin »

Le député des Bouches-du-Rhône et chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, était dans le cortège de Marseille, où la police a compté 4 200 personnes, contre… 65 000 pour la CGT. « Formez ce front populaire dont le peuple a besoin !, a-t-il lancé. Il faut que la tête dure de monsieur Emmanuel Macron entende ce message du peuple populaire, comme on dit. Le pays est riche, le pays doit partager. Il est assez que ce soit les mêmes qui aient toujours tout. »

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a assuré qu’il était possible de manifester aux côtés des politiques « à condition que le mot d’ordre soit clair. C’est le cas » avec la marée populaire, « où on parle de pouvoir d’achat, de droits collectifs, de protection sociale ». Il a en revanche regretté l’absence des deux syndicats Force ouvrière (FO) et CFDT. « Cela fait un petit moment qu’il n’y a pas d’unité syndicale, mais on y travaille. »

D’autres grandes villes ont connu des rassemblements, notamment à Toulouse où entre 5 000 et 8 000 personnes se sont réunies, mais également à Nantes (entre 3 000 et 6 000), à Montpellier (2 500 personnes selon la police), à Grenoble (1 900 personnes), Strasbourg (1 500 personnes) ou encore Lyon (1 200 personnes).

Les cortèges ont été émaillés de quelques incidents. A Nantes, des manifestants ont lancé divers projectiles en direction des forces de l’ordre, qui ont répliqué en faisant usage d’une lance à eau. La préfecture de police de Paris a annoncé avoir procédé à 24 interpellations avant le début de la manifestation. Les forces de l’ordre avaient choisi une stratégie de moindre visibilité, se déplaçant dans des rues parallèle au cortège, a noté Cécile Bouanchaud, journaliste au Monde.