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Les journées ouvrières des 9 et 12 février 1934, de Marc Bernard
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Grasset, mars 1934, réédité à La Fabrique en mai 2018 avec une introduction de Laurent Lévy, 192 pages, 12 euros.
D'origine populaire, Marc Bernard (1900-1983) est, dans les années 1930, une figure des milieux littéraires d’extrême gauche. Il s’en éloignera en 1940, avant l’obtention du prix Goncourt en 1942 puis une collaboration au Figaro après-guerre. Mais début 1934 il aspire avec les « écrivains prolétariens » à faire « pénétrer dans la littérature, l’esprit de révolte qui anime les couches sociales dont ils sortent et auxquelles ils déclarent vouloir rester fidèles ».
Les péripéties d’un rapprochement
En pleine « troisième période », le Parti communiste en appelle alors, face au danger fasciste, à un illusoire « front unique à la base » avec les socialistes. Mais le 6 février, c’est au côté d’organisations nationalistes que, via l’Association républicaine des anciens combattants, il appelle ceux-ci à défiler dans Paris. La manifestation tourne à l’émeute quand les ligues d’extrême droite tentent de s’emparer du Parlement.
À chaud et au jour le jour, Marc Bernard décrit ces journées. Le 6, où des militants communistes se joignent aux Camelots du roi dans l’émeute. Mais surtout, en réaction aux événements, les manifestations qui se multiplient en province regroupant socialistes et communistes. Le 9, où communistes et manifestants ouvriers affrontent la police dans l’est parisien. Puis, pour le 12, la préparation commune avec les socialistes de la grève générale et de la manifestation monstre à la porte de Vincennes, mais aussi d’autres, massives, dans presque toutes les villes ouvrières de la région. Le principal intérêt du récit est d’exposer, avec de nombreux détails, les péripéties d’un rapprochement, par la suite passées sous silence et méconnues.
L’enthousiasme généré se retrouve dans le témoignage de Marc Bernard proclamant que « chaque fois que le PC et le PS s’uniront pour agir, […] ils entraîneront […] un tel élan révolutionnaire que je ne vois aucun obstacle qu’ils ne puissent briser ». Pourtant en 1936-1938, c’est contre ces organisations, unies dans la politique du Front populaire, que viendra se briser la vague montante de la révolution prolétarienne.
Kris Miclos