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Une sélection de romans révolutionnaires

culture livre

Lien publiée le 22 juin 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.19h17.info/2017/05/04/une-selection-de-romans-revolutionnaires/

Nous proposons aujourd’hui une petite sélection de trois romans classiques révolutionnaires, venus de trois continents différents.  Le talon de fer de Jack London, Sans patrie ni frontières de Jan Valtin et le bateau usine de Takiji Kobayashi.

Le talon de fer

Écrit par Jack London en 1906, le talon de fer se présente comme le journal intime d’une jeune femme d’origine bourgeoise, Avis Everhard, prise dans le tourbillon révolutionnaire. Les premières pages du roman relate la rencontre d’Avis avec celui qui deviendra son compagnon, Ernest Everhard, un militant révolutionnaire ouvrier. Celui ci sera son initiateur à la critique marxiste du capitalisme. Les premiers chapitres sont d’ailleurs des attaques en règles de l’idéologie dominante, au travers du récit des controverses qui opposent Ernest à divers protagonistes, prêtres, professeurs de philosophie, ou encore patrons & petits commerçants.

Ce livre est le cheval de Troie de London pour faire pénétrer ses idées marxistes révolutionnaires dans son lectorat. Un lectorat précédemment conquis par son grand succès populaire, Croc Blanc.

Bien sûr, le talon de fer à des défauts. Le principal étant le rôle de second plan attribuée à la narratrice, Avis, qui tout au long du livre sert surtout de faire valoir au véritable héros de l’histoire, Ernest Everhard, une sorte de militant révolutionnaire un peu fantasmé. A noter d’ailleurs que pour le personnage d’Ernest, Jack London s’est inspiré… De lui même, tel qu’il eut aimé être. D’ailleurs, un discours qu’il prête à son héros (au club des philomathes) est directement inspiré d’un discours qu’il prononça lui même. (Revolution).

Disponible depuis quelques années dans une nouvelle traduction aux éditions Phoebus Libretto, Le Talon de fer est plus qu’un classique révolutionnaire : c’est le classique par excellence. Mark Twain disait que les classiques sont les livres que tout le monde voudrait avoir lu mais que personne ne veut lire. Ce livre vaut en tout cas le coup de se motiver un peu. De Jack London, on aurait aussi bien pu citer l’excellent Martin Eden, ou encore le bureau des assassinats… Pour ne donner que quelques titres de l’un des plus grands écrivains révolutionnaire américains.

Sans patrie ni frontières

Écrit par Jan Valtin, le pseudonyme de Richard Julius Hermann Krebs, Sans patrie ni frontières se présente comme une autobiographie romancée, dont les péripéties, bien qu’à prendre avec un peu de recul, donne une idée de l’ambiance bouillonnante de l’entre-deux guerres.

Militant Spartakiste à 16 ans pendant la révolution allemande, Jan Valtin fuit la répression et la misère en s’engageant comme marin. Très vite, l’équipage se révolte, organise un soviet du bateau, envisage de se faire pirate… Après plusieurs péripéties, le héros regagne les rangs du parti communiste allemand. Envoyé faire l’école du parti en URSS, il devient dans les années vingt agent du Komintern, l’internationale communiste. Responsable de l’organisation et la propagande sur les ports, il parcourt le monde au service de la révolution. Mais, assez vite, ça se gâte. Le Komintern, « parti-mondial de la révolution » se transforme en outil au service de la bureaucratie soviétique, la nouvelle classe exploiteuse en Russie, dirigée par un Staline despotique. Pourtant, Valtin, à l’instar de nombres de ses camarades, ne se résout pas à solder sa participation à l’internationale : c’est toute sa vie. Et puis, a t-il encore le choix ? C’est qu’on ne quitte pas le Komintern comme ça. Et déjà, en Allemagne, le nazisme étend son influence. Valtin trouve la ligne du parti communiste allemand, définie depuis la Russie, comme délirante et porteuse de tout les dangers. Pourtant, discipliné, il l’applique… Tout cela fait de ce livre un grand roman d’aventure, une fresque révolutionnaire époustouflante, mais aussi le roman noir de l’écrasement de la révolution sur toute une période historique, et de la catastrophe qui s’ensuivit.

Le bateau-usine.

Ecrit en 1929 par Takiji Kobayashi, le roman relate les conditions de vies et de travail atroces que connaissent les ouvriers sur un bateau-usine japonais pêcheur de crabes, du fait de la soif de profit de la compagnie qui affrète le bateau-usine. Celle ci est représentée par un intendant, qui frappe les ouvriers, leurs inflige des punitions corporelles, mais aussi empêche même le capitaine de se porter au secours des navires en difficulté dans leur secteur. Peu à peu, germe chez les ouvriers et marins des idées de grèves, de révolte… L’auteur, un militant révolutionnaire qui mourra 4 ans plus tard assassiné par la police, s’est inspiré de plusieurs faits divers réels de l’époque.

Réédité en 2008, l’ouvrage connaît un grand succès en librairie, au point d’être élu livre de l’année au Japon. C’est que la génération de galérien et galérienne d’aujourd’hui va se reconnaître dans ce livre vieux de quatre vingts ans mais qui décrit un quotidien fait d’exploitation et d’humiliation, ou affleure aussi la révolte et la lutte.