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Mayotte : un enfant mort en rétention, et combien d'autres drames ?

Lien publiée le 23 août 2012

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2299&id=6

Dans l'archipel des Comores situé dans l'océan Indien, près des côtes de Madagascar, l'instauration du visa Balladur en 1995 a dressé un mur entre les trois îles qui avaient acquis leur indépendance vingt ans plus tôt et Mayotte, resté territoire « français ». Bien des pauvres n'ont pas renoncé à franchir les obstacles, au péril de leur vie sur des embarcations de fortune. L'État français tente de les dissuader en multipliant les coups de filet vers le centre de rétention administrative de Pamandzi. Un nourrisson âgé de deux mois y est mort, dans la nuit du 15 au 16 août.

Le gouvernement Ayrault avait pourtant décidé, fin juillet, de suspendre la rétention administrative des enfants immigrants. Mais la circulaire en question précisait que la mesure ne s'appliquerait pas à Mayotte, pourtant considéré comme le 101e département français.

En 2011, 340 enfants furent enfermés en métropole, mais 5 400 à Mayotte. Les enfants de quelques mois parfois y côtoient des adolescents qui ont passé toute leur vie et leur scolarité à Mayotte jusqu'au jour de leur arrestation.

Entre autres, un rapport d'une visite effectuée en mai 2009, sous l'égide du contrôleur général des lieux de privation de liberté, avait signalé : « Les conditions d'hébergement sont indignes : le jour de la visite, 140 personnes, adultes et enfants, se trouvaient dans les deux salles de rétention dont la surface cumulée est de 137 m² ; les personnes retenues vivent dans une grande promiscuité et sans la moindre intimité ; les personnes sont assises ou allongées par terre et ne disposent comme équipement que de nattes de couchage.

Les enfants en bas âge sont dans les bras de leur mère et n'ont pas de lit ; les hommes ne peuvent se rendre librement aux toilettes et aux points d'eau ; (...) il n'existe aucun espace extérieur, y compris pour les enfants, et aucune fenêtre à l'intérieur des salles, l'aération de l'espace n'étant assurée que par des grilles installées sur la partie haute des cloisons ; les odeurs de transpiration sont prégnantes dans les salles ; etc. »

C'est en connaissance de cause que le gouvernement a choisi, en juillet dernier, de poursuivre à Mayotte l'incarcération des enfants, à qui l'on reproche de venir d'îles voisines.

Jean SANDAY