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Quand un match de foot déclencha la guerre

Yougoslavie

Lien publiée le 14 juillet 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.anti-k.org/2018/07/13/dossier-dinamo-zagreb-etoile-rouge-de-belgrade-1990-quand-un-match-de-foot-declencha-la-guerre/

BELGRADE, 20 mars 2013 (AFP) – Les matches entre les Croates du Dinamo Zagreb et les Serbes de l’Etoile Rouge de Belgrade ont, des décennies durant, été un des grands rendez-vous du football ex-yougoslave, et celui de mai 1990 est devenu le signe annonciateur des conflits qui allaient suivre.

20.03.2013

Disputé le 13 mai 1990 au stade Maksimir de Zagreb – où la Croatie accueille vendredi la Serbie pour la première fois depuis l’éclatement sanglant de l’ex-Yougoslavie, en match comptant pour la qualification au Mondial 2014 -, il ne pouvait se produire à pire moment.

Deux semaines auparavant, les partis indépendantistes croates avaient remporté les premières élections multipartites dans cette république yougoslave, ravivant encore plus les tensions ethniques entre Zagreb et Belgrade, opposée au démantèlement de la fédération.

Les ultras des deux équipes étaient déjà tristement célèbres. Les « Delije » de l’Etoile Rouge sont devenues par la suite un vivier de recrutement des unités para-militaires serbes qui ont combattu en Croatie (1991-95) et en Bosnie (1992-95). Les « Bad Blue Boys » du Dinamo soutenaient inconditionnellement les velléités d’indépendance de Zagreb.

Les tensions étaient palpables avant même le début de la rencontre. « Ce jour-là sentait les incidents », se souvient Renato, un supporter de l’Etoile Rouge.

En dépit d’une présence policière imposante, des escarmouches ont éclaté dans la capitale croate, où environ 3.000 supporteurs de l’équipe serbe étaient venus.

Dans le stade plein à craquer, les supporteurs les plus extrêmes de l’Etoile Rouge chantaient des refrains nationalistes tandis que ceux du Dinamo rétorquaient en hurlant des insultes.

L’arbitre n’avait pas encore donné le coup d’envoi que les Delije ont commencé à saccager les tribunes. A la surprise générale, la police, bien qu’omniprésente, n’a pas réagi.

Lorsque les supporteurs serbes ont détruit le grillage qui les séparait des supporters croates, une bagarre générale a éclaté. Au lieu de s’interposer, la police a pris d’assaut les fans croates.

La violence a gagné le terrain et toute l’enceinte a sombré dans « un chaos infernal », raconte Milan, supporter de l’Etoile Rouge, présent ce jour-là.

C’est la star du Dinamo, Zvonimir Boban, 21 ans à l’époque, qui deviendra le symbole de cette triste journée.

Lorsqu’il voit un policier battre sauvagement un supporteur du Dinamo, il part à la rescousse et le jette à terre d’un coup de pied style « arts martiaux ».

La foule scandait « Boban, Boban » et « assassins » à chaque mouvement de la police contre les supporteurs locaux, se souvient Dean Bauer, alors étudiant de 23 ans.

« C’était grotesque, la musique continuait à hurler dans les hauts-parleurs et le commentateur sur place lisait des publicités comme si de rien n’était », raconte-t-il.

Les joueurs ont quitté le terrain et, 90 minutes plus tard, la police a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser la foule et escorter les supporteurs serbes hors du stade.

Le coup de pied qui a propulsé Boban au rang de « héros national » en Croatie témoignait, selon de nombreux Croates, de l’insatisfaction qui régnait à Zagreb face à la domination de Belgrade dans la politique ex-yougoslave.

Dragan Dzajic, une légende de l’Etoile Rouge et du football yougoslave, ne croyait pas qu’un confit pourrait déchirer le pays avant ce match.

« Après le match, il était clair que tout le monde allait emprunter la même voie », celle de la violence, a-t-il déclaré depuis.

Plus de 100 supporteurs avaient été arrêtés ce jour-là, et 117 policiers, 39 supporters de l’Etoile Rouge et 37 du Dinamo avaient été blessés.

Un an plus tard, au printemps 1991, la guerre d’indépendance a éclaté en Croatie, la première d’une série de conflits qui ont fait disparaître l’ex-Yougoslavie.

an-mat/pgr/gv (AFP/Le Matin)

Créé: 20.03.2013


Dinamo — Etoile Rouge : le jour où Croates et Serbes se sont déclarés la guerre

https://belgradexpress.cfjlab.fr/2015/02/21

21 février 2015

Trois semaines avant le début de la Coupe du monde 1990, de violents affrontements éclatent, dans un stade de football, entre les supporters du Dinamo Zagreb et ceux de l’Etoile rouge de Belgrade. Cette fois, c’est sûr : guerre civile attend la Yougoslavie.

4 mai 1980. Josip Broz Tito décède à Ljubljana, en Slovénie. A 300 kilomètres de là, en Croatie, le Hajduk Split reçoit l’Etoile Rouge de Belgrade. Un choc au sommet du championnat yougoslave. La nouvelle de la mort du maréchal se répand dans tout le stade. La rencontre est interrompue. Joueurs, entraîneurs et arbitres se rassemblent au centre du terrain. Croates et Serbes se recueillent ensemble, en larmes. Puis le public entonne des chants à la gloire de leur leader disparu.

Dix ans plus tard, le 13 mai 1990, c’est l’autre grand club croate, le Dinamo Zagreb, qui accueille l’Etoile rouge. Une rencontre que personne n’a oubliée, ni en Serbie, ni en Croatie. « Rien ne serait plus pareil après », tranche Ivica Osim, le sélectionneur yougoslave. Le 4 mai 1980, la Yougoslavie affichait son unité. Ce 13 mai 1990 met à jour les haines réciproques qui gangrènent la République fédérative après dix ans de poussées nationalistes.

« On attendait qu’une bombe éclate. Elle a éclaté à Zagreb »

Six jours plus tôt, les premières élections libres ont vu le nationaliste Franjo Tuđman accéder au pouvoir en Croatie. Les autorités s’attendent à un match sous haute tension. 3000 supporters serbes font le déplacement au Stade Maksimir de Zagreb. Les ultras de l’Etoile rouge, les Delije, sont à la botte de Slobodan Milosevic. Ils sont dirigés par Željko Ražnatović, plus connu sous le nom d’Arkan – qui n’est pas au stade ce jour-là. Il dirigera les sinistres Tigres, la plus violente des milices paramilitaires serbes pendant les guerres de Croatie et de Bosnie-Herzégovine. Accusé de crimes contre l’humanité par le Tribunal pénal international pour l’ex Yougoslavie (TPIY), il est assassiné à Belgrade en 2000, avant le début de son procès. En face, les Bad Blue Boys du Dinamo prêchent pour l’indépendance de la Croatie… Ils seront dans les premiers à se porter volontaires pour intégrer la jeune armée croate.
La rencontre n’aura jamais l’occasion de débuter.

Dans les tribunes, les Delije saccagent tout ce qu’ils peuvent. Les sièges arrachés sont jetés en direction des Bad Blue Boys. Ils sont accompagnés de chants nationalistes appelant, entre autres, à la mort de Tuđman. La police n’intervient pas. Les Serbes détruisent les grillages qui les séparent des Croates. De violents affrontements éclatent. L’émeute s’étend à la pelouse du Maksimir. Les forces de police chargent alors les fans croates. Sur le terrain, les joueurs sont rentrés au vestiaire. Il n’en reste que quelques uns du Dinamo, dont Zvonimir Boban. Le jeune capitaine de 21 ans va devenir une légende chez les nationalistes croates pour son violent coup de pied asséné à un policier en train de s’en prendre à un supporter du Dinamo. Les incidents, qui durent plus d’une heure, ont fait plus de soixante-dix blessés. Aucun mort. Un miracle.

« C’était une guerre dans un stade de foot »

Les conséquences de ce match sont désastreuses pour la Yougoslavie. Sur le plan sportif, probablement le plus anecdotique, Boban, l’un des plus grands espoirs du football yougoslave, sera suspendu six mois et manquera la Coupe du monde en Italie. Mais surtout, un match de football renvoie au visage de toute une nation ce qu’elle est devenue. Vladimir Novak, journaliste sportif serbe, certifie:

« C’est un événement qui a contribué à mettre le feu aux poudres. C’était le signe que le pays allait s’effondrer. Concrètement, ce match, c’était une guerre dans un stade de foot. »

Faruk Hadžibegić, alors capitaine de la sélection yougoslave, ne mesure pas l’impact politique de ce match.

« On a regardé ça plutôt comme un accident qui peut arriver dans n’importe quel stade au monde On était plutôt surpris par la réaction de Boban qui était, pour nous, un joueur exceptionnel, un gars adorable. »

Ivica Osim, le sélectionneur yougoslave, fait immédiatement fi du contexte sportif. « Nous n’avions pas seulement perdu Boban, assure-t-il. Nous avions perdu beaucoup d’atmosphère (sic). » Ce 13 mai 1990 a d’ailleurs été classé par CNN comme l’un des cinq matches qui ont changé le monde.

A en croire Loïc Tregoures, universitaire spécialiste du football dans les Balkans, le scénario du 13 mai 1990 était prévisible :

« Dans un contexte de tensions ethniques, les rivalités entre clubs sont exacerbées parce que le stade est un endroit propice à l’expression d’un nationalisme forcené et débridé. »

Osim renchérit :

« On attendait qu’une bombe éclate. Elle a éclaté à Zagreb. La guerre avait surtout lieu entre Serbes et Croates. Il était donc normal qu’un conflit éclate entre le meilleur club de chaque pays. Il fallait s’y attendre. »

« Ce match a fait l’objet d’un traitement hystérique par la presse de chaque république,insiste Tregoures. Il a alimenté beaucoup de tensions, libéré la parole des deux côtés et favorisé les discours extrémistes. » Au point que Boban, avouera plus tard : « Et j’étais là, un personnage public prêt à risquer sa vie, sa carrière, et tout ce que la célébrité aurait pu lui apporter à cause d’un idéal, d’une cause : la cause croate. »

Rédaction : Paul Giudici
Enquête : Paul Giudici et Nick Carvalho
(Encadrement : CR et SR)

      

  


http://www.lagrinta.fr/

Dinamo Zagreb-Etoile Rouge de Belgrade 1990 : quand un match déclencha la guerre

PAR CLÉMENT LEFOLL • 13/05/2015

zagrebbelgrade-2Il y a 25 ans jour pour jour, le Dinamo Zagreb recevait l’Etoile Rouge de Belgrade lors de la 33e journée du championnat de Yougoslavie. Une rencontre qui n’a jamais eu lieu, la faute à des affrontements violents entre les supporters des deux camps. Un match sur fond de nationalisme, de violence et de rivalités ethniques entre Serbes et Croates. Un match devenu annonciateur de la fragilité de la Yougoslavie et d’un conflit qui allait déchirer le pays pendant une décennie. 

Le 13 octobre 1965, le Général de Gaulle évoquait déjà le sujet yougoslave avec un certain fatalisme : «  Cette permanence de nationalités leur en promet de belles le jour où Tito ne sera plus là pour s’asseoir sur le couvercle de la marmite. Il tient la Yougoslavie depuis vingt ans. » Le maréchal Josip Tito s’éteint en 1980, âgé de 98 ans. Et malheureusement, la prophétie annoncée par de Gaulle quinze ans plus tôt était sur le point de se réaliser. La mort du leader yougoslave brise l’unité du pays et amorce une poussée nationaliste, sur fond de haine réciproque entre Serbes, Croates et Bosniaques.

La Yougoslavie, un pays-puzzle.

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delije1245Les Delije en pleine action dans le stade Marakana de Belgrade (DR)

Le 13 mai 1990, le stade Maksimir de Zagreb va être la théâtre d’une des scènes les plus folles de l’histoire du football. Pour comprendre l’un des – nombreux – conflits qui gangrènent la Yougoslavie, il faut d’abord se concentrer sur les deux principaux groupes ultras du Dinamo Zagreb et de l’Etoile Rouge de Belgrade, ceux qui vont être au cœur des affrontements.

D’un côté les Delije (vaillants ou braves en serbe), les supporters engagés de l’Etoile Rouge, le club phare des nationalistes serbes. En 1989, le club veut unifier ses soutiens les plus incontrôlables pour mieux les cadrer. Des groupes comme TziganesBelgrade Alcohol HooligansRed Devils ou encore Zulus Warriors fusionnent et donnent naissance aux Delije. Pour faire respecter l’ordre au sein du groupe, les dirigeants de l’Étoile Rouge nomment Zeljko Raznatovic – qui sera par la suite surnommé Arkan – à sa tête. Raznatovic est pour le moment un caïd local mais deviendra par la suite un criminel de guerre à la tête de la milice des Tigres D’Arkan. Les Delije sont à la botte du nationaliste serbe Slobodan Milosevic, dont l’idéal est de reformer la “Grande Serbie”.

De l’autre côté, les Bad Blue Boys (BBB), le plus grand groupe ultra du Dinamo Zagreb crée en 1986 et particulièrement violent. Il tirerait son nom du film Bad Boys, avec Sean Penn (une histoire de caïds, gangs et prisons). Ce groupe positionné à droite de l’échiquier politique est un soutien de Franco Tudjman, chef de file de l’union démocratique croate et donc un ennemi de

Slobodan Milosevic que soutiennent les Delije. L’antagonisme entre les deux groupes dépasse le cadre du football et traduit les tensions politiques et religieuses qui menacent entre Croates et Serbes.

Fresque en l’honneur des Bad Blue Boys à Zagreb. (DR)

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Le chaos de Maksimir

Les antécédents entre les deux équipes et le contexte dans lequel se déroule le match laisse présager le pire. Ce n’est pas l’amour fou entre les deux clubs qui se battent pour le titre de champion de Yougoslavie depuis le début des eighties. D’un point de vue politique, le stade est assis sur un volcan prêt à entrer en éruption. Quelques semaines avant le match, la Yougoslavie a organisé les premières élections multipartites de son histoire. Le 6 mai 1990, la formation nationaliste croate de Franjo Tudjman – soutenue par les Bad Blue Boys – remporte les élections au Parlement. Tudjman s’est nourri des frustrations croates face à Belgrade et sur la peur du nationaliste serbe Slobodan Milosevic pour construire sa victoire. Sa volonté est de transformer la Yougoslavie en une confédération d’États.

Le jour de la rencontre, 3000 Delije font le déplacement jusqu’à Zagreb. Ils commencent à semer le trouble dans la ville, affrontent leurs rivaux du Dinamo Zagreb avant de rejoindre la tribune Est du stade Maksimir, qui leur est réservée. Malgré l’absence de leur chef, Zeljko Raznatovic, ils répandent très vite le chaos. Les slogans nationalistes serbes se succèdent : « Zagreb est serbe », « nous tuerons Tudjman ». Les sièges et les panneaux publicitaires sont arrachés et balancés sur la pelouse et la tribune Sud, bondée de supporters du Dinamo.

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Le fameux High-kick de Zvonimir Boban, qui défend les Bad Blue Boys face aux policiers. (DR)

Ce spectacle se passe sous les yeux de la police, qui est au service du pouvoir central de Belgrade, et qui donc ne bouge pas d’un poil. Cet attentisme provoque la colère des Bad Blues Boys, qui sont massés dans le virage Ouest. La pression monte progressivement et les BBB, supérieurs en nombre,tentent d’envahir le terrain. Passive face au Delije, la police réprime violemment la poussée des supporters du Dinamo. Les coups de matraque pleuvent, mais rien n’y fait. L’enclos de sécurité cède et les Bad Blues Boys foncent pour en découdre avec les CRS et le virage des Delije.

L’anarchie générale se propage alors sur la pelouse. Les joueurs des deux équipes accourent aux vestiaires, hormis les plus téméraires. Alors que la bagarre fait rage entre les BBB et les forces de l’ordre, Zvonimir Boban va asséner un coup de pied qui fera de lui une légende chez les nationalistes croates. Le joueur de 21 ans, va envoyer un “high-kick” (Un peu à la manière de Cantona en 1995 sur Matthew Simmons, le supporter de Crystal Palace) au menton d’un flic qui frappe un ultra du Dinamo qui gît au sol. Un geste qui va propulser le joueur au rang de héros national en Croatie. Boban est ensuite protégé par les BBB, qui empêchent des policiers enragés et revanchards de le lyncher.

«  Une guerre dans un stade de foot »

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Ivan Osim, surnommé Ivica, coach de la sélection yougoslave de 1986 à 1992. (DR)

La scène surréaliste prend peu à peu fin dans une confusion totale : attaque des Bad Blues Boys, réplique des policiers, insultes, hurlements, coups de matraque, bombes lacrymogènes, fumigènes, slogans nationalistes, tout y passe… Plus de soixante minutes d’incidents qui se terminent enfin. Le bilan officiel fait état de 138 blessés, 147 arrestations et aucun mort. Un miracle lorsque l’on revoit les images de la télévision yougoslave qui retransmet ce déchaînement de violence. Une rencontre que personne n’a oubliée, ni en Serbie, ni en Croatie. À la suite de ce triste spectacle, Ivica Osim, le sélectionneur yougoslave ne mâche pas ses mots : «On attendait qu’une bombe éclate. Elle a éclaté à Zagreb. La guerre avait surtout lieu entre Serbes et Croates. Il était donc normal qu’un conflit éclate entre le meilleur club de chaque pays. Il fallait s’y attendre. »

Même son de cloche chez Vladimir Novak, journaliste sportif serbe : « C’est un événement qui a contribué à mettre le feu aux poudres. C’était le signe que le pays allait s’effondrer. Concrètement, ce match, c’était une guerre dans un stade de foot. ». Pour beaucoup, ce match sera à jamais  comme le jour où Croates et Serbes se sont déclarés la guerre.

Des tribunes du stade Maksimir au champ de bataille

Quelques mois après les affrontements du 13 mai, les deux groupes de supporters vont de nouveau se retrouver face à face. Mais cette fois-ci, les tribunes vont laisser place à un vrai champ de bataille et les sièges utilisés comme projectile à de vrais armes.

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La fameuse milice des “Tigres d’Arkan’ avec au premier plan Zeljko Raznatovic et son félin, Milos. (DR

En août 1990, la guerre pour l’indépendance de la Croatie était officiellement déclarée entre les deux ethnies. Dès octobre 1990, Zeljko Raznatovic, un des leaders des Delije, lève son armée personnelle, la Garde des volontaires serbes. Pour former cette milice, Arkan recrute essentiellement au sein du groupe de supporters qu’il dirigeIls vont alors participer à l’épuration ethnique voulue par le président serbe Slobodan Milosevic. Ces miliciens se taillent très vite une réputation sinistre. Partout en Bosnie comme en Croatie, ils assassinent, pillent et violent. Leur cruauté est même poussée à l’extrême, certains attachant des cuillères aiguisées dont ils se servent pour arracher les yeux de leur victime. Ce groupe sera très vite baptisé « les Tigres », car leur leader Raznatovic se balade souvent en compagnie d’un jeune félin.

La tribune des Delije au stade Marakana de Belgrade devient alors un moyen de propagande de la cause nationaliste serbe. Le 22 mars 1992, lors du « Derby éternel » face au Partizan, les Delije brandissent des panneaux routiers indiquant la distance qui les sépare de Vukovar, ville située à l’extrémité est de la Croatie. À l’autre bout du terrain, les Grobari,les ultras du Partizan, applaudissent le geste de leur ennemi juré.

Le constat est le même du côté des Bad Blues Boys, qui militent pour la cause indépendantiste et s’enrôlent en nombre dans la jeune armée croate. Comme l’institution ne dispose pas encore de son propre insigne, les soldats vont même jusqu’à coudre l’écusson du Dinamo sur leur uniforme. Les membres de la Torcida Split, groupe de supporters du club de l’Hadjuk Split, s’engagent, eux aussi, en nombre dans l’armée croate. Ils y côtoient les Bad Blues Boys du Dinamo, leurs rivaux de toujours qui se muent en frères d’armes de la cause croate. Dans des pays où les tensions entre clubs sont très exacerbées et souvent violentes, la cause nationaliste prime sur les rivalités sportives.

Une guerre encore dans toutes les têtes

Le conflit prend fin en 1995, mais les guerres de Yougoslavie se poursuivront jusqu’en 2001. Un conflit sanguinaire, à tendance parfois génocidaire, qui aura fait environ 250 000 morts dont deux tiers de civils.
Zeljko Raznatovic, le commandant des « Tigres D’Arkan » sera inculpé en 1997 pour crime contre l’humanité par le tribunal de La Haye. Il ne sera cependant jamais jugé. Arkan est tué par balle le 15 janvier 2000 dans des circonstances troubles alors qu’il se trouve dans un hôtel à Belgrade. Sa mort ne laisse personne insensible. Criminel barbare pour certains, il est un véritable héros aux yeux d’autres personnes. Quinze jours après sa mort, la Curva Nord de la Lazio déploie une banderole polémique pour rendre hommage à Raznatovic.

En Croatie, aujourd’hui encore, on retrouve dans Zagreb des fresques murales en mémoire du geste de Zvonimir Boban pour défendre les Bad Blue Boys. Un monument aux morts a également été érigé devant l’enceinte du Stadion Maksimir. Une plaque indique : « Pour tous les fans du Dinamo pour qui la guerre commença le 13 mai 1990 et s’acheva en perdant la vie, sur l’autel de la patrie croate ». Personne dans les deux pays n’a oublié cette date, et comme l’a dit Ivica Osim, “plus rien ne sera plus jamais pareil après”.

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Fresque murale rendant hommage au coup de pied de Zvonimir Boban, à Zagreb. (DR)

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