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La situation des jeunes enseignants-chercheurs, un sujet d’avenir pour les "États généraux de l’antiquité ?"

Lien publiée le 24 juillet 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://precantique.wordpress.com/2018/06/20/premier-article-de-blog/#more-4

Pour inaugurer ce site, nous publions ici un texte écrit à l’occasion des deuxièmes « États généraux de l’Antiquité » (8-9 Juin 2018). Il a été diffusé par courrier électronique et ici. Il a été présenté oralement lors de la discussion sur « Éducation : quel humanisme voulons-nous construire ? », lors de laquelle il a trouvé un écho favorable. Les personnes intéressées sont invitées à prendre contact pour nous rejoindre.

Jeunes enseignants-chercheurs en Lettres classiques ou en Histoire ancienne (doctorants, docteurs, maîtres de conférences, chargés de recherche, enseignants titulaires de l’enseignement secondaire), nous souhaiterions attirer l’attention des organisateurs et des participants aux États généraux de l’Antiquité sur la situation des doctorants et jeunes docteurs en Lettres classiques et en Histoire ancienne, qui subissent de plein fouet la réduction du nombre de postes de maîtres de conférence disponibles en sections 8, 17 et 21, et de chargés de recherche CNRS (essentiellement sections 32 et 35). Nous constatons, année après année, le rétrécissement des perspectives qui leur sont offertes ; la frustration et la détresse de ceux qui, malgré un parcours brillant, ne parviennent pas à trouver des débouchés à la hauteur de leurs compétences, ou qui voient leurs conditions de travail se dégrader. Cette situation dramatique remet en question le sens même de nos activités de recherche et de transmission, les nôtres, mais également celles de ceux qui nous ont formés. La situation actuelle de nos disciplines, souvent minoritaires au sein des établissements d’enseignement secondaire et supérieur, favorise la désorganisation des filières à tous les niveaux et les rend de moins en moins attractives aux yeux des étudiants, créant ainsi un cercle vicieux.

À titre d’exemple, pour ce qui est du nombre de postes de maîtres de conférences ouverts en section 8, on obtient, pour les 5 dernières années, les chiffres suivants (qui, sauf erreur de notre part, ne sont pas publiés en ligne, et que nous avons obtenus par recoupement d’informations) :

2018 2 en latin, 2 en grec
2017 3 en latin, 1 en linguistique ancienne 2016 1 en grec, 2 en latin
2015 0 en grec, 1 en latin
2014 1 en grec, 4 en latin

Ces chiffres sont à replacer dans un tableau plus large. D’après les statistiques publiées par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, entre 2004 et 2014, le nombre de postes d’enseignants-chercheurs (maître de conférence et professeur des universités) mis au concours, toutes sections confondues, a baissé de 32 % (source : rapport sur la campagne de recrutement et d’affectation des maîtres de conférences et des professeurs des universités, session 2014). Au CNRS, qui recrute environ 300 chargés de recherche et 300 ingénieurs de recherche par an, toutes sections confondues, les recrutements pérennes sont en baisse de 10 % pour la période 2008-2018 (« le niveau d’emploi global a baissé au CNRS de quelque 10 % en dix ans», Alain Fuchs, ancien président du CNRS – source : http://huet.blog.lemonde.fr/2017/10/30/le-requisitoire-dalain-fuchs- quittant-le-cnrs/).

Parallèlement à cette diminution, l’on assiste à une augmentation du nombre d’enseignants non titulaires, dont il est très difficile d’évaluer le nombre exact, aucun recensement n’ayant été fait à ce jour. Le rapport du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche sur la répartition des enseignants dans l’enseignement supeérieur en France en 2015-2016 donne un pourcentage de 24 % d’enseignants non permanents, mais ce chiffre n’inclut pas les chargés d’enseignement vacataires. En comparaison, on comptait en 2015-2016 14 % d’enseignants du second degré affectés dans l’enseignement supérieur, 39 % de maîtres de conférence, et 22 % de professeurs des universités. Cette multiplication des statuts précaires, qui va de pair avec la diminution du nombre de titulaires, désorganise le travail des équipes et nuit à la continuité du travail scientifique et pédagogique, en plus du coût humain très élevé qu’elle occasionne pour les personnes concernées.

Dans ces conditions, ne serait-il pas opportun que la prochaine édition des États généraux de l’antiquité intègre une session portant précisément sur les perspectives des jeunes enseignants-chercheurs en sciences de l’antiquité ? Un grand nombre d’entre eux se retrouvent (parfois contre leur gré) affectés dans l’enseignement secondaire, alors qu’ils souhaitent poursuivre leur parcours de jeune chercheur. La situation en France complique la contribution des jeunes chercheurs français au développement international des disciplines concernées. Comment, dans ces conditions, leur permettre de continuer à valoriser leur recherche et les compétences scientifiques de haut niveau qu’ils ont acquises, au terme d’un parcours hautement sélectif ?

La réponse ne peut s’envisager qu’à l’échelle de tout l’enseignement supérieur. Elle implique d’augmenter fortement les recrutements, mais aussi de refonder l’articulation des disciplines liées à l’Antiquité avec les autres disciplines universitaires. Elle pourrait commencer par la création d’un observatoire des postes publiés et des procédures de recrutement au sein des sections 8 et 21, sur le modèle de ce qui se pratique déjà dans d’autres disciplines sinistrées, comme la philosophie (voir à ce sujet le suivi des recrutements effectué au sein de la section 17 sur le site https://academia.hypotheses.org/suivi-des-recrutements-2017-8/17-philosophie-campagne-2017- 8). La section 21 du CNU a d’ailleurs déjà voté une motion en ce sens en janvier 2017 : « soucieuse de favoriser la plus grande transparence dans les procédures de recrutement des enseignants-chercheurs par les comités de sélection des universités, la 21ème section du CNU s’ associe à l’ initiative wiki auditions » (sources : https://ahmuf.hypotheses.org/5527 ; https://afhe.hypotheses.org/suivi-des-recrutements).

Premiers signataires :

Anne-Catherine Baudoin (ENS Paris)

Aurélien Berra (univ. Nanterre)

Nicolas Bertrand (univ. Nice)

Sergio Brillante (univ. Reims – univ. Bari)

Anne Boud’hors (IRHT)

Elisabeth Buchet (univ. Paris Sorbonne ; collège Gabriel Péri, Bezons)

Jean-Claude Carrière (univ. Toulouse)

Pierre Chiron (UPEC)

Alain Christol (univ. Rouen)

Lucie Claire (univ. Amiens)

Aude Cohen-Skalli (CNRS, Aix-Marseille Université)

Fernand Delarue (univ. Poitiers)

Aurélie Delattre (univ. Paris 3)

Marie-Françoise Delpeyroux (univ. Montpellier)

Hélène Dessales (ENS Paris)

Pauline Duchêne (univ. Nanterre)

Myriam Diarra (univ. Paris Sorbonne ; collège Robespierre, Epinay-sur-Seine)

Catherine Dobias-Lalou (univ. Bourgogne)

Emmanuel Dupraz (EPHE)

Valérie Fauvinet-Ranson (univ. Nanterre)

Edouard Felsenheld (CPGE)

Frédérique Fleck (ENS Paris)

Michèle Fruyt (univ. Paris Sorbonne)

Julie Gallego (univ. Pau)

Camille Gerzaguet (univ. Montpellier)

Victor Gysembergh (FU Berlin)

Arthur Haushalter (univ. Paris Sorbonne)

Dimitri Kasprzyk (univ. Brest)

Ajda Latifses (CPGE)

Peggy Lecaudé (univ. Lille)

Adrien Lecerf (CNRS, centre Léon-Robin)

Alain Lemaréchal (univ. Paris Sorbonne)

Pierre-Olivier Leroy (académie de Reims, docteur de l’université de Reims)

Mathilde Mahé-Simon (ENS Paris)

Diane Marchand (académie d’Orléans)

Marie-Françoise Marein (univ. Pau)

Lionel Mary (univ. Nanterre)

Audrey Mathys (Fondation Thiers)

Véronique Merlier-Espenel (univ. Nanterre)

Guillemette Mérot (univ. Paris 3)

Delphine Meunier (CPGE)

Jean Meyers (univ. Montpellier)

Alexandra Michalewski (CNRS, centre Léon-Robin)

Sylvain Perrot (académie de Strasbourg)

Antoine Pietrobelli (univ. Reims/IUF)

George-Jean Pinault (EPHE)

Alexa Piqueux (univ. Nanterre)

Camille Rambourg (ENS Paris)

Florian Réveilhac (univ. Paris Sorbonne, UMR 8167)

Mickaël Ribreau (univ. Paris 3)

Judith Rohman (ENS Paris)

Philipp Seubert (univ. Paris Sorbonne)

Jean Trinquier (ENS Paris)

Eléonore Villalba (univ. Paris Sorbonne ; collège Nicolas Flamel, Pontoise)

Nicola Zito (académie de Versailles, Lycée Charles Baudelaire, Fosses)

Julien Zurbach (ENS Paris)