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Pourquoi l’abolition de "l’impératif de croissance" ne peut se faire sans l’abolition de la production de marchandises

Lien publiée le 29 juillet 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.palim-psao.fr/2018/07/pourquoi-l-abolition-de-l-imperatif-de-croissance-ne-peut-se-faire-sans-l-abolition-de-la-production-de-marchandises-par-norbert-tre

Pourquoi l'abolition de « l'impératif de croissance » ne peut se faire sans l'abolition de la production de marchandises

*

Norbert Trenkle

   Si vous croyez en l'économie, l'être humain est essentiellement programmé pour la compétition, la performance et le consumérisme sans fin, et il poursuit avant tout et toujours, ses propres intérêts. Par conséquent, une société qui fonctionne doit toujours être basée sur l'économie de marché et la production de marchandises.

   Mais cette idée est fausse. Elle ne naît qu'avec la société capitaliste moderne, qui ainsi se déclare être une nécessité éternelle. Ce n'est que dans le capitalisme que les gens se confrontent en tant que producteurs privés isolés en se rapportant les uns aux autres par le biais de la marchandise, de l'argent et du travail abstrait. Les marchandises et l'argent ne sont pas seulement des moyens techniques pour organiser et faciliter la division sociale du travail. Au contraire, ils créent des contraintes objectives qui dominent la société et rétroagissent sur les humains comme des contraintes apparemment naturelles. Marx appelle cela le fétichisme de la production marchande.

   Une de ces contraintes n'est pas la moindre : la fameuse « croissance obligatoire », qui est vénérée et suivie comme une sorte de dogme religieux dans toute la société. Ce n'est rien d'autre que la manifestation de la dynamique d'accumulation capitaliste dont le seul but est de faire plus d'argent avec de l'argent. Le contenu matériel de la production de richesses est toujours un moyen indifférent pour augmenter la richesse abstraite (exprimée en argent). La destruction écologique qui en résulte devient de plus en plus extrême dans la crise fondamentale en cours du capitalisme. De plus en plus imprudemment, les fondements naturels de la vie sont détruits, afin de maintenir en quelque sorte l'accumulation de capital, même si cela ne fait que retarder l'effondrement économique et social.

   La critique radicale de la croissance doit se concentrer sur cette connexion. Une transformation fondamentale de la richesse sociale ne peut être réalisée sans l'abolition de la production de la richesse abstraite (la valeur) et, par conséquent, de la production de marchandises.

   D'un autre côté, toutes les idées de réduction de la production marchande et de l'économie de marché à de petits cycles régionaux reviennent à actualiser les contraintes existantes et à les compléter par de nouvelles contraintes moralement sanctionnées. En tout cas, si elles sont concevables dans la pratique, c'est d'une part au mieux, comme une niche de luxe, et d'autre part comme une économie de gestion de la pauvreté dans le processus de crise en cours.

Ils ne représentent donc pas une perspective émancipatrice.

Norbert Trenkle

Extrait de la conférence le 22 juin 2017 à la rencontre Move Utopia à Rahmen.

(Trenkle est co-auteur avec Ernst Lohoff, de La Grande dévalorisation. Pourquoi la spéculation et la dette de l'Etat ne sont pas les causes de la crise, Post-éditions, 2014, ainsi que du Manifeste contre le travail du groupe Krisis)

Voir aussi : 

Au pied du mur. De l'origine commune aux crises écologique et économique, par Claus Peter Ortlieb

Des catastrophes socio-naturelles. Dans le monde entier, inondations et sécheresses simultanées annoncent que la crise écologique a franchi un nouveau seuil, par Robert Kurz

Éloge de la "croissance des forces productives" ou critique de la "production pour la production" : Le double Marx face à la crise écologique, par Anselm Jappe

Décroissants encore un effort... ! Pertinence et limites des objecteurs de croissance, par Anselm Jappe

Quand André Gorz découvrit la critique de la valeur, par Willy Gianinazzi