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Changement climatique : les déserts s’étendent, et voici pourquoi c’est grave
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Expansion des déserts, appauvrissement des sols... L'activité humaine fait mal à la planète, et le réchauffement climatique est un facteur aggravant.
Les zones désertiques qui augmentent, des régions frappées par des sécheresse de plus en plus nombreuses... l'état de la planète dans les décennies à venir a de quoi inquiéter. Parmi les grandes tendances qui sont à l'origine de ces phénomènes, il y a bien sûr l'extension des terres occupées par l'humanité : urbanisation, déforestation, agrandissement des surfaces consacrées à l'agriculture et à l'élevage, construction de barrages...
Depuis une cinquantaine d'années, les changements dans les habitudes alimentaires en faveur de davantage de produits d'origine animale et l'accroissement de la population ont amené une exploitation de plus en plus importante des ressources de la planète, et même une surexploitation néfaste.
90% des sols dégradés en 2050 ?
Fin juin, le Centre commun de recherche (JRC), organisme scientifique de l'Union Européenne, actualisait son Atlas mondial de la désertification dont la précédente édition datait de dix ans. Le bilan n'est pas brillant : "durant les vingt dernières années, la pression sur les terres et les sols s'est accrue de manière dramatique," résume Tibor Navracsics, commissaire européen responsable du JRC.
La désertification n'est pas qu'une affaire de grands déserts. En Europe, elle touche 8% du territoire, plus particulièrement en Europe du sud, de l'est et du centre, avec 13 pays touchés (la Bulgarie, la Croatie, Chypre, l'Espagne, la Grèce, la Hongrie, l'Italie, la Lettonie, Malte, le Portugal, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie).. 14 milliosn d'hectares y seraient "fortement sensibles".
La transformation des terres en déserts n'est que la partie émergée d'un iceberg encore plus inquiétant : la dégradation des sols. Les terres cultivables perdent leurs qualités nutritives, deviennent moins favorables à la pousse des végétaux, la terre perd sa structure... Selon l'atlas du JRC, les trois quarts des terres de la planète seraient aujourd'hui dégradées, et 90% pourraient le devenir d'ici 2050. "Globalement, une surface équivalente à la moitié de celle de l'Union Européenne (4,18 millions de km2) est dégradée annuellement, l'Afrique et l'Asie étant les plus affectées," précise ce document.
L'humanité est bien entendu responsable : "la croissance de la population et les changements dans nos schémas de consommation exercent une pression sans précédent sur les ressources naturelles de la planète," préviennent les experts. Les pratiques agricoles, la déforestation, et plus globalement l'épuisement de la planète par des activités non soutenables sont à la racine du problème.
Les conséquences de cette dégradation des sols ne sont pas qu'écologiques : leur coût économique est estimé à des dizaines de milliards d'euros par an. De plus, l'effet combiné de cet épuisement des sols et du changement climatique pourrait réduire les récoltes de 10% d'ici 2050. L'Inde, la Chine et l'Afrique subsaharienne seraient les plus touchées, et la production agricole pourrait y diminuer de moitié.
Les problèmes d'alimentation que cela implique vont avoir des conséquences sur les flux migratoires : 700 millions de personnes pourraient être déplacées d'ici 2050.
"Alors que la dégradation des sols est un problème mondial, elle se produit localement et nécessite des solutions locales," assurent les auteurs de l'atlas. Il faudrait notamment limiter l'expansion agricole, l'une des causes principales de cette dégradation. On pourrait y parvenir "en accroissant les récoltes des fermes existantes, en passant à des régimes alimentaires basés sur les végétaux, en consommant les protéines animales provenant de sources renouvelables et en réduisant les pertes et le gaspillage alimentaire".
Comment se forment les déserts ?
Les déserts chauds sont principalement situés dans les zones tropicales. Un apparent paradoxe : ne devraient-ils pas se trouver à l'équateur, la zone la plus ensoleillée de la planète ? L'explication réside dans les courants atmosphériques, et plus particulièrement la circulation de Hadley. Schématiquement, l'air chaud va s'élever à l'équateur pour redescendre vers les tropiques. Des variations dans la circulation de Hadley peuvent provoquer une augmentation des zones désertiques.
Un autre paramètre naturel susceptible d'influencer la désertification est les oscillations pluriannuelles, des cycles liés aux températures de surface des océans et qui font fluctuer celles de l'atmosphère. L'oscillation atlantique multidécennale (AMO), par exemple, suit un cycle de 50 à 70 ans. Lors de ses phases chaudes, on observe une augmentation des pluies au Sahel, et une diminution lors de ses phases froides. On pense notamment que les sécheresses enregistrées au Sahel entre les années 1950 et 1980 seraient dues à une phase froide de l'AMO.
Mais ces causes naturelles ne doivent pas masquer la responsabilité humaine, et le cas du Sahara en est un bon exemple.
Le Sahara : +10% en un siècle
L'extension du Sahara entre 1920 et 2013 par saison (l'hiver plus sec est en haut, l'été plus humide en bas). Les zones en marron indiquent la progression du désert alors que les zones en vert montrent des surfaces où le désert a reculé. (Natalie Thomas/Sumant Nigam/University of Maryland).
La surface du désert du Sahara aurait augmenté de 10% en un peu moins de cent ans, selon une étude menée par des scientifiques de l'université du Maryland (USA). Une expansion plus importante l'été que l'hiver. La superficie saisonnière estivale, au moment où le désert est réduit par la saison des pluies, serait aujourd'hui 16% plus importante qu'il y a un siècle.
"La frontière sud du Sahara touche le Sahel, une zone de transition semi-aride située entre le Sahara et les savanes fertiles plus au sud," précisent les chercheurs. "Le Sahara s'étend alors que le Sahel recule, perturbant le fragile écosystème de prairies et les sociétés humaines de la région. Le lac Tchad, situé au centre de cette zone de transition climatologiquement conflictuelle, sert de baromètre pour les conditions changeantes du Sahel.
"Le bassin du Tchad se déverse dans la région où le Sahara s'est étendu vers le sud. Et le lac est en train de s'assécher," prévient le professeur Sumant Nigam, coauteur de l'étude. "C'est une empreinte visible de la réduction des pluies, pas seulement localement mais dans l'ensemble de la région. C'est un intégrateur des arrivées déclinantes des eaux dans le vaste bassin du Tchad."
Pour lui et ses collègues, il ne fait pas de doute que le changement climatique d'origine humaine a sa part de responsabilité. "Le changement climatique va probablement élargir la circulation de Hadley, provoquant une avancée vers le nord des déserts subtropicaux," détaille-t-il. "Le glissement du Sahara vers le sud, cependant, suggère que des mécanismes additionnels sont également en marche, ce qui inclut les cycles climatiques comme l'AMO."
Ces chercheurs ont utilisé des méthodes statistiques pour déterminer la part des cycles climatiques sur les variations de pluviométrie durant la période étudiée. Selon leurs résultats, les cycles naturels seraient responsables des deux tiers de l'expansion du Sahara observée, le tiers restant provenant du réchauffement climatique provoqué par l'humanité.
"Nos résultats sont spécifiques au Sahara, mais ils devraient avoir des implications pour les autres déserts du monde," affirme Sumant Nigam. Avec ses collègues, il prévient qu'avec l'augmentation de la population mondiale, une réduction des terres arables avec une irrigation suffisante pour permettre des récoltes "pourrait avoir des conséquences dévastatrices".
Les conséquences du changement climatique : 2° ou 1,5° ?
Selon une recherche récente menée par une équipe internationale de scientifiques, "plus d'un quart des terres émergées pourrait devenir plus sèches de manière significative si le réchauffement climatique atteint les 2 degrés." Un réchauffement qui non seulement affecterait les zones désertiques, mais pourrait aussi provoquer globalement davantage de sécheresses et de feux de forêt comme ceux qui font rage en Californie.
"L'aridification est une menace sérieuse car elle peut impacter de façon critique des secteurs comme l'agriculture, la qualité de l'eau et la biodiversité," prévient le Dr Chang-Eui Park, de l'université SUSTech (Chine).
En revanche, si nous parvenions à maintenir le réchauffement sous la barre des 1,5 °C, objectif visé par l'accord de Paris, nous pourrions considérablement limiter ces effets négatifs. "Nos recherches prévoient que l'aridification va toucher dans les 20 à 30% des surfaces terrestres mondiales d'ici à ce que les températures moyennes atteignent les 2 °C, mais les deux tiers des régions affectées pourraient éviter une aridification significative si le réchauffement est limité à 1,5 °C", confirme le Dr Manoj Joshi, de l'université d'East Anglia, co-auteur de l'étude.
"Le monde s'est déjà réchauffé de 1 °C," ajoute le Dr Su-Jong Jeong, qui a également participé à ces recherches. Mais la réduction des émissions de gaz à effet de serre afin de parvenir aux limites fixées par l'accord de Paris "pourrait réduire la probabilité de l'émergence d'une aridification significative dans de nombreuses parties du monde."
"Les régions du monde qui bénéficieraient le plus du maintient du réchauffement au-dessous des 1,5 °C sont l'Asie du Sud-Est, l'Europe du Sud, le sud de l'Afrique, l'Amérique centrale et le sud de l'Australie, où plus de 20% de la population mondiale vit aujourd'hui," précise le professeur Tim Osborn, de l'Université d'East Anglia.
La lutte contre le changement climatique en général pourrait donc également limiter la progression des déserts. On ferait d'une pierre deux coups, vu que les pratiques humaines provoquant la désertification font souvent partie des causes du réchauffement global (déforestation, agriculture...) Une double motivation pour tenter d'atteindre l'objectif des 1,5 °C ?