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Allemagne : l’extrême droite défile dans la rue après une "chasse collective" aux étrangers
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Des milliers de sympathisants d'extrême droite se sont rassemblés, au lendemain du meurtre d'un allemand, dont sont accusés deux ressortissants étrangers.
Au lendemain d'un meurtre dont sont accusés deux ressortissants étrangers, des milliers de sympathisants d'extrême droite se sont rassemblés ce lundi soir à Chemnitz, en Saxe. La police a refusé de fournir une estimation du nombre de manifestants, mais les télévisions sur place ont parlé d'au moins 2.000 personnes. La police de Saxe a fait état "de quelques personnes blessées" à la suite de "jets d'articles pyrotechniques et autres objets", de personnes au visage dissimulé et d'autres faisant le salut hitlérien. Mais elle a assuré que la situation était "sous contrôle".
Dans cette cité de Saxe, région où l'extrême droite et les néo-nazis sont fortement implantés – le parti anti-immigrés et anti-islam AfD est devenu la première force politique régionale lors des législatives de 2017 –, les protestataires se sont retrouvés devant un immense buste de Karl-Marx et sous une forte escorte policière après de violents incidents dimanche. Les forces de l'ordre, déployées en masse avec notamment des canons à eau, ont maintenu à distance un cortège de l'extrême gauche qui tentait de s'approcher du rassemblement d'extrême droite.
Des "chasses collectives"
"Merkel doit partir", scandaient certains manifestants, arborant des drapeaux allemands, du parti d'extrême droite AfD , et des pancartes telles que : "Arrêter le flot de demandeurs d'asile" ou "Défendre l'Europe !". Mot d'ordre de ce rassemblement organisé par le mouvement Pegida : exiger que le gouvernement allemand garantisse "la sécurité de ses citoyens" après le meurtre d'un Allemand de 35 ans vraisemblablement commis par deux jeunes étrangers, un Syrien et un Irakien.
Quelque 800 personnes, dont une cinquantaine prêtes à en découdre avec la police, s'étaient rassemblées dimanche à la suite d'appels en ce sens sur les réseaux sociaux, selon Sonja Penzel, qui dirige la police de la ville. Ces sympathisants d'extrême droite avaient "attaqué à coups de jets de bouteilles et de pierres" des policiers qui ont dû faire usage de gaz lacrymogènes, selon Sonja Penzel. Ils avaient également lancé dans les rues des "chasses collectives" contre des étrangers que la chancelière Angela Merkel a dénoncées promptement et avec véhémence.
Ces événements "n'ont pas leur place dans notre Etat de droit", a affirmé le porte-parole de la chancelière allemande, Steffen Seibert.
"Il est important pour le gouvernement, pour tous les élus démocrates et, je pense, pour une large majorité de la population de dire clairement que de tels attroupements illégaux et chasses collectives visant des gens d'apparence ou d'origine différente, ou encore les tentatives de semer la haine dans les rues, n'ont pas leur place dans notre pays".
Des tensions autour de la question migratoire
Les deux suspects du meurtre, âgés de 22 et 23 ans, sont soupçonnés d'avoir "sans justification, à plusieurs reprises, porté des coups de couteau" à la victime à la suite d'une "altercation verbale", selon le Parquet. Selon plusieurs témoignages et des vidéos sur les réseaux sociaux, les manifestants qui se sont ensuite réunis dimanche pour dénoncer ce crime s'en sont pris physiquement à des étrangers en les pourchassant.
Selon la police, trois plaintes impliquant 4 personnes ont déjà été déposées. Une adolescente de 15 ans et son compagnon afghan de 18 ans ont été légèrement blessés. Peu après, un Syrien de 18 ans a été frappé. Un Bulgare de 30 ans a aussi été menacé un peu plus tard alors que plusieurs vidéos tournées durant les incidents sont en cours d'évaluation par les policiers.
Cette affaire a ravivé les tensions autour de la question migratoire en Allemagne, quasi permanentes depuis trois ans et l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile. En Saxe, qui ne compte que 4,4% d'étrangers, la communauté turque a dénoncé "des tentatives de pogroms". L'organisation Pegida, née dans cette région, affirme, mais sans fournir la moindre preuve jusqu'ici, que la victime a été mortellement poignardée "en voulant protéger sa femme".