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Inde: l’arrestation de cinq militants des droits de l’homme sème la discorde
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En Inde, l’arrestation mardi 28 août de cinq militants des droits de l’homme et intellectuels accusés de liens avec des rebelles maoïstes a provoqué une vague d’indignation à travers le pays. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer l’action de la police, et plus largement la répression du gouvernement Modi contre les personnes ouvertement critiques de la politique de la droite hindouiste au pouvoir en vertu d’une loi antiterroriste draconienne.
De notre correspondant à New Delhi,
Des descentes de police ont été effectuées simultanément dans plusieurs villes indiennes, au domicile de l’avocate de défense des droits de l’homme Sudha Bharadwaj, de deux autres avocats basés à Bombay - Arun Ferreira et Vernon Gonsalves -, du poète Varavara Rao ainsi qu’à celui du journaliste et défenseur des droits de l’homme Gautam Navlakha. Tous sont accusés d’entretenir des liens avec le Parti communiste marxiste d’Inde (CPI-M), interdit dans le pays.
La police maintient qu’elle détient des preuves de communications importantes, notamment écrites entre les cinq personnes arrêtées et des membres du CPI-M. Trois des cinq personnes interpellées ont été accusées par le procureur d’une myriade de crimes devant un tribunal de la ville de Pune mercredi 29 août - allant de complot d’assassinat de hauts fonctionnaires de l’État à des liens avec la rébellion séparatiste au Cachemire, en passant par l’incitation aux émeutes. Tous ont toutefois été relâchés et placés en résidence surveillée par le juge.
À l’origine, une grande manifestation qui a mal tourné en décembre
Le 31 décembre dernier, une grande manifestation avait été organisée par la communauté Dalit (les intouchables) pour commémorer une bataille historique qui a eu lieu en 1818. Lors de cette bataille, les Dalits s’étaient alliés avec les Britanniques pour vaincre un souverain appartenant aux hautes castes. C’est une des rares victoires des Dalits sur les hautes castes, leurs éternels oppresseurs.
Le lendemain de cette manifestation, des heurts provoqués des groupes hindouistes d’extrême-droite ont provoqué des heurts en opposition et ceux-ci ont fait un mort. Cinq militants pour la défense des Dalit, accusés d’avoir fait des déclarations incendiaires pendant la manifestation, avaient ensuite été arrêtés en juin 2018. Les arrestations de la semaine dernière correspondent à une seconde vague.
Indignation à gauche, mais pas seulement
De nombreux intellectuels, défenseurs des droits de l’homme, ainsi qu’un célèbre historien, ont pris la défense des accusés dans les médias, mais aussi de nombreux citoyens ordinaires. La Cour suprême, devant laquelle les cinq personnes arrêtées doivent comparaitre le 6 septembre, a notamment déclaré que la dissidence était « la soupape de sécurité » de la démocratie, se montrant ainsi sceptique sur la légalité ces arrestations. La Cour a d’ailleurs ordonné que les cinq soient libérés des mains de la police et placés en résidence surveillée.
Les mots de la procureure, qui a accusé les cinq arrêtés de vouloir « former un front antifasciste pour renverser le gouvernement » n’ont pas échappé à de nombreux internautes. Ceux-ci ont souligné que cette déclaration était un aveu que le gouvernement en place était en effet fasciste.
Des milliers d’Indiens solidaires avec les personnes mises en cause ont également détourné le terme « naxalite urbain », utilisé par l’accusation et la police pour décrire les intellectuels arrêtés. Les « naxalites » désignent les guérilleros maoïstes armés, défenseurs autoproclamés de populations rurales et tribales démunies et qui opèrent encore dans le centre de l’Inde. Le hashtag #MetooUrbanNaxal (soit « moi aussi un maoïste urbain » en français) a ainsi inondé Twitter ces derniers jours, en signe de protestation contre cette chasse aux dissidents politiques.