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Prendre le bus à Dunkerque devient gratuit
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Depuis le premier septembre, les passagers n'ont plus besoin d'acheter de ticket pour emprunter le réseau de transport de la communauté urbaine de Dunkerque. Il s'agit de la plus importante agglomération européenne dont le transport public n'est pas payant.
Révolution dans les bus de Dunkerque : l'agglomération de 200.000 habitants bascule le premier septembre son réseau DK Bus, piloté par Transdev, dans un modèle de gratuité intégrale. Ce qui fait du Dunkerquois le plus gros territoire européen à offrir le transport gratuit universel. Tallinn, en Estonie, plus importante, réserve la gratuité à ses seuls résidents. L'offre de transports est confortée passant de deux à cinq lignes avec des bus toutes les dix minutes. Le réseau augmente son parc de 15 véhicules qui seront seront progressivement dotés du wifi pour en augmenter l'attractivité. L'espace public a été lui-même repensé au profit du bus. Au total, la communauté urbaine de Dunkerque aura investi 65 millions d'euros. Un choix assumé par le maire de Dunkerque et président de la Communauté, Patrice Vergriete, dont c'était une promesse de campagne.
Voiture dominante
C'est la domination complète de la voiture dans les modes de transports de Dunkerque qui rendrait pertinent le passage au tout gratuit. Car les transports publics ne pèsent que 4,7 % des déplacements, et le vélo 1 %, contre 66 % pour la voiture, un ratio qui a même augmenté de quatre points en quelques années. Avec pour corollaire une contribution très faible de la billetterie (10 %) au budget des transports de 45 millions d'euros par an. Le renforcement de l'offre de transports et la perte de billetterie représentent un surcoût annuel de 8 millions d'euros. Un montant adossé à la hausse d'un demi-point du versement transport adoptée en 2011 (à un taux de 1,55 %), dont le produit a été engrangé depuis mais pas dépensé. « Dunkerque a atteint une place critique de la voiture, qui limite la capacité de développement de la ville. Elle pèse sur le foncier, sur le logement, alors qu'on a un déficit d'habitants dans le centre », décode Patrice Vergriete.
L'opérateur Transdev, dont le contrat l'intéressait à la billetterie, passe désormais dans un système d'affermage avec un paiement lié à la fréquentation. L'objectif est de la doubler d'ici à 2020. Un pari qui s'appuie sur l'expérimentation de la gratuité le week-end. La fréquentation a progressé de 30 % le samedi et de 80 % le dimanche.
31 territoires français
Dunkerque rejoint les 30 territoires qui ont déjà choisi la gratuité en France. Châteauroux s'est lancé dès 2001. L'actuel maire Gil Averous, qui a endossé une décision de son prédécesseur, note que la courbe de fréquentation n'a cessé de monter, avec une augmentation de 60 % des kilomètres parcourus. Et la hausse des carburants devrait encore selon lui nourrir le flux. D'autres collectivités s'interrogent comme Paris , Amiens, Grenoble ou Clermont-Ferrand. « C'est un choix politique, qui fait passer d'une logique de rentabilité économique du système de transport à l'utilité sociale et environnementale. Ce sujet sera sans doute une question majeure des prochaines municipales », pointe Maxime Huré, chercheur à l'université de Perpignan et président de l'association sur la mobilité VIGS, qui évalue l'expérience nordiste.
Les opérateurs de transport sont quant à eux férocement opposés à la gratuité totale, au profit des tarifications sociales. L'Union des Transports Publics et ferroviaires (UTP) avait adopté une motion commune avec la Fédération des usagers (FNAUT) soulignant le coût de la gratuité, mais aussi le risque d'immobilisme sur les réseaux dans la durée, faute de marges financières. Elles s'inquiétaient aussi d'une image dévalorisée du réseau auprès des usagers de par sa gratuité.