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Le revenu universel d’activité de Macron, un boomerang anti-pauvres ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Alors qu'il présentait ce 13 septembre une stratégie judicieuse de lutte contre la pauvreté (8 milliards investis sur quatre ans), Emmanuel Macron a annoncé un nouveau "revenu universel d'activité" pour 2021 qui engloberait les allocations RSA, prime d'activité et allocations logement... en échange d'un "contrat" avec les bénéficiaires.
C’est presque dommage. Après avoir emporté son auditoire en détaillant les moyens importants (8 milliards d’euros) que son gouvernement engagerait sur quatre ans dans la lutte contre la pauvreté, après avoir fait part d'une double ambition (soustraire trois millions d'enfants pauvres à un destin triste et accompagner avec bienveillance 5,8 millions de nos concitoyens démunis vers l’activité), le président Emmanuel Macron a annoncé ce 13 septembre la création d’un Revenu universel d’activité encore bien flou. Et pour cause, il devra être concerté avec la société civile, débattu au Parlement en 2020 pour une application en 2021. De quoi s’agit-il à priori ?
Un revenu universel... pas universel
On notera d’abord que ce revenu universel… n’a rien d’universel, au sens où l’entendent communément les économistes et les promoteurs du revenu de base universel. En effet, il ne s’agit pas d’une allocation qui serait versée à chacun, pour mieux vivre et ne pas être contraint d’accepter n’importe quel job payé au lance-pierre. Non, le revenu universel d’activité à la mode Macron est plutôt une nouvelle mouture de l’allocation sociale unique annoncée pendant la présidentielle, accordée sous condition de ressources…
Ce revenu universel d’activité fusionnerait donc à minima le RSA, la prime d’activité et les allocations logement (APL)...et potentiellement d’autres allocations de solidarité (ASS par exemple). Ses bénéficiaires devront signer un contrat dans lequel ils s’engagent sur un parcours accompagné de retour vers l’activité. Une logique droits-devoirs certes déjà en vigueur. Mais cette fois, le Président a indiqué que si ces allocataires refusent deux propositions adaptées, il y aurait sanction.
"En Grande-Bretagne, cette introduction des APL dans une allocation unique a fait de nombreux perdants chez les plus pauvres"
Ce revenu universel d’activité fera-t-il des perdants et des gagnants ? Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a martelé que le gouvernement n’avait pas « d’intention cachée ». s-Sous-entendu, celle de faire des économies. Tout en ajoutant « qu’actuellement, un allocataire sur cinq, en temps réel, ne touche pas le montant d'allocation qui correspond à sa situation.» Lorsque les aides versées par les caisses d'allocations familiales seront simplifiées et automatisées, il y aura donc de multiples ajustements dans tous les sens... « Il va nous falloir, à tout le moins, une bonne concertation sur ce nouveau revenu universel d’activité, confie un représentant du collectif Alertes-ATD Quart Monde. En Grande-Bretagne, cette introduction des APL dans une allocation unique a fait de nombreux perdants chez les plus pauvres. » Quid également de ceux qui ne retrouveront pas d’activité, leur enlèvera-t-on leurs dernières ressources ? Une pensée anxiogène ! Quid enfin des 18-25 ans qui n’ont pas droit au RSA ? Mystère à ce stade…
En attendant des éclaircissements, on peut tout de même se féliciter des annonces plus concrètes et positives de ce matin. Les pouvoirs publics s'engagent en effet à former tous les mineurs, une avancée majeure, estime Olivier Noblecourt, délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes, car les décrocheurs de plus de 16 ans n'étaient recensés que deux fois par an par l’Éducation nationale. L’État va également s'investir dans l'accompagnement des précaires de tous âges en créant un service public de l’insertion qui incitera tous les acteurs -administrations, régions, départements, collectivités locales, associations - à travailler en réseau sans se faire concurrence. D’autant plus facilement que 1,174 milliard d’euros sera consacré à leurs actions et 100.000 contrats garantie jeunes par an financées. « En outre, en permettant aux chantiers et entreprises d’insertion par l’activité économique d’accueillir 100.000 salariés supplémentaires, le gouvernement va permettre d'innover et de développer l’économie sociale collaborative. Il n'y a aucune raison de laisser cet espace à des plateformes comme Uber », s'est réjoui de son côté Charles-Edouard Vincent (ex Emmaüs Défi, Lulu dans ma rue).