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Poutou : "On va continuer à mettre la pression sur Ford et l’Etat"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
L'ex-candidat NPA à la présidentielle se bat, dix ans après une première lutte, pour sauver le site Ford de Blanquefort (Gironde), où il travaille depuis 1996 et que le constructeur américain veut fermer d'ici l'an prochain.
Fin février, Ford annonçait son intention de fermer son usine de Blanquefort (Gironde), dernier site du constructeur américain en Europe. Dans la foulée, Etat et collectivités montaient au créneau pour défendre, dixit Bruno Le Maire, ce «beau site». «[Il] est performant. Le site de Blanquefort doit vivre», déclarait ainsi le ministre de l’Economie et des Finances à la sortie d’un entretien avec les représentants des quelque 900 salariés (hors intérimaires) alors présents sur un site – déjà – sauvé en 2008. Depuis, des discussions sont en cours entre l'Etat, la direction américaine et l'équipementier belge Punch Powerglide pour reprendre le site qui produit des boîtes de vitesse. Ex-candidat du Nouveau Parti anticapitaliste, Philippe Poutou est élu du CHSCT de l’entreprise et secrétaire du syndicat CGT-Ford.
Quelle est la situation du site Ford de Blanquefort ?
L’usine est toujours programmée à la fermeture. Le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) a été lancé en juin par Ford avec l’objectif de supprimer tous les emplois en août de l’année prochaine. La direction veut proposer des départs volontaires ou bien licencier ceux qui refuseront les propositions. Nous essayons de perturber le plus possible ce calendrier.
C’est-à-dire ?
On a réussi à repousser par deux fois la fin du PSE, finalement fixée en décembre. Nous nous battrons également pour que le PSE ne soit pas homologué. Nous voulons qu’il y ait une reprise de l’usine. Ce qui est possible mais difficile. Bruno Le Maire a officialisé il y a dix jours à Bordeaux des discussions avec l’équipementier belge Punch Powerglide. Mais rien ne dit que Ford va accepter.
Pourquoi ?
C’est comme avec Continental à Amiens : ils ne veulent pas prendre le risque de le laisser à d’éventuels concurrents ! La loi Florange a obligé un liquidateur à chercher un repreneur… mais pas à en trouver un. L’Etat met donc un repreneur dans les pattes de Ford pour les obliger à négocier.
Le site est pourtant rentable…
En effet ! Ford ne se plaint absolument pas de cette usine. On nous dit qu’elle est rentable mais la maison-mère ne veut qu’une chose : regrouper ses sites de production et donc fermer le seul qu’elle a encore en Europe. Pourtant, d’après eux, on est, comme ils disent, «compétitifs».
Comment jugez-vous l’action de l’Etat et des collectivités ?
S’ils ne sont pas bousculés par la colère des salariés, ils ne font, de manière naturelle, quasiment rien. On ne croit pas à l’impuissance politique. Mais à force d’aider les multinationales, ils en deviennent impuissants ! Quand il y a de la colère, du bazar, ils se bougent. En 2008, nous avons réussi à sauver l’usine parce qu’on a mis un rapport de force.
Quelle est la différence avec 2008 ?
À l’époque, Ford s’y est pris de manière grossière. Nous avions réussi à mener une grosse lutte, à faire beaucoup de bruit, à mobiliser dans une usine qui ne faisait jamais grève… Aujourd’hui, ils essaient de nous avoir à l’usure. Ils se sont préparés. Et puis les effectifs ont dix ans de plus, une moyenne d’âge de 51 ans, des salariés proches de la retraite… C’est plus difficile de mobiliser. On constate aussi une banalisation des fermetures d’usine dans les médias. Un certain fatalisme. Mais on garde l’espoir d’y arriver
Quelle est la prochaine étape pour vous ?
Le gouvernement nous a donné jusqu'à fin octobre pour négocier avec l’éventuel repreneur. D’ici là, on compte faire parler de nous. Le 12 octobre, on sera par exemple au Salon de l’auto à Paris. Ford n’y a plus de stand mais on va monter pour représenter ses salariés. On va continuer à mettre la pression sur Ford et l’Etat.