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"Les enfants pour la paix" ? Une opération commerciale à la gloire de la guerre
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Dans le cadre du centenaire de l’armistice de 1918, les élèves de CM2 sont invités à participer à un concours, « Les enfants pour la paix ». En réalité, comme c’est souvent le cas avec les commémorations scolaires, la paix sert ici surtout de prétexte à glorifier la guerre.
Dans le cadre du centenaire de l’armistice de 1918, les élèves de CM2 sont invités à participer à un concours, « Les enfants pour la paix », patronné par le ministre de l’EN et mis en œuvre principalement par la Mission du centenaire et l’éditeur Milan, avec le soutien officiel du ministère des Armées, du CLEMI, de la fondation Varenne, de Plantu (évidemment…), d’autres encore. Il s’agit de mener une enquête sur les monuments aux morts et de réaliser la création graphique d’un symbole de paix. Au vu des consignes données aux élèves, les deux travaux semblent contradictoires ou plutôt, comme c’est souvent le cas avec les commémorations scolaires, la paix sert ici surtout de prétexte à glorifier la guerre.
Milan, « éditeur engagé pour tous les enfants », si l’on en croit sa pub, fournit la logistique à travers son magazine « 1jour1actu » avec un numéro spécial distribué dans les écoles à un million d’exemplaires (!). On ne sait pas qui paye mais l’opération confirme que la guerre est toujours une affaire de gros sous.
Pour allécher le client, l’éditeur pose la question : « pourquoi est-ce important de se rappeler ce qu’il s’est passé pendant la guerre ? » - et apporte la réponse, sa réponse : « Se souvenir de cette guerre, c'est se rappeler toutes les personnes qui ont souffert, qui sont mortes, mais aussi qui se sont battues pour garantir, aujourd'hui, notre liberté. » Autrement dit, si la guerre fait des morts, c’est toujours pour la bonne cause. C’est d’ailleurs la leçon que l’on fait réciter à des enfants d’une école parisienne qui expliquent que, certes, s’il y eut des morts (uniquement français, comme il apparaît), la guerre est aussi à l’origine de nombreuses inventions, a permis l’émancipation des femmes et même – le croirait-on ? – la création de l’Union européenne… Se souvenir de la guerre, « c’est se rappeler les gens qui ont souffert et sont morts pour nous ». Pour ces écoliers de CM2, la guerre serait presque un bienfait pour l’humanité.
Le monument aux morts de la commune – sujet retenu pour le concours – fait également l’objet d’une attention sélective. Rassemblés autour du monument, les écoliers sont conduits à poser des questions dont la pertinence n’échappe à personne : « quelle est la taille du monument ? Est-il fleuri ? Y a-t-il des gens enterrés au-dessous ? Est-il ceint par un enclos ? etc » La question de savoir s’il était indispensable de faire autant de victimes ne sera pas posée. Par contre, les enfants retiendront que ces monuments illustrent « l’égalité entre les hommes qui sont partis faire leur devoir et ne sont pas revenus » mais aussi « la mort glorieuse du soldat au combat. » Enfin, histoire d’emporter les dernières réticences, la rédactrice en chef de la revue, Marie Révillion, devant le tombeau du soldat inconnu, évoque, avec des accents à la Déroulède, « cette flamme, qui brûle nuit et jour, rend hommage à tous ceux qui ont donné leur vie pour leur pays, pour qu’aujourd’hui, nous puissions vivre en paix. »
Comment faire d’un des plus dramatiques épisodes de l’histoire humaine la matière à un passe-temps insipide, comment noyer les interrogations fondamentales que tout enfant porte en soi (à condition de permettre leur émergence) dans un quizz insignifiant, comment détourner le souvenir de millions de victimes en une fable militaro-patriotique, comment glorifier la guerre à travers la paix ? Le concours bien mal nommé Les enfants pour la paix réussit tout cela à la fois, concluant de façon intempestive quatre années de commémoration qui ont rapidement tourné au bourrage de crâne. Très éloignée de toute préoccupation vraiment historique, la commémoration scolaire, sous la houlette de la Mission du centenaire, de l’Education nationale mais aussi du ministère des armées, dans un premier temps marquée par l’ambition d’émouvoir les élèves, de leur faire ressentir le quotidien de la guerre, a rapidement dérivé vers d’autres préoccupations. Dans le cadre de ce concours comme dans la plupart des activités scolaires autour de la guerre, la curiosité des élèves s’est trouvée étroitement contrôlée : avec, d’une part, une assimilation forcée à un groupe de combattants dont les élèves doivent nécessairement se sentir solidaires face à « l’ennemi » (la guerre étant alors plus ou moins réduite à un conflit franco-allemand).
Mais surtout, était-il inévitable qu’à l’école, un siècle après l’événement, le mythe, la grossière imposture des « morts pour la France, morts pour la patrie, morts pour que nous vivions libres etc » occultent la question fondamentale du consentement des victimes, de l’absurdité de la guerre, et donc de la responsabilité de ses « auteurs criminels » déjà dénoncés en 1914 par Romain Rolland (« Au-dessus de la mêlée ») ? A 10 ans, on est sans doute assez grand pour comprendre que les 10 millions de soldats tués au cours de la guerre étaient d’abord des civils, des pères, des fils, des époux, des frères envoyés de force se faire tuer pour le profit de quelques chefs de guerre et d’industriels. Non seulement, ces questions sont laissées à l’écart, mais la participation quasi obligatoire des écoliers aux cérémonies patriotiques aux côtés des « détrousseurs de cadavres et imposteurs » (Dalton Trumbo) aboutit, à l’opposé de toute connaissance historique, à un véritable décervelage.
Ce million d’exemplaires d’1jour1actu à la gloire de la guerre, il est toujours temps de ne pas le mettre sous les yeux des élèves.