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Un huitième groupe créé à l’Assemblée nationale
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Cela faisait des mois qu’ils s’activaient en coulisse pour concrétiser leur projet. Ils y sont enfin parvenus. Seize députés venus d’horizons divers – radicaux, centristes, autonomistes corses et déçus de la Macronie – ont annoncé, mercredi 17 octobre, la création d’un nouveau groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Baptisé « Libertés et territoires », il porte à huit le nombre de groupes politiques représentés au Palais Bourbon. Un record.
Inscrit comme un « groupe minoritaire », il est situé, de fait, dans la majorité. Mais ses membres revendiquent un positionnement « indépendant ». A la fois bienveillant avec l’exécutif, tout en restant libre de s’opposer si nécessaire. « Nous souhaitons la réussite de la politique d’Emmanuel Macron, mais cela passe nécessairement par de forts rééquilibrages, en particulier une meilleure prise en compte des territoires – avec une décentralisation plus poussée – mais aussi par des politiques environnementales et de justice sociale plus ambitieuses », explique le député de la Meuse Bertrand Pancher, qui siège aujourd’hui au groupe UDI, Agir et indépendants (composé de centristes et de députés de droite « constructifs ») et qui copréside le groupe avec son collègue de l’UDI, Philippe Vigier.
Le député d’Eure-et-Loir résume le positionnement à mi-chemin de ce groupe, qui a vocation, selon lui, à « s’opposer frontalement lorsqu’il y aura des mauvais chemins et des mauvaises réformes » et à soutenir le gouvernement « si jamais il y a des textes qui vont dans le bon sens ». Outre MM. Pancher et Vigier, deux autres élus sont issus de l’UDI : Charles de Courson (Marne) et Yannick Favennec (Mayenne).
« Manque de cohérence »
Parmi les 16 membres figurent également deux députés La République en marche (LRM), déçus de la politique du gouvernement, qui ont décidé de quitter le groupe majoritaire après s’en être progressivement éloignés depuis le début du quinquennat. Il s’agit des deux ex-écologistes François-Michel Lambert (Bouches-du-Rhône) et Paul Molac (Morbihan). Le premier veut « mieux faire entendre la voix de l’écologie politique », tandis que le second entend « défendre la cause des territoires et de la décentralisation ». Deux anciens élus LRM en font également partie : Jean-Michel Clément, député de la Vienne, qui s’était mis en retrait du groupe macroniste après avoir voté contre le projet de loi asile et immigration, en avril 2017, et M’jid El-Guerrab (Français établis hors de France), qui avait démissionné du groupe majoritaire en septembre après sa mise en examen pour coups et violences.
Des élues issues du parti radical en font également partie, avec l’ex-ministre de François Hollande, Sylvia Pinel (Tarn-et-Garonne) et Jeanine Dubié (Hautes-Pyrénées), tout comme les trois élus nationalistes corses (Paul-André Colombani, Michel Castellani, Jean-Félix Acquaviva), ainsi que le socialiste François Pupponi (Charente-Maritime) et deux non-inscrits : l’ex-socialiste Olivier Falorni (Charente-Maritime) et le député de Wallis et Futuna Sylvain Brial. Depuis le début de la législature, les partisans d’un tel groupe cherchaient à se fédérer pour atteindre le seuil minimal requis de quinze membres.
Des centristes, des Corses, des radicaux, d’anciens « marcheurs »… A l’Assemblée, de nombreux députés pointent « le manque de cohérence » d’un tel rassemblement, considéré avant tout comme un groupe « purement technique ». Soit un collectif créé pour disposer de davantage de moyens et de temps de parole à l’Assemblée plus que pour porter une ligne. Un groupe parlementaire permettant notamment d’être doté d’un secrétariat, d’un budget propre, de places en commissions et au bureau de l’Assemblée, et d’un accès privilégié aux séances de questions au gouvernement. Il y a quelques mois, Sylvia Pinel reconnaissait d’ailleurs que la création de ce huitième groupe était, avant tout, une « manière d’accroître notre visibilité ».
Cette initiative, qui va notamment avoir pour effet d’allonger un peu plus les débats à l’Assemblée, est perçue d’un mauvais œil par les responsables de la majorité. « Cela ressemble à une alliance de frustrés », raille un macroniste. Ses initiateurs défendent, pourtant, la « cohérence » de leur démarche. « Nous, au moins, nous avons une colonne vertébrale et nous savons où aller », rétorque M. Pancher, en soulignant les trois thématiques-clés qu’il entend défendre avec ses nouveaux amis : les territoires, l’environnement et le social.
En avril, l’ex-président de l’Assemblée, François de Rugy, avait condamné ce projet, en ne jugeant pas nécessaire que soit « représentée » une « nouvelle sensibilité politique ». Avant de mettre en garde : « Il faut quand même qu’on ait déjà conscience que sept groupes à l’Assemblée nationale, c’est un record. » Cela fait huit désormais.