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Hôtel Hyatt : une grève pour la dignité

Lien publiée le 10 novembre 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.liberation.fr/debats/2018/11/09/hotel-hyatt-une-greve-pour-la-dignite_1691012

A l’hôtel Park Hyatt Paris-Vendôme :

grève pour la dignité et contre la sous-traitance

Depuis le 25 septembre, non loin de la place Vendôme, la très chic rue de la Paix a pris des allures inhabituelles. Au niveau du numéro 5, au milieu des boutiques de luxe, tous les jours de 10 heures à 15 heures, un rassemblement joyeux, déterminé et festif de femmes de chambres, d’équipiers et de gouvernantes propose aux passants des tracts et des rythmes de tam-tam. Devant l’entrée du palace Park Hyatt Paris-Vendôme, ce groupe de femmes munies de drapeaux et d’une banderole de la CGT reçoit de fréquentes visites d’hommes en uniforme bleu marine – et ce ne sont pas des visites de courtoisie…

Une nouvelle fois, les salarié.e.s de l’hôtellerie relèvent la tête. 55 grévistes d’un hôtel de luxe – les chambres au Hyatt Paris-Vendôme sont proposées de 1 500€ à 18 000€ la nuit –, avec leurs syndicats CGT-HPE et US CGT Commerce, mènent bataille pour leur dignité, contre l’esclavage moderne dans le secteur hôtelier. Une nouvelle fois, une grève y dénonce le recours à la sous-traitance et ses méfaits sur les conditions de travail. La solidarité entre les salarié.e.s de Hyatt et celles et ceux de la société sous-traitante, le groupe STN-TEFIED, y est remarquable. Mais la direction refuse de négocier sous des prétextes fallacieux et joue la carte de la « fermeté », de la provocation et de la violence.

Pourtant, la satisfaction des revendications des grévistes ne devrait pas ruiner un groupe hôtelier surpuissant comme Hyatt. Qu’on en juge : les personnels en grève exigent d’abord l’embauche directe par Hyatt des salarié.e.s de la sous-traitance. Ils et elles veulent aussi des augmentations de salaire de 3 € par heure, le remboursement à 100 % des titres de transports et la mise en place de représentants de proximité pour les personnels. S’y ajoutent l’exigence d’une diminution des cadences, une prime d’intéressement annuelle, un compte pénibilité pour tou.te.s les salarié.e.s et l’accès au 1 % logement.

La direction parle de négociations, mais refuse d’envisager la fin de la sous-traitance et ne veut pas évoquer les salaires… La communication de Hyatt voudrait faire croire que la sous-traitance du nettoyage concerne tous ses établissements. C’est faux : sur les sept hôtels Hyatt en France, seuls trois y ont recours. C’est simplement un choix stratégique pour ne pas avoir à gérer les centaines de personnes invisibles du service d’hébergement qui font le travail de nettoyage au quotidien et sont très durement exploité.e.s. Pire : la violence physique contre les personnels en grève a été utilisée à plusieurs reprises. Le 12 octobre en particulier, les services de sécurité de l’hôtel ont agressé deux grévistes qui ont dû être hospitalisés. Les grévistes font face, de surcroît, à d’autres menaces : sous des prétextes divers (bruit, supposée « gêne occasionnée »…), les forces de l’ordre viennent souvent bousculer ou nasser le piquet de grève, quand bien même la préfecture de police a donné son accord aux grévistes. Trois procès-verbaux ont été dressés contre les personnels en grève et leurs représentant.e.s.

Il vaut la peine d’écouter ces femmes parler de leurs conditions de travail déplorables – par exemple la nécessité, depuis des mois, pour quatre femmes de chambre de partager un seul aspirateur pour nettoyer quatre chambres à un étage, alors qu’on exige d’elles de « faire une chambre » en 45 minutes – ou des problèmes de santé comme l’arthrose et d’autres maux qu’engendre leur travail. On apprend beaucoup aussi en discutant avec elles, sur leur vie, leur courage, leur détermination et leurs espoirs. 

Ces personnes doivent être écoutées, soutenues et aidées, y compris financièrement. Le conflit semble être parti pour durer, vu l’attitude fermée et méprisante de la direction. Le soutien financier est une nécessité pour leur permettre de tenir bon. Une caisse de grève en ligne est disponible*  https://www.lepotcommun.fr/pot/1vpwil8t/participer   Soyons solidaires et généreux.ses : ces grévistes  sont déterminé.e.s à se battre et à aller jusqu’au bout. Leur dignité est aussi la nôtre. Aidons-les à gagner. 

Nathalie Arthaud (porte-parole de Lutte ouvrière), Clémentine Autain (députée France Insoumise de Seine-Saint-Denis), Ludivine Bantigny (historienne), Compagnie Jolie Môme, Pierre Dardot (philosophe), Philippe Degrave (enseignant et chercheur en science politique), Erri De Luca (écrivain), Jules Falquet (sociologue), Eric Fassin (sociologue), Bernard Friot (sociologue et économiste), Fanny Gallot (historienne), Odile Henry (sociologue), Leslie Kaplan (écrivaine), Alain Krivine (NPA, ancien député européen), La Parisienne Libérée (chanteuse), Christian Laval (sociologue), Danièle Linhart (sociologue), Frédéric Lordon (économiste et philosophe), Jean-Pierre Mercier (délégué syndical central CGT PSA-Aulnay), Daniel Mermet (journaliste et écrivain), Gérard Noiriel (historien), Philippe Poutou (ouvrier chez Ford-Blanquefort et porte-parole du NPA), Michèle Riot-Sarcey (historienne), Omar Slaouti (enseignant), Bernard Stiegler (philosophe), Enzo Traverso (historien), Xavier Vigna (historien), Sophie Wahnich (historienne)

* On peut également envoyer des chèques de solidarité, en mentionnant au dos « soutien grève Hyatt Paris-Vendôme » à la CGT-HPE 78 rue Henri Barbusse 92110 Clichy.