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Veille bibliographique sur Marx et le marxisme
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Veille bibliographique du séminaire "Lectures de Marx"
Stefano Petrucciani, Marx critique du libéralisme, Mimésis, coll. « Philosophie et société », 2018, 140 p., 14 € (disponible depuis mars 2018) [présentation en ligne]
« La critique du libéralisme est l’un des aspects les plus controversés de la pensée politique de Karl Marx. L’auteur se propose ici d’analyser les arguments marxiens contre les thèses libérales et de les mettre en perspective avec les critiques émanant de l’approche analytique anglo-saxonne, influencée par la théorie de la justice de John Rawls. Ce dialogue permettra de redéfinir les véritables enjeux théoriques de la critique marxienne du libéralisme et d’en questionner l’actualité. »
Jean Vioulac, Marx. Une démystification de la philosophie, Ellipses, coll. « Aimer les philosophes », 2018, 224 p., 13,50€ (disponible depuis août 2018) [présentation en ligne]
« L’introduction par Marx du concept d’idéologie a suffi à disqualifier l’ensemble des discours théoriques tenus en Occident depuis les Grecs sous le nom de métaphysique pour y reconnaître une mystification spéculative : cette critique radicale de la spéculation n’équivaut pourtant pas à une élimination pure et simple de la philosophie, elle conduit Marx à la réélaborer comme ontologie de la production, à partir d’une communauté historique d’hommes réels reconnue comme fondement de droit de tout phénomène. Il devient alors possible d’analyser sur ces bases le mode de production capitaliste dont l’avènement définit la modernité occidentale : pour y découvrir un dispositif spéculatif effectif, dont la logique est celle de l’autoproduction de l’idéalité formelle et suprasensible de la valeur. Le capitalisme met ainsi en œuvre un processus universel d’abstraction, de spectacularisation et de numérisation qui rend d’autant plus urgente la démystification. Mais celle-ci ne peut pas rester théorique : elle devra être pratique, elle est révolution. »
Karl Marx, Friedrich Engels, Le Manifeste du parti communiste, adapté par Martin Rowson, Actes sud, coll. « L’An 2 », 2018, 88 p., 19,80 € (disponible depuis septembre 2018)[présentation en ligne]
« A l'occasion des 200 ans de la naissance de Marx, une adaptation du Manifeste par le grand dessinateur éditorialiste du Guardian. »
Georges Gastaud, Lumières communes. Tome V : Fin(s) de l’histoire, approche marxiste des "valeurs", Delga, 2018, 727 p., 30 € (disponible depuis septembre 2018) [présentation en ligne]
« Fin(s) de l’histoire est le tome V de Lumières communes, traité de philosophie générale à la lumière du matérialisme dialectique (Delga, 2016). Ce tome final traite de l’approche matérialiste du sens et plus généralement, de la praxis (théorie politique, éthique), de la démarche marxiste en esthétique et de ce que l’auteur nomme « sagesse de la révolution ». Considéré dans son ensemble, Lumières communes invite à reconstituer l’hégémonie culturelle progressiste sur la base d’une conception rationnelle renouvelée de la nature, de l’histoire et de la subjectivité. »
Jean-Pierre Garnier, Émanciper l’émancipation, éditions Critiques, 2018, 160 p., 12 € (disponible depuis septembre 2018) [présentation en ligne]
« L’émancipation est devenue un idéal creux, un mot passe-partout qui meuble les discours des hommes politiques en manque d’inspiration et d’universitaires en mal de Grand Soir. Dressant le bilan des expériences et des espoirs émancipateurs du 20e siècle, Jean-Pierre Garnier mobilise la pensée d’Henri Lefebvre afin de repenser l’émancipation comme une utopie concrète qui pourrait dynamiser les luttes sociales et politiques en cours ou à venir. Fidèle à sa ligne marxienne et anarchiste, il arrache l’émancipation aux fausses problématiques « sociétales » en vogue pour lui redonner toute sa profondeur progressiste et révolutionnaire. »
Roman Rosdolsky, Friedrich Engels et les peuples « sans histoire ». La question nationale dans la révolution de 1848, Page 2/Syllepse, coll. « L'actualité », 2018, 384 p., 25 € [présentation en ligne]
« Si le néolibéralisme unificateur bute sur ce renouveau de la question des droits des nations à disposer d’elles-mêmes, la gauche, radicale ou non, semble en peine pour offrir ses solutions. Circonstances qui ajoutent à la complexité de la question, toutes ces expressions nationalitaires ne sont pas portées par une vision émancipatrice. Pourtant, dès son essor, le mouvement ouvrier s’est emparé de cette question, notamment à la suite du Printemps des peuples de 1848. Parmi les principaux acteurs de la scène politique de l’époque, Friedrich Engels s’attache plus particulièrement à analyser la question nationale et produit le déconcertant concept de « peuples sans histoires », lesquels « n’ont pas été capables de constituer des États et n’ont plus suffisamment de force pour conquérir leur indépendance nationale » qu’il oppose aux nations « révolutionnaires ». C’est cette thèse que réfute Roman Rosdolsky dans cet ouvrage resté inédit en français. »
Benjamin Bürbaumer, qui a écrit l’avant-propos de l’ouvrage, avait eu l’occasion de nous parler des vues de Rosdolsky lors d’une séance organisée l’année dernière sur le livre d’Engels Révolution et contre révolution en Allemagne :https://adlc.hypotheses.org/seminaire-lectures-de-marx-a-lens-2017-2018-9e-annee/revolution-et-contre-revolution-en-allemagne.
Eric Hobsbawm, Les bandits, La Découverte, 2018, 240 p., 11 € [présentation en ligne]
Réimpression en poche de la nouvelle édition revue et augmentée par l'auteur en 2008 d'un ouvrage paru en anglais en 1969 et traduit en français en 1972 dans la petite collection Maspero. L'historien marxiste britannique écrit une histoire sociale et économique des bandits, ou plutôt du "banditisme social", dans lequel il croit reconnaître la généalogie primitive des mouvements sociaux et de la révolte politique.
Mark Fisher, Le réalisme capitaliste : n’y a-t-il aucune alternative ?, Entremonde, coll. « Rupture », 2018, 96 p., 10€ [présentation en ligne]
Traduction en français du livre qui a fait connaître Mark Fisher (1968-2017).
« Mark Fisher analyse les effets du postmodernisme et de sa logique (Jameson), la reconfiguration du réel par le capitalisme tardif. L'auteur analyse l'expérience de qui se trouve en position de rouage dans des institutions : la bureaucratie est un mal aussi endémique que la dépression dans la population. Sa prolifération distance les totalitarismes les plus avancés : la société de contrôle est partout, le long des lignes de production, dans les institutions d'enseignement. La mise en scène des processus de travail supplante les résultats effectifs, et le réalisme capitaliste semble s'imposer comme unique perception disponible de notre temps. »
Bini Adamczak, Le communisme expliqué aux enfants, Entremonde, coll. « A6 », 2018, 112 p., 8 € [présentation en ligne]
« Il était une fois des personnes qui aspiraient à se libérer de la misère du capitalisme. Comment faire pour que leur désir de changement puisse devenir réalité ? Ce petit livre propose une vision différente du communisme, fidèle à son ambition : se débarrasser d’un monde de souffrance et d’oppression. Mobilisant les ressources de la littérature enfantine, mais pas seulement, ce texte cherche à rendre abordable pour toutes et tous certains concepts de la théorie marxiste et communiste. Princesses et usines, paysannes et travailleuses opprimées, deviennent les actrices d’un récit ludique et illustré par lequel il s’agit de revenir sur l’histoire du capitalisme, sur celle de la féodalité, sur la théorie des crises, sur les formes multiples de la domination et de l’exploitation, mais aussi et surtout sur les différentes définitions et compréhensions de la visée communiste.
Bini Adamczak est une théoricienne et artiste basée à Berlin. Ses recherches et écrits portent sur la théorie sociale critique, les politiques queers, ainsi que sur l’historicité des révolutions. On lui doit notamment une étude publiée en 2017 chez Suhrkamp à propos de liens entre la séquence politico-sociale de 1917 et celle de 1968 (Beziehungsweise Revolution : 1917, 1968 und kommende), ou encore une autre plus précisément consacrée à l’histoire du communisme depuis la Révolution d’Octobre (Gestern Morgen). »
Emma Goldman, Vivre ma vie : une anarchiste au temps des révolutions, L’Échappée, 2018, 1104 p., 29,90 € [présentation en ligne]
« Née en 1869 dans l’Empire russe, Emma Goldman s’exile aux États-Unis à 16 ans. Elle plonge alors à corps perdu dans le chaudron politique et intellectuel. Activiste et conférencière anarchiste aussi célèbre que redoutée, elle sillonne au gré des luttes une Amérique en pleine ébullition. Expulsée en 1919 vers la Russie, accueillie chaleureusement par Lénine, elle découvre une réalité qu’elle ne cessera de dénoncer avec courage tout en poursuivant son inlassable combat pour l’émancipation. Son époustouflante épopée mêle morceaux de bravoure et moments d’intimité, grands affrontements politiques et vie d’une femme hors du commun, poésie et quotidien, espoir et désenchantement. Ce texte magistral est à la fois une fresque historique qui donne le vertige, tant on y croise toutes les grandes figures révolutionnaires, une œuvre puissante d’une rare sensibilité et l’un des plus beaux chants d’amour à la révolte et à la liberté. Un monument de la littérature anarchiste enfin traduit intégralement en français. »
Theodor W. Adorno Et Siegfried Kracauer, Correspondance 1923-1966, Le Bord de l’eau, 2018, 424 p., 37,40 € [présentation en ligne]
« La lecture de leurs échanges offre une immersion dans cette partie de l’histoire du XXe siècle et de l’intelligentsia allemande et internationale qu’il nous est ainsi permis d’explorer à travers le prisme d’une relation exceptionnelle et en prise perpétuelle avec l’histoire qui mena de l’entre-deux-guerres à la catastrophe de la Deuxième Guerre mondiale, et contraignit de nombreux intellectuels à l’exil et à une vie précaire, souvent jusqu’au désastre. […] Enfin, si la correspondance entretenue par les deux hommes pendant toutes ces années recèle un caractère si singulier, elle participe plus généralement des relations parfois étroites qu’ils entretinrent avec d’autres penseurs et artistes majeurs de ce siècle (Berg, Benjamin, Bloch, Lukács, Horkheimer, Löwenthal, etc.). »
Étienne Balibar, Libre parole, Galilée, coll. « La Philosophie en effet », 2018, 144 p., 20 € [présentation en ligne]
« Les trois essais réunis ici ont pour objectif commun est de problématiser les conditions et la fonction de la liberté d’expression en tant que droit aux droits, plus fondamental que jamais dans une période de régression des formes démocratiques, facilitée par les effets désagrégateurs de la mondialisation capitaliste, et surdéterminée par les effets de terreur et de contre-terreur que suscite une situation de guerre endémique à laquelle aucune région du monde n’échappe entièrement désormais. Il est aussi de montrer que, si la liberté d’expression institutionnellement garantie, et la libre parole qui en forme la contrepartie subjective, constituent une « propriété » inaliénable des individus et des groupes dont l’autonomie est (théoriquement) reconnue en démocratie, il faut s’élever à la conception d’un bien public de la communication si l’on veut en généraliser l’exercice, en prévenir les usages discriminatoires, et lui conférer par là même toute sa normativité politique. »
Antonia Birnbaum, Égalité radicale : diviser Rancière, Amsterdam, 2018, 280 p., 17 € [présentation en ligne]
« Le mouvement ouvrier et étudiant de 68 a fissuré l’assise savante du pouvoir. Jacques Rancière, qui en prend acte, instaure un renversement fondamental : il ne saisit plus l’égalité comme but, mais comme point de départ. C’est d’une déconnexion avec l’ordre hiérarchique qu’elle procède. Sont ainsi mises en avant les capacités des opprimés à inventer des pratiques indociles. Pourtant, depuis une vingtaine d’années, Rancière tend à rétrécir la portée de ce geste : en le déplaçant vers le champ esthétique, il le limite à des « redistributions polémiques du dicible et du visible ». Ce livre rompt avec une telle orientation. Il élucide l’égalité dans des luttes impliquant la violence, réintroduit une rationalité du désir et de l’antagonisme. L’aspiration à abolir le rapport capitaliste fait pleinement partie de l’obstination lucide qui anime la confiance égalitaire. Ainsi radicalisée, l’égalité noue l’antagonisme, qui combat un ennemi à détruire, au litige, qui s’inclut dans le monde de l’adversaire par polémique. »
Karl Marx : regards croisés, L’Aube, coll. « Le Un », 2018, 160 p., 12,90 € [présentation en ligne]
« Lire ou relire Marx, c’est porter un regard aiguisé sur les nouvelles inégalités qui mènent le monde, avec la crainte justifiée qu’elles le mènent avant tout vers le chaos social. Le fossé continue d’augmenter entre les revenus du capital et les revenus du travail, entre la rente et la sueur. Le fossé entre riches et pauvres, très riches et très pauvres, n’est pas près d’être comblé. Marx pas mort. Ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Des idées du vieux monde peuvent surgir celles du nouveau… » (Éric Fottorino, directeur de l’hebdomadaire Le 1)
Avec des textes de Sylvain Cypel, Pierre Dardot, Aude Lancelin, Vincent Martigny, Edgar Morin et Raoul Peck.
« Marx et le droit », Droit & Philosophie, n°10, 2018 [disponible en ligne]
« À l’occasion du bicentenaire de la naissance de Karl Marx, Droit & Philosophie consacre un volume à l’étude des rapports mutuels entre ce penseur et le droit, en s’efforçant de croiser et de faire dialoguer, selon la ligne éditoriale de la revue, le droit et la philosophie, ainsi que la culture juridique et la pensée théorique sur le droit. »
Dossier coordonné par Jérôme Couillerot, Élodie Djordjevic, Mélanie Plouviez et Sabina Tortorella.
La revue est entièrement disponible en ligne, et sera bientôt disponible en format papier aux éditions Dalloz.