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LES GILETS JAUNES : "PRO DE LA CASSE" OU VIES CASSÉES ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
« Macron dégage », le mot d’ordre de cette journée // © Koja
Des gilets jaunes. Partout. 100 000 dans toute la France et 8 000 à Paris, selon les chiffres du gouvernement. En réalité, sûrement beaucoup plus. Mais comment les compter ? Peu importe, ils étaient nombreux, fièrement vêtus de leur gilet jaune, venus affronter en face ceux qui cassent leur existence. Reportage en images.
Samedi 1er décembre 2018. Ce n’est pas un samedi comme les autres. Les uns font leurs courses de Noël dans les beaux quartiers de Paris, les autres parés de leur gilet jaune, sont venus, parfois de loin, dire leur colère. Le dire avec des mots, avec des phrases écrites sur leur gilet jaune, mais avec des armes sûrement pas. Ils criaient « Macron démission », chantaient la Marseillaise, se parlaient sans se connaître, parce qu’ils avaient cette chose en commun, la colère, celle qu’on ne peut plus contenir. Oui il y avait des casseurs, comme il y en a eu lors de la coupe du monde football, comme il y en a dans chaque manifestation. Non, la plupart des gilets jaunes n’étaient pas des casseurs. Sur le terrain, on a vu beaucoup de vies cassés, des casseurs beaucoup moins. Dès le matin, la violence a éclaté sur les Champs-Élysées et dans les rues adjacentes. Les gazages à répétition ont transformé la capitale en ville assiégée par la misère. Les grenades fusaient… 10 000 au total ont été lancé par les CRS. Très vite, on a compris que le seul mot d’ordre du gouvernement devait être : la répression. On apprend dès le lendemain par la préfecture de police que 412 interpellations ont eu lieu, et que 378 personnes ont été en garde à vue. Sur les 133 blessés, 23 sont membres des forces de l’ordre. Les 110 autres qui sont-ils ? Le sait-on ? Il y-a-t-il des femmes ? Des adolescents ? Des personnes âgés ? Des hommes venus simplement manifester ? Ou sont-ils tous « ces professionnels du désordre, des professionnels de la casse », comme l’a dit Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur.
Parmi les victimes, une femme âgée de 80 ans, à Marseille. Morte. Tuée par une grenade lacrymogène alors qu’elle fermait les volets de son appartement du quatrième étage. Atteinte au visage, elle a succombé à ses blessures. « Les professionnels de la casse »… qui sont-ils ? Ceux qui cassent des vitrines de grands magasins, des voitures de luxe, du matériel ? Ou ceux qui brisent depuis des décennies des existences ? Ce samedi 1er décembre 2018 à Paris, nous avons vu des femmes, des hommes, des jeunes, des personnes âgées, venus de toute la France, partis parfois dans la nuit du Sud de la France pour arriver à l’aube sur la plus belle avenue du monde. Le peuple, celui dont ils parlent tous mais qu’on ne voit jamais. Celui qui se terre dans sa misère et n’ose dire sa colère s’est réveillé. Le peuple, celui qui paie les factures, qui prend les coups de la vie, qui ne peut souvent même pas se payer un resto, a respiré du gaz, a couru pour éviter les grenades. Ce peuple qui survit au quotidien, s’est retrouvé non pas pour affronter les forces de l’ordre, mais pour affronter leur propre existence, côtes à côtes. Et ils ont payé d’être venus, beaucoup sont repartis en boitant, en sang, et d’autres sont restés, en garde à vue. La violence qu’on cache dans les campagnes, dans les banlieues, dans les déserts que notre capitale ne veut pas voir, a envahi Paris ce samedi 1er décembre, et c’est cette violence-là, que nous avons vu.
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© Koja / Un gilet jaune discute avec un CRS aux abords des Champs Elysées
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Un dispositif de sécurité hors norme // © Koja
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Certains ont eu la bonne idée de venir équipés pour affronter les gaz lacrymogènes // © Koja
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Un hélicoptère a survolé Paris toute la journée // © Koja
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Arc de Triomphe // © Koja
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Arc de triomphe et lacrymogènes // © Koja
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La nuit tombe mais les gilets jaunes restent // © Koja
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Un décor de Noël inédit… // © Koja