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Gilets Jaunes : la CGT divisée, la Confédération à reculons...

CGT Gilets-jaunes

Lien publiée le 8 décembre 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://ouvalacgt.over-blog.com/2018/12/gilets-jaunes-la-cgt-divisee-la-confederation-a-reculons.html

Voilà un mois que ça brasse partout, que le mouvement prend de l’ampleur. Sur les blocages, lors des manifestations des samedis, se développe un véritable « mouvement populaire » avec toutes ses confusions, toutes ses contradictions.

Depuis l’origine nous, militants CGT, sommes traversés d’interrogations, de doutes et néanmoins de volonté d’être présents. Il faut dire que la mobilisation dans ce mouvement de tout ce que l’extrême-droite fait de fachos et de nazillons fait réfléchir – c’est bien le moins.

Nos militants ont été traversés de plusieurs courants :

  • Celles et ceux qui ne voient que la spontanéité du mouvement et qui veulent rester aveugles au dérapages racistes, sexistes, homophobes. Ceux pour qui « le mouvement est tout », le but n’est rien. 
  • Et à l’inverse, celles et ceux qui refusent absolument de s’investir dans un mouvement brut, pas clair, et où on risque de côtoyer l’extrême-droite. C’est Martinez qui refuse de manifester le 17 novembre sous ce prétexte.
  • Rares étaient les militant(e)s investis sur le terrain, tout en maintenant la lutte politique contre tous les dérapages identitaires et fascisants.

Les semaines passées ont éclairci un peu la situation.

Tout d’abord, la confusion a fait émerger quelques revendications de base, partagées par tous :

  • Hausse du SMIC et des retraites
  • Annulation des taxes
  • Retour de l’ISF
  • Défense des Services Publics dans les régions
  • Macron démission.

Les revendications identitaires, racistes et anti-migrants (voir « La CGT Douanes, les migrants, les Gilets Jaunes ») sont assez marginalisées – quoique persistantes autour du pseudo Pacte de Marrakech, et ce sont les revendications matérielles et sociales qui prennent le dessus (« Ca peut plus durer ! ») terrain sur lequel l’extrême droite n’est pas à la manœuvre (Le Pen s’est déclarée contre la hausse du SMIC, à rappeler encore et encore).

Et par voie de conséquence, on a vu de plus en plus de camarades de la CGT, de structures, s’investir dans les blocages et tenter la convergence avec les Gilets Jaunes, parfois difficile tellement les méfiances sont grandes à l’égard des organisations institutionnelles et officielles. De Tourcoing à Toulouse, de Brest à Chambéry et Montélimar et bien ailleurs, les camarades les plus combatifs sont sur le terrain, et c’est cela qu’il faut faire. Maintenant, des fédérations s’engagent de plus en plus nettement pour construire cette convergence (ChimieServices Publics par exemple).

On ne méprise pas le peuple en colère, quelles que soient ses contradictions et ses confusions, on participe pour éclaircir les enjeux et dégager les fachos. Voilà notre objectif.

Au niveau confédéral, c’est autre chose.

Depuis le début, Martinez est silencieux. Oh, certes il reconnaît la légitimité de la colère qui s’exprime dans ce mouvement, mais il reste en retrait. Et là, en 48 heures, les choses viennent de se décanter d’un coup.

D’une part, on voit apparaître la signature de la CGT sur un communiqué intersyndical (ci-contre) absolument scandaleux, qui ose dire que « le gouvernement a ouvert la porte du dialogue », et par ailleurs « dénonce toute formes de violence dans l’expression des revendications ». Tout en ne donnant aucune perspective de participation au mouvement. Et bé avec ça, elle est pas gagnée la convergence !!! Quelle honte. Alors que le gouvernement massacre les manifestants et les lycéens, tir tendus de flash-ball et les mutilations qui vont avec, gazages, massacre au Burger King, humiliation des lycéens à Mantes la Jolie, mort d’une vieille dame à Marseille (tuée par les gaz au quatrième étage de son immeuble !!!), un jeune dans le coma à Toulouse, c’est une violence jamais vue qui s’abat sur les protestataires. Ce n’est pas un hasard si on se rappelle la mort de Malik Oussekine tué par les voltigeurs de la police le 6 décembre 1986, triste anniversaire. La violence, ce n'est pas celle des revendications, c'est celle du capitalisme et de l'État de classe qui le représente, c'est quand même le B.A. BA du syndicalisme...

Cette signature de la CGT a provoqué une réaction immédiate dans nos rangs, et nous nous en félicitons. L’UD de la Haute Garonne a dénoncé immédiatement, de même que la FNIC (voir ci-contre) et de multiples structures prennent position peu à peu (UL de Harfleur, UL Bordeaux Nord,Energie Paris etc.). Cette réaction immédiate est inédite, d’autant que les structures ne font pas dans la langue de bois : la CGT doit retirer sa signature.

Le problème, c’est que ce n’est pas un bug.

Nous publions ci-contre l’interview complète que Martinez a donnée au journal Le Monde ce matin, et dont les militants n’ont retenu que le titre « Touchez pas à nos enfants ». Le reste de l’interview est on ne peut plus clair : pas de convergence avec les Gilets Jaunes, pas de participation aux manifestations. Tout au plus il admet du bout des lèvres qu’il y a quelques initiatives locales, mais sans aucune directive pour les développer, bien au contraire on sent bien qu’il n’est pas d’accord.

Martinez, comme l’intersyndicale, est dans la logique ultra-réformiste de l’interlocuteur représentatif et nécessaire. Les élections de la fonction publique sont passées, plus besoin de faire semblant, maintenant il faut que le gouvernement reprenne les discussions avec les « organisations intermédiaires ». La colère du peuple sur le terrain, on s’en tape.

Ainsi, il n’y a pas de « double jeu » de la CGT comme l’imagine le Figaro, il y a une seule posture, la même que depuis toujours, pour se poser en interlocuteur responsable. Revenir à l'époque de Thibault du temps de Sarkozy (voir « Sarko/Thibault, le pacte de reconnaissance tacite »). Et d’un autre côté, on tient quelques phrases ronflantes pour satisfaire la base énervée… Vieux classique quand même, non ?

Du coup, on comprend mieux le communiqué interfédéral du 5 décembre (que l'on trouvera ICI), publié par les fédérations de l’Agro, de la Chimie, des Ports et Docks, du Commerce, des Cheminots, de l’Energie et des Transports. Au début, on l’a compris comme une petite manœuvre, dans le cadre de la préparation du Congrès de l’an prochain, de la part de fédérations plus ou moins proches de la FSM. D’autant qu’il n’y a absolument rien dans ce texte vraiment contradictoire avec l’orientation confédérale, même pas d’appel à la convergence avec les Gilets Jaunes.

Bien sûr, la manœuvre existe, personne n’est dupe. Mais très probablement, les fédérations signataires sentaient le vent venir de la manœuvre avec l’intersyndicale (avec probablement de ce côté là la Métallurgie en pointe, la FD la plus droitière de la CGT en ce moment) et ont décidé de tenter de la torpiller. Dommage que ce n’ait pas été plus explicite, assez difficile à suivre et obscur pour les non initiés !!! Manœuvres de bureaucrates entre eux ? Bien sûr. Mais sur fond de lutte de classes.

Les enjeux se sont éclaircis.

Il faut participer au mouvement. Défendre les revendications des Gilets Jaunes qui rejoignent pour l’essentiel les revendications CGT. Combattre sans hésitation toutes les dérives racistes, sexistes et homophobes, dégager l’extrême-droite en embuscade.

Organiser la convergence gilets rouges et gilets jaunes, avec toutes les entreprises en lutte, avec les lycéens et étudiants.

Participer aux blocages, aux manifestations, protéger les jeunes, affirmer notre identité et notre combattivité de classe.

C’est le capitalisme qu’il faut abattre, et ce combat on y participe !