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Climat : pour les capitalistes, il est urgent d’attendre

écologie

Lien publiée le 14 décembre 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.humanite.fr/climat-pour-les-capitalistes-il-est-urgent-dattendre-665184?amp

Choisir la ville charbonnière de Katowice  dans une Pologne qui utilise le charbon pour produire 80% de son énergie électrice ne revenait pas à créer les meilleures conditions  pour la Cop 24 transforme passer  les vœux exprimés trois ans plus tôt lors de la Cop 21 de Paris  en travaux pratiques  à l’échelle planétaire.  Alors que l’on joue les prolongations ce week-end, il apparaît que la présidence polonaise  a été inefficace tandis que les grands pollueurs de la planète ont refusé  de s’engager à réduire de manière  sérieuse  leurs émissions de gaz à effet de serre. 

Il était prévu au départ  que la Cop 24 qui se tient à Katowice en Pologne  termine ses travaux ce vendredi  14 décembre. Mais  on va jouer les prolongations demain et peut-être dimanche. En théorie, la véritable prise de conscience des décideurs  politiques concernant les enjeux climatiques  date de la conférence qui s’était tenu à Kyoto  en décembre 1997. Cette année là , en raison du décalage horaire ,  les dépêches rédigées  par les envoyés spéciaux de l’Agence France   Presse (AFP) qui  couvraient l’évènement   permettaient  aux rédactions  des quotidiens français  d’avoir  dès le milieu de chaque après-midi  l’évolution des travaux de la conférence.

Vingt et un an plus tard , les dépêches d’agence sont rares en provenance de Katowice  et rares sont les journaux  français couvrant,  directement  cette Cop 24 où les délégations de 200 pays  devaient mettre en place un ensemble de mesures visant à diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050  afin de tenter de limiter le réchauffement  à  plus  2°C par rapport à la période préindustrielle  du milieu du XIXème siècle.

Ce vendredi  matin, sur  seize éditoriaux de la presse hexagonale  cités dans la revue de presse de l’AFP, quinze parlent de l’action des gilets jaunes qui continue et des difficultés que cela génère pour Emmanuel Macron et son gouvernement tandis que le seizième porte sur le Brexit et les complications qu’il n’en finit pas de produire. Aucun ne parle de la Cop 24. A trois heures du matin, zéro minute et une seconde  ce vendredi,  une dépêche de l’AFP titre  sur une  « fin de cop  tendue à Katowice » et débute par ces lignes : «  Entre retards , désaccords et pressions de toutes parts , la 24ème conférence climat de l’ONU (Cop 24)  se prépare  à un finish intense, avec  peut-être  à la clé l’espoir  d’un accord pour l’application  du pacte  de Paris ».

Comme nous l’indiquions hier, le « pacte de Paris », cité ici par l’AFP,   était le texte final de la  Cop 21. Il ne s’agissait que le catalogue de bonnes intentions, acceptable et finalement  accepté par  196 pays. Dès lors  que le passage aux travaux pratiques  était remis à plus tard, même  les pays qui  polluaient le plus à l’époque  acceptait l’objectif du plus 2°C à ne pas dépasser en 2100 et acceptaient même de tout faire  pour tenter de s’en tenir à plus 1,5°C  pour emporter l’adhésion  des pays pauvres les plus impactés  par le climat  au texte final.

France : la prime à la casse augmente les émissions de CO2

Se faisant fort de rappeler cet engagement, le GIEC  a produit voilà quelques semaines  un rapport montrant qu’il est impératif  de s’y engager sans attendre. Ce  n’est pas le cas depuis trois ans puisque les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont en hausse dans  presque tous les pays  depuis décembre 2015 à commencer par   les Etats Unis et l’Europe. Ce matin, l’AFP note fort justement  que « les implications du « mode d’emploi » ne sont pas anecdotiques. En vertu de l’accord de Paris, les engagements des pays à réduire les gaz à effet de serre sont volontaires. Mais leur suivi doit être multilatéral, avec de règles de transparence, comme  autant de « poutres »  garantissant la solidité de l’édifice ».

La « poutre » mise en exergue ces dernières semaines  par Emmanuel Macron , plusieurs de ses ministres et  beaucoup de députés du groupe LaREM pour garantir « la  solidité de l’édifice » consistait   à expliquer la chose suivante : utiliser  moins de 20%  des taxes que le gouvernement prélève sur les carburants pour  donner une prime  aux automobilistes  qui remplaceront leur vieille voiture  par une autre qui sera neuve d’occasion  nous fait entrer   dans la transition écologique comme le prévoit  l’accord de Paris  sur le climat.

Cela n’est pas vrai du tout  et pour plusieurs raisons. Accélérer  le renouvellement  du parc automobile  accélère aussi la production de véhicules neufs dont il faut prendre en compte le bilan carbone depuis l’extraction des métaux  jusqu’à  la fabrication et la mise en marché  des véhicules neufs. Beaucoup de ces véhicules neufs   sont des « Sport Utility Vehicle » (SUV) plus gourmands en carburant que les vieilles voitures   retirées du marché en France. Ajoutons que ces dernières  sont  souvent  revendues, entières  où en pièces détachées,  pour vivre une seconde vie sur le continent africain  qui importe chaque année  3 à 4 millions de voitures retirées du marché en France et en Europe. Finalement, plus la prime à la casse peut sembler  efficace  en accélérant  le renouvellement  du parc automobile en France, plus les émissions de CO2 imputables  à la voiture individuelle sont susceptibles  d’augmenter. Car la France concentre  ses activités dans les grandes métropoles, tandis que  l’étalement rurbain de l’habitat induit par la spéculation  éloigne l’immense majorité des salariés de leur lieu de travail. Du coup, la voiture individuelle demeure souvent l’unique moyen  de se rendre au travail. Voilà comment est née la révolte des Gilets jaunes  en France contre le racket mis en place par l’Etat.

Les engagements flous de 2015 c’est plus 3°C en 2100

Pour revenir  aux dernières heures de la Cop 24 à Katowice, l’AFP nous dit que « les délégués doivent encore  régler un hic survenu autour  de   la mention du dernier rapport  du groupe des experts de l’ONU (GIEC)  dans la décisions finale. Arabie saoudite, Russie, Etats Unis refusent le terme  « accueille favorablement », accepté par d’autres pays concernant la nécessité de garder l’objectif de plus 1,5°C à ne pas dépasser d’ici.  On en était là ce vendredi matin  tandis que le secrétaire général de l’ONU devait revenir à Katowice pour tenter de convaincre les récalcitrants.

L’AFP rappelle aussi que « les promesses nationales présentées en 2015 » par un certain nombre de pays  « conduisent  à un monde à plus 3°C, annonciateur de conséquences dramatiques ».  Ajoutons que le quotidien « Les Echos » titre ce matin « Cop 24 : démission planétaire sur le climat». Mais  il suffit de lire ce quotidien des milieux  d’affaires  chaque matin pour se rendre compte que la vision  de l’économie donnée par sa rédaction pourrait s’intituler  « CO2 mon amour », pour rependre le titre d’une émission de France Inter  le samedi.