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Argumentaire: défendre le mouvement des gilets jaunes durant les fêtes
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Pour les fêtes de fin d’année, LaREM publie un guide pour défendre le pouvoir durant les discussions de famille. Voici un guide pour défendre plutôt le mouvement.
Notre guide n’est pas exhaustif bien sûr. Vous pouvez nous rajouter vos idées dans les commentaires. De plus, les arguments ne permettent pas tout. Ainsi, les positions des uns et des autres sont souvent le reflet de leurs situations sociales… Bref, c’est surtout un prétexte pour aborder un tas de questions d’un coup, on ne s’en cache pas.
1) «Tout ça pour continuer à polluer… et l’écologie ? »
La pollution est un problème grave. Les premières victimes en sont d’ailleurs les prolos, tout ceux qui bouffent des particules fines tous les jours sur le périph’, qui habitent près des zones industrielles qui polluent. Nous vivons une période de bouleversement climatique catastrophique et nous savons bien qui en fera les frais. Sans parler des catastrophes comme AZF et de leurs conséquences sur les quartiers ouvriers.
- Nous sommes nombreux à être relégués en périphérie à cause de l’explosion des prix de l’immobilier. Nous sommes contraints de faire des trajets toujours plus long pour travailler, ou faire ses courses. Pour agir sur une situation, cela ne sert a rien de culpabiliser les personnes qui la subissent.
- Les sources de pollutions sont diverses, mais pour la plupart industrielles. Les gros constructeurs automobiles ont fraudé pendant des années sur leurs taux d’émission de particules fines. Les industries polluantes sont légions. On ne peut agir sur la pollution sans agir sur la source de celle-ci: la course au profit.
- L’écologie était une remise en cause générale de la société capitaliste. Elle voulait changer la vie, les villes, la façon de produire. Aujourd’hui, les « écolos » qui ne parlent que de taxes punitives ont dans la bouche un cadavre. C’est que les propriétaires du monde n’en ont rien à faire, de l’écologie, à part comme argument pour nous pressurer encore plus. Stopper la catastrophe c’est stopper le capitalisme.
2) « Les Gilets jaunes font le jeu de l’extrême droite »
La mobilisation du 17 novembre a été relayée aussi par des militants d’extrême droite, c’est indéniable, et il y en a encore quelques uns dans le mouvement. Mais cela n’est rien par rapport à la masse des participants. Cette mise en avant de « l’ultra-droite » pour tenter de dissuader de rejoindre la lutte est une arme du pouvoir.
- Pour combattre les fascistes, agissons dans le mouvement. Défendons y la solidarité sans frontières. L’extension de la lutte. Les fascistes galèrent à faire exister leur thématiques de divisions entre travailleurs français et immigrés, la pression à l’unité est forte dans ce mouvement, c’est une des ses dynamique. A nous de la renforcer: les gilets jaunes se battent pour tous les exploités. C’est seulement si le mouvement perd qu’il sera récupéré. Misons plutôt sur la victoire.
- Les Gilets jaunes sont des exploités en lutte, dans leur immense majorité. Ils et elles ont raison de se révolter. Et n’ont besoin de la permission de personne.
3) »Les Gilets jaunes réclament tout et n’importe quoi »
Partie d’une révolte contre la montée des prix du diesel, le mouvement s’est élargi à une critique de l’ensemble de nos conditions de vies. Des revendications, propositions de plateforme, il y en a en effet énormément.
- Chaque parti politique tente d’imposer son programme en douce, voici pourquoi se côtoient dans les plateformes des mesures proche du FN d’autres de la FI ou du PCF. Bien sûr, il est nécessaire de combattre les propositions de s’en prendre aux travailleurs immigrés, qui ne visent qu’à détourner la lutte. Mais ce qui importe c’est le mouvement lui même. Quelles étaient les revendications en 68? Et imaginez s’il y avait eu les réseaux sociaux à l’époque…
- Cela s’inscrit dans une logique de libération de la parole des exploités. Enfin, nous parlons de nos conditions de vies. On interpelle les éditorialistes de BFM sur leur salaires. On dit haut et fort qu’on en a marre d’avoir froid l’hiver car le chauffage est trop cher. Ça fait plaisir de ne plus baisser la tête. Et ce n’est que le début. Alors oui nous voulons tout, et c’est de moins en moins n’importe quoi…
4)« Si le mouvement continue c’est la porte ouverte au chaos »
Dés le 18 novembre, on a commencé à nous expliquer qu’il fallait remballer. Ce sont ceux qui profitent de l’ordre qui ont intérêt à son maintien. Pour les masses de galériens, l’ordre social c’est la misère et l’exploitation.
- Chaos? Pour qui? Sur les ronds points, les blocages, ce n’est pas le chaos. Il en faut de l’énergie et de l’organisation pour tenir des points de blocages. Sur ces blocages, on cause, on mange, on vit. On brise la solitude aussi, une solitude insupportable qui touchent des millions d’entre nous, les salariés aux rythmes de vies hachés par le travail, qui ne mangent même plus ensemble en famille, qui ne voient leurs gosses que le weekend… et les anciens qui vivotent dans leurs petits appartements et ne voient que le boulanger dans la journée… Là, on est ensemble et briser cet isolement, c’est précieux.
- L’ordre social c’est le chaos permanent, au service du fric. Qu’est ce qu’une société qui produit des millions de tonnes de vivres pour les jeter pendant que des gens ont faim? Qui fait construire des logements pour les laisser vides pendant que partout dans nos rues des pauvres gens dorment dans des tentes ou à même le sol? Et on pourrait continuer la liste longtemps… Le voilà, le chaos.
- Notre société court à la ruine en se vautrant dans le drame. Ce n’est pas des vains mots, mais une réalité dure à dire. Le mouvement en cours porte en lui la révolte de millions de personnes, qui envers et contre toute propagande, ont décidé de conjurer la catastrophe du quotidien, d’agir. Et c’est beau.
Bonus : vous êtes dans une famille, un groupe d’amis gilets jaunes ? Voici quelques arguments supplémentaires pour discuter de l’orientation du mouvement.
A) « Misons tout sur le RIC »
Beaucoup de GJ mettent en avant le RIC. C’est un reflet de la défiance légitime contre les politiciens. Mais ce qui fait que nous sommes en position de force pour les pousser à dégager, pour en finir avec les conditions d’existence pourries qu’on subit, c’est notre présence sur les rond points, sur le terrain de la lutte.
- RIC ou pas RIC, l’important c’est de continuer. Ce qui est le plus inquiétant avec cette mesure, c’est que sa satisfaction puisse être utilisée pour étouffer le mouvement. Sans le mouvement, on a rien, on est des individus isolés. Alors dans tout les cas il s’agit de continuer. Et puis, cette mesure n’est en rien un gage que nos conditions de vies s’améliore: ainsi, en Suisse, l’initiative pour augmenter le salaire minimum a été repoussée lors d’un référendum. Merci les lobbys patronaux! Pour aller plus loin, nous avons écrit deux articles sur la question, ici et là.
B) « Les casseurs discréditent le mouvement et ruinent les petits commerçants. »
Ce discours revient à chaque mobilisation sociale. C’est un vrai problème auquel il faut répondre, car il participe à diviser le mouvement, et fait le jeu du pouvoir.
- Diviser entre gentil manifestants et méchants casseurs ne sert qu’à maintenir l’ordre. C’en est même le point central. Car la répression fonctionne grâce à la peur qu’elle suscite. Les casseurs n’existent pas. Il n’y a que des manifestants qui se défendent, ou qui utilisent des moyens d’actions qu’ils jugent offensifs, et qui sont réprimés et font l’objet de campagnes de propagande des médias. Ne soyons pas dupes.
- Il est bien sûr possible de discuter la pertinence de telle ou telle action. Mais cela doit se faire dans le cadre du mouvement. Les personnes qui défendent la non-violence n’ont pas le monopole du mouvement. Ils n’ont aucun droit d’en exclure les autres, en relayant les discours de BFM. Ça revient à jouer ce jeu de la division que le pouvoir orchestre pour fragiliser le mouvement. Afficher un soutien des manifestants entre eux même dans des formes d’action qui peuvent faire débat entre nous rend inopérante cette stratégie politique et médiatique de division.
- Les petits commerçants souffrent en effet du mouvement. Mais quand on fait grève, on est aussi ruiné. On nous dit toujours que monter une entreprise c’est prendre des risques. Les voilà, ces risques. Et au fond, pour les petits commerçants, le risque est surtout de devenir salariés…Comme nous. Car c’est souvent pour échapper à la condition de salarié qu’on devient petit patron. Alors si on se bat pour les salariés, contre nos conditions de vies pourries, on se bat pour tout le monde.
- Appelons tous ensemble à l’amnistie et la libération des prisonniers. Ce mouvement doit prendre soin et soutenir les gilets jaunes qui font l’objet de la répression. Les amendes pleuvent, les peines de prison ferme ou avec sursis aussi. Ne les laissons pas tomber. Et en attendant de gagner leur libération, organisons des caisses de soutien.
« Concentrons nous sur des actions massives, stratégiques »
Le fait qu’il y ait une multiplicité de points de blocage est une grande force. En effet, si les blocages se concentraient sur quelques points, il seraient certes plus faciles à bloquer, mais surtout beaucoup plus faciles à débloquer: l’état, comme il l’a fait par exemple durant la mobilisation de la loi travail, n’a qu’à envoyer les CRS débloquer les axes stratégiques les uns après les autres.
- En bloquant partout, on bloque bien mieux, et surtout, à la hauteur de ce que nous pouvons faire en étant tous et toutes impliqués. De plus, les blocages doivent êtres des lieux de débats, d’échanges : de minis comités d’action à chaque ronds points.
- Réinvestissons massivement les ronds points! Pourquoi, par exemple, ne pas appeler à une journée des cabanes, ou nous irions reprendre d’un coup les points délogés par la police?
- Cela n’exclut pas les actions plus ponctuelles. Au contraire, les deux peuvent marcher ensemble.
- Et surtout, il nous faut la grève de masse, qui bloque la production et nous donne du temps et de l’énergie pour tout bloquer.
« Organisons une journée sans consommation/ sortons tout notre argent des banques »
Ça, on l’entend beaucoup. Cantona en avait parlé il y a quelques années. Nul doute que lui, qui a été très bien payé durant sa carrière, peut en retirer des sous. Mais ce n’est pas du tout le cas de la plupart des participants de ce mouvement contre la vie chère!
- Notre force n’est pas notre compte en banque: il est bien trop petit. La réalité, c’est que dés le 15 du mois, nous sommes bien nombreux et nombreuses à l’avoir vidé, à avoir retiré tout notre argent des banques, et même plus, on creuse le découvert.
- Nos dépenses sont contraintes. C’est d’ailleurs l’une des bases mêmes de cette mobilisation! Alors proposer de mieux choisir ce que l’on consomme parait bien illusoire.
Sur ce, rendez vous très bientôt dans la rue et sur les barrages. Et comme petit cadeau, le prochain article du site sera la version numérisée de Tintin fait la révolution, une BD anarchiste-communiste qui fait de tintin un prolo anglais pris dans un tourbillon révolutionnaire.
Ce n’est qu’un début!