[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Newsletter

Ailleurs sur le Web [RSS]

Lire plus...

Twitter

AFP: Agence Française de Propagande?

Lien publiée le 2 janvier 2019

Tweeter Facebook

Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://blogs.mediapart.fr/kubler/blog/291218/afp-agence-francaise-de-propagande

Alors que l’agence française se targue depuis un an de son « fact-checking » (sic) auquel sont dédiés 21 journalistes, sa couverture des procès des gilets jaunes est un modèle de partialité. Reprise en chœur par une écrasante majorité de médias moutonniers. Triste illustration avec le procès de quatre gilets jaunes le 26 décembre à Valence.

C’est un article que l’on a pu lire dans Le Point, Le Nouvel Obs, 20 mn, Le Parisien, Le Figaro, L’Express, Libération, Le Monde… sans compter les sites internet des radios et télévisions. Qu’il s’agisse d’un simple copier/coller de la longue dépêche AFP ou d’une version raccourcie, c’est le même article. Faussement objectif (le lien sur la dépêche AFP est en fin d'article). Les faits qui semblent indéniables : vers midi, le 8 décembre, en périphérie de Valence, des Gilets jaunes filtrent la circulation au rond-point des couleurs. Intervention de la police, dispersion. S’ensuit une échauffourée mettant aux prises des Gilets jaunes et des hommes en civil ; l’un d’eux est à terre, l’autre sort un revolver. Mêlée générale puis intervention de policiers en robocops; dispersion. Deux personnes sont arrêtées sur le champ et, l’après-midi, lors de la manifestation, deux autres Gilets jaunes sont interpellés et accusés d’avoir participé à la bagarre du matin. Les quatre ont été jugés le 26 décembre. La scène a été captée par une caméra de surveillance municipale.

À lire le compte-rendu de l’audience par l’AFP, nous saurons que la personne à terre était le commissaire divisionnaire Noël Fayet et qu’il a été « roué de coups au sol » : « En 28 ans de police, je n'ai jamais vu une telle avalanche ». Nous saurons qu’il a bénéficié d’une interruption temporaire de travail de trois jours. Nous ne saurons pas qu’il s’agit de simples contusions et abrasions. Nous ne saurons pas que l’une des quatre personnes interpellées, Stéphane Trouille, a dû subir un tir de flashball dans le dos et deux sutures, quatre et cinq points, à la suite de son interpellation. En revanche, nous apprendrons, avec l’AFP et tous ses relais bienveillants, que les prévenus voulaient « bouffer du flic », qu’il convient, pour le procureur, de rapprocher leurs gestes des « actes dégueulasses commis samedi à Paris quand des manifestants s'en sont pris à des policiers à moto ». Nous ne saurons pas qu’il pourrait exister des flics avides de bouffer du manifestant; nous ne saurons pas que 1500 Gilets jaunes ont été blessés depuis le début du mouvement, dont une cinquantaine grièvement.

Et si l’AFP crédite tout de même les quatre prévenus de leurs casiers judiciaires vierges, elle laisse soigneusement le lecteur sur les sentiments du procureur. Bouffeurs de flic, actes dégueulasses, nous ne saurons rien de ce que revendiquaient les quatre inculpés en manifestant. Nous ne saurons pas qu’ils pensaient intervenir sur une altercation, nous ne saurons absolument rien de ce qu’a déclaré Stéphane Trouille : « Alors que je quitte la zone commerciale avec une centaine de personnes, vers 13h15, je suis confronté à une scène d'agression dont sont victimes des Gilets jaunes. Je décide, comme d'autres, d'intervenir pour leur porter assistance, les protéger et porte trois coups de pied à un des agresseurs pour le repousser. Après ces trois coups, je me rends compte, à la vue d'un pistolet qu'un autre homme sort, qu'il s'agit de policiers en civil et je décide de quitter les lieux. Durant toute cette scène, qui dure environ 22 secondes, je n'ai à aucun moment entendu les policiers s'identifier et je n'ai à aucun moment vu leur brassard, pour le moins discret et difficilement décelable. Alors, OUI, j'ai bien exercé une violence sur un individu, pour protéger des Gilets jaunes, pour faire fuir des personnes que j'avais identifiées comme des agresseurs. NON, je n'ai pas, nous n'avons pas « cassé du flic », « bouffé du flic », « foutu en l'air du flic », comme les mass-médias le martèlent depuis le rendu du jugement, reprenant largement les termes dramatiques du procureur. »

Non plus, nous ne saurons pas -à lire l’AFP et tous ses recopieurs- que l’un des policiers en civil (le chauffeur du commissaire divisionnaire Noël Fayet) est revenu sur sa première déposition, à l’audience, après avoir visionné la vidéo ; désormais, il n’affirme plus avoir vu l’un des quatre inculpés porter un coup à son supérieur. Nous n’apprendrons rien non plus du témoignage d’un ancien gardien de la paix, sortant de la grande surface Boulanger, près du rond-point, et qui atteste de l’absence de signes distinctifs (brassard, etc.) des policiers en civil et de la violence de leur intervention. Nous ignorerons ce que dénonce l’un des avocats des inculpés, Me Galland : « C’est bien un procès politique, pas une audience de droit commun. Le contexte de cette affaire est national. M. le Procureur a reçu des instructions par une circulaire du 22 novembre du ministère, l’encourageant au maximum de comparutions immédiates et à la sévérité. ». La lecture de cette circulaire est pourtant édifiante et pourrait intéresser l’agence de presse.  

Envoyée aux procureurs et aux tribunaux, le 22 novembre 2018, par la ministre de la justice Nicolle Belloubet  et portant sur «les poursuites pénales et le traitement judiciaire des infractions commises en marge du mouvement de contestation dit « des gilets jaunes», cette circulaire instille des consignes claires : « (…) Comme vous le faites déjà, vous continuerez à faire preuve de réactivité dans la conduite de l’action publique envers les auteurs de ces infractions et à apporter une réponse pénale systématique et rapide. (…) ». Notons que la réponse pénale, non contente d’être rapide, doit être systématique et rappelons les trois premières définitions du Larousse pour ce dernier adjectif :

  • Qui est fait avec méthode, procède d'un ordre déterminé à l'avance : Un classement systématique.
  • Qui pense et agit selon un système, d'une manière absolue, sans jamais se démentir : Une opposition systématique.
  • Qui juge de façon péremptoire selon son propre système de valeurs.

La ministre de la justice utilise des mots qui ont un sens et l’on est en droit d’attendre qu’elle ne soit pas illettrée (telle une vulgaire salariée de Gad), mais connaisse le sens des mots qu’elle écrit. Ainsi, son « systématique », revient à demander à ce qu’il ne soit pas, lors des procès des Gilets jaunes, question d’équité et de justice mais d’ordre déterminé à l’avance, de manière absolue sans jamais se démentir, etc. cf Larousse. Il semblerait bien qu’à Valence, on juge effectivement de manière systématique -parole de dictionnaire- mais de cela, l’AFP ne nous dira rien.

PS : ce texte prolonge un précédent billet « Droits à manifester : exemple ordinaire d’une extraordinaire répression » écrit après les arrestations de Valence.

https://blogs.mediapart.fr/kubler/blog/131218/droits-manifester-exemple-ordinaire-d-une-extraordinaire-repression-1

Et la caisse de solidarité (frais de justice, etc.) c'est là :

https://www.leetchi.com/c/soutien-aux-inculpe-e-s-du-mouvement-social?fbclid=IwAR1UETFTPM-8kMXQHwUsXfjbhIWNECkEbCSzY2

La dépêche AFP :

https://actu.orange.fr/societe/fait-divers/gilets-jaunes-un-an-ferme-pour-l-agression-d-un-divisionnaire-a-valence-CNT000001bpKoZ.html