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Une vidéo du «New York Times» montre comment l’Europe laisse les migrants mourir en mer

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Lien publiée le 6 janvier 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.liberation.fr/planete/2019/01/04/une-video-du-new-york-times-montre-comment-l-europe-laisse-les-migrants-mourir-en-mer_1701022

Une action en justice, au nom de 17 survivants d'un drame en Méditerranée, a été intentée contre l'Italie auprès de la Cour européenne des droits de l'homme.

C’est une vidéo de seize minutes, extrêmement documentée, publiée par la section «Opinions» du New York Times le 26 décembre. On y voit un sauvetage d’une embarcation de 150 migrants en Méditerranée, en novembre 2017. Ce jour-là, vingt personnes se sont noyées. En cause, selon la vidéo produite par le quotidien américain avec le Forensic Oceanography (organisation qui tient le compte des morts de migrants en Méditerranée) et le Forensic Architecture (un groupe de recherche qui enquête sur les violations des droits de l’Homme) : les gardes-côtes libyens. Ceux-ci se rendent auprès d’un canot de migrants en difficulté qui s’est signalé auprès des autorités italiennes, dans les eaux internationales au large des côtes libyennes.

Selon les auteurs de la vidéo, les gardes-côtes n’ont pas vraiment pour objectif de sauver les migrants proches de la noyade et compliquent l’intervention d’ONG de sauvetage en mer, comme Sea-Watch, une organisation allemande, présente ce jour-là. La vidéo montre ainsi le bateau des gardes-côtes se rapprocher trop près du canot, si bien que des migrants meurent noyés entre les deux embarcations. Aucun canot de sauvetage n’est mis à l’eau. Puis les marins libyens jettent des projectiles contre les humanitaires venus sur les lieux, avant de maltraiter les rescapés montés à bord. Parmi ces derniers, certains choisissent même de repartir dans l’eau plutôt que de rester sur le bateau, tandis que les autres seront ramenés en Libye, où ils seront maintenus dans des camps de détention, dans des conditions généralement déplorables. Ce jour-là, Sea-Watch aura secouru 58 personnes, 47 seront reparties avec les gardes-côtes.

La vidéo du New York Times a été traduite par Courrier international :

Les auteurs de la tribune accompagnant la vidéo, issus de Forensic Oceanography et Forensic Architecture, décrivent le processus juridique ayant entraîné ce cas de figure où l’interception prend le pas sur le sauvetage. Selon une décision de la Cour européenne des droits de l’homme en 2012, les migrants secourus par des bateaux civils ou militaires européens en Méditerranée doivent être emmenés dans un port «sûr» : généralement un port européen (Italie ou Malte), et non libyen, un Etat défaillant où des violations des droits humains à l’encontre des migrants ont été largement documentées.

En février 2017, l’Italie et le gouvernement d’entente nationale libyen, soutenu par l’ONU, ont cependant signé un accord pour collaborer contre l’immigration clandestine, le trafic d’êtres humains et la contrebande, indique la tribune. En vertu de cet agrément, des gardes-côtes libyens ont été formés par l’Union européenne, tandis que le gouvernement italien a fait don ou réparé des bateaux de patrouille. Une zone de sauvetage a également été mise en place, zone que les gardes-côtes libyens cherchent depuis à protéger des bateaux humanitaires. Selon les auteurs de la tribune, «c’est une situation idéale» pour l’Italie et l’Europe, «qui peuvent empêcher les migrants d’arriver sur leurs côtes tout en se lavant les mains de leurs responsabilités dans leur sécurité».

Une action en justice contre l’Italie

Avec l’aide de cette vidéo, le Global Legal Action Network et l’Association pour une étude juridique de l’immigration, soutenus par des étudiants de l’école de droit de Yale, ont intenté, au nom de 17 survivants de ce drame, une action en justice contre l’Italie auprès de la Cour européenne des droits de l’homme. Les auteurs de la tribune annoncent espérer «que cette plainte incitera la Cour européenne à juger que les pays ne peuvent pas sous-traiter leurs obligations légales et humanitaires à des partenaires douteux, et qu’ils peuvent être tenus pour responsables des résultats de ces violations».